L’énergie du futur possiblement dans le sous-sol québécois

L’énergie du futur possiblement dans le sous-sol québécois
L’énergie du futur possiblement dans le sous-sol québécois

Le gouvernement du Québec abandonne progressivement l’énergie produite à partir de combustibles fossiles au profit d’autres formes d’énergie renouvelable afin d’assurer sa transition énergétique.

Pourtant, malgré un secteur largement basé sur l’hydroélectricité, une étude de HEC Montréal révélait en 2021 que près des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont directement liées à l’énergie.

Jasmin Raymond, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique. (Tiré du site de l’INRS)

Il existe également des secteurs industriels qui seront difficiles à électrifier. Jasmin Raymond, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), évoque notamment l’industrie lourde, la pétrochimie et le transport longue distance puisque les technologies y sont peu adaptées.

L’hydrogène vert est actuellement utilisé dans les secteurs identifiés ci-dessus afin de réduire l’empreinte environnementale de ces activités industrielles. Cette source d’énergie est produite par électrolyse de l’eau, qui consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau pour en extraire l’hydrogène.

« L’hydrogène vert est un carburant très intéressant pour décarboner notre économie. Cependant, son exploitation risque d’être très coûteuse car la chaîne de production à consommation est complexe. »

— Jasmin Raymond, professeur titulaire à l’INRS

Une équipe de l’INRS, sous la direction de Jasmin Raymond et du professeur agrégé Stephan Séjourné, également président d’Enki GeoSolutions, a récemment publié une étude mettant en avant un autre type d’hydrogène potentiellement moins coûteux, et qui pourrait devenir un élément important de la transition énergétique, en plus de l’hydrogène vert et de l’électricité.

Le professeur Stephan Séjourné est également président d’Enki GeoSolutions. (Alain Roberge/Archives La Presse)

« L’hydrogène naturel ou blanc est produit géologiquement dans le sous-sol terrestre, donc sans intervention humaine. Si nous parvenons à en trouver des quantités suffisantes au Québec, nous aurions à notre disposition une source d’énergie sans carbone », mentionne M. Séjourné en entrevue à Le soleil.

L’étude, divisée en six rapports, dresse l’état des connaissances sur l’hydrogène naturel. Les chercheurs de l’INRS ont également réalisé un inventaire des roches pouvant produire naturellement de l’hydrogène au Québec. On les retrouve potentiellement en Montérégie, en Estrie, en Gaspésie, en Abitibi et au Lac-Saint-Jean.

« On a détecté des traces d’hydrogène naturel au Québec. Est-ce qu’il y en a suffisamment pour l’exploiter? C’est la grande question à laquelle il faut répondre », affirme Jasmin Raymond.

Il est très tôt pour prédire la quantité d’hydrogène que pourrait contenir le sous-sol québécois, affirment les deux professeurs. Des travaux d’exploration géologique doivent d’abord être lancés pour vérifier l’existence de réservoirs intéressants dans la province.

Aux quatre coins du monde, les efforts pour développer cette ressource en sont encore au stade de l’exploration, à l’exception d’un seul projet de production au Mali. « Si on retire 10 % de la ressource présente dans ce réservoir, c’est l’équivalent de l’énergie que l’on peut produire avec un électrolyseur de 20 mégawatts pendant 157 ans », estime M. Raymond avec optimisme.

De quelques années à une décennie

Toutefois, la production d’hydrogène naturel au Québec n’est pas pour demain car cette industrie n’est pas clé en main, comme le mentionne Stephan Séjourné.

« Il ne s’agit pas d’appliquer un savoir-faire qui est déjà bien maîtrisé ailleurs. Il va falloir découvrir comment bien faire les choses. Il va falloir adapter les techniques d’exploitation à la géologie, à la géographie et à la société du Québec », dit-il.

On parle alors de plusieurs années avant le début de la production d’hydrogène naturel si l’exploration s’avère concluante. Développer une filière pour cette source d’énergie pourrait prendre jusqu’à une décennie.

 
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