«En Suisse, le grand danger auquel nous devons nous attendre est que l’héroïne mélangée au fentanyl finisse sur le marché noir. Cela peut vite avoir des conséquences fatales. Les spécialistes sont très inquiets. Le directeur des centres de médecine des addictions de Zurich, Philip Bruggmann, ne comprend pas pourquoi la Confédération ne fait rien. Pour lui, ce dernier sous-estime le danger.
Le Parlement débattra du sujet ce mercredi. Interrogé sur les efforts entrepris pour éviter une crise similaire à celle des États-Unis, où une personne meurt toutes les sept minutes à cause du fentanyl, le gouvernement a déjà répondu que, dans notre pays, moins de personnes ont été dépendantes ces dernières années, rapporte le « Tages-Anzeiger ».
Pourtant, selon l’addictologue, le nombre de patients devenus dépendants des analgésiques prescrits par un médecin, après une opération par exemple, a augmenté. “Les opioïdes ont à la fois un effet euphorisant et calmant”, le problème est que “le corps s’y habitue rapidement et les gens ont besoin de doses de plus en plus élevées”. Récupérer une boîte ouverte à la pharmacie familiale ou l’obtenir sur le Darknet est rapide. “Certains ont sombré dans la consommation d’héroïne”, déplore Philip Bruggmann, qui insiste sur le fait qu’il faut accompagner ces personnes. Il appelle à la prudence et à la vigilance de ses pairs.
“Nous sommes également préoccupés par une tendance des jeunes à essayer les opioïdes, notamment parce que la musique leur donne une image positive”, explique le spécialiste. Selon lui, l’État devrait tester régulièrement l’héroïne de rue et se procurer de l’antidote naloxone, en grande quantité, afin que les services d’urgence et les hôpitaux puissent l’utiliser en cas d’overdose. «Zurich et Bâle sont actives, mais la plupart des villes sont livrées à elles-mêmes et en partie impuissantes», regrette Philip Bruggmann.