C’est dans les moments de crise qu’un leader révèle sa vraie nature. Il s’agit de la crise provoquée au Canada par la menace de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % dès son retour à la Maison Blanche en janvier.
Prenons Pierre Poilievre. Tandis que le premier ministre Justin Trudeau tente d’établir des contacts plus étroits avec Trump dans l’espoir qu’il abandonnera ou minimisera sa menace, Pierre Poilievre boude et s’isole.
Préférant ses attaques habituelles contre Trudeau, le chef conservateur refuse toute véritable solidarité transpartisane pendant que la crise passe.
Idem pour sa crise de boudin lors du dîner surprise Trump-Trudeau vendredi soir au domaine de Mar-a-Lago.
Bien qu’il ait permis au premier ministre de discuter longuement avec le président élu et son équipe, Pierre Poilievre n’y voyait rien de bon.
Ce mardi, à l’issue d’une réunion convoquée par Justin Trudeau avec les chefs de l’opposition, il s’est dit au moins « un peu rassuré », mais avant de retomber dans l’attaque en accusant Trudeau de « tuer des emplois ».
Ma grand-mère aurait sûrement dit que cet homme « n’a pas de classe ».
Une approche pitbull
Le refus obstiné de Pierre Poilievre de s’élever au-dessus de la mêlée en - de crise n’augure rien de bon pour un soi-disant premier ministre en devenir.
En revanche, l’approche proactive de M. Trudeau pourrait ne pas le ressusciter politiquement. Il montre néanmoins un Premier ministre capable de défendre les meilleurs intérêts du pays sans perdre son sang-froid.
C’est pourquoi l’approche pitbull de Pierre Poilievre se heurte au négatif. Jusqu’à l’absurdité.
En réponse aux informations selon lesquelles Donald Trump aurait exhorté Justin Trudeau à faire du Canada 51e État américain – évidemment une blague typique des mâles alpha – Pierre Paul-Hus, son lieutenant politique québécois, a lancé un message vraiment risible.
Sur le réseau X, il a écrit : « Est-ce le gain pour Justin Trudeau ? Ridiculer le Canada ? C’était donc clairement un dîner pour idiots. Il y a des silences qui se perdent…
MON Premier ministre
En fait, Pierre Poilievre est à des kilomètres de Jacques Parizeau au lendemain de l’échec de Meech – une crise qui a appelé les dirigeants politiques du Québec à faire front commun.
Le 22 juin 1990, à l’Assemblée nationale, devant le premier ministre libéral Robert Bourassa, durement touché par le rejet de Meech, M. Parizeau se lève.
Malgré son propre désaccord avec l’entente du lac Meech, le chef du Parti québécois et l’opposition officielle ont fait preuve d’une totale solidarité.
« Quelles que soient les querelles que nous avons pu avoir », a-t-il dit clairement, « je dis, Monsieur le Président (de l’Assemblée), à MON Premier Ministre : essayons de nous retrouver. Je te tends la main.
Tout le monde a coupé le souffle. M. Parizeau était aussi un premier ministre en devenir.
En plaçant les intérêts supérieurs du Québec bien avant ses intérêts partisans, il se montre digne du poste qu’il occupera quatre ans plus tard.
Dans la crise actuelle des tarifs douaniers, force est de constater que Pierre Poilievre n’est vraiment pas du même acabit.