Le président retire le projet de loi budgétaire qui a déclenché des manifestations meurtrières

Le président retire le projet de loi budgétaire qui a déclenché des manifestations meurtrières
Le président retire le projet de loi budgétaire qui a déclenché des manifestations meurtrières

Kenya : le projet de budget retiré après des manifestations meurtrières

Publié aujourd’hui à 3h29 Mis à jour il y a 6 minutes

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Le président kenyan William Ruto a annoncé mercredi le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses d’impôts, à l’origine d’une puissante contestation dans le pays qui a dégénéré mardi en violences meurtrières.

Le chef de l’Etat a appelé à une consultation nationale de la jeunesse, dans un discours au lendemain d’une troisième journée de mobilisation en huit jours contre ce texte, qui a fait 22 morts selon l’organisme officiel de protection des droits de l’homme (KNHRC).

“Le peuple a parlé (…) Après avoir écouté attentivement le peuple du Kenya, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et ne signerai pas de loi, pas de loi de finances 2024”, qui sera donc retiré », a déclaré William Ruto.

Cette annonce a été saluée par les Etats-Unis, où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a salué des mesures visant à « réduire les tensions » dans un entretien avec William Ruto.

« Une opération de communication »

“Une opération de communication”, a cependant réagi sur X l’une des figures de la contestation au Kenya, Hanifa Adan. “Le projet de loi est retiré mais allez-vous redonner la vie à tous ceux qui sont morts ??”, a également écrit ce journaliste et militant, qui avait appelé plus tôt dans la journée à une marche blanche “pacifique” en mémoire des victimes jeudi. “N’oubliez pas. Ne pardonnez pas », a-t-elle ajouté.

Nelly, 26 ans, a déclaré à l’AFP qu’elle participerait à la marche jeudi. « Nous marcherons demain pour un avenir meilleur au Kenya », a-t-elle déclaré.

Le droit de manifester « doit être respecté » par les autorités kenyanes, a déclaré mercredi un porte-parole de la Maison Blanche. Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a de son côté appelé à ce que les responsabilités soient « clairement » établies après la mort de manifestants.

A Nairobi, l’annonce du vote du texte mardi par le Parlement, où le parti présidentiel Kenya Kwanza est majoritaire, a déclenché la colère des manifestants rassemblés à proximité.

Le Parlement pris d’assaut

La foule a pris d’assaut le complexe abritant l’Assemblée nationale et le Sénat, saccageant et incendiant certains bâtiments, dans une attaque sans précédent dans l’histoire du pays indépendant depuis 1963. Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles sur la foule.

Nairobi et plusieurs villes ont également été le théâtre de pillages. Des bâtiments ont été incendiés à Eldoret, dans la vallée du Rift, fief du président William Ruto.

Les scènes de chaos avaient alarmé mardi les États-Unis et plus d’une douzaine de pays européens, ainsi que l’ONU et l’Union africaine, qui se sont déclarées « profondément préoccupées » et ont appelé au calme.

La coalition d’opposition Azimio avait appelé mercredi le président à ne pas promulguer le texte, au lendemain d’une journée qui restera marquée par l’infamie”, reprenant dans un communiqué les propos du président Roosevelt après Pearl Harbor.

« Depuis que nous nous sommes débarrassés du projet de loi de finances 2024, il est nécessaire d’avoir une conversation en tant que nation pour aller de l’avant. (…) Comment pouvons-nous gérer ensemble notre situation d’endettement ? (…) Je proposerai un engagement avec les jeunes de notre nation, nos fils et nos filles», a annoncé William Ruto.

Marge de manœuvre

Pour le gouvernement, ces mesures fiscales étaient nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays, lourdement endetté (la dette publique représente environ 70% du PIB), et financer son ambitieux budget 2024-25 tablant sur 4.000 milliards de shillings (28 milliards de francs) en dépenses, un record.

Mais il a été surpris par l’ampleur prise par cette contestation baptisée « Occupy Parliament », née sur les réseaux sociaux après la présentation du budget au Parlement le 13 juin et qui a trouvé un écho puissant au sein de la « Génération Z » (jeunes nés après 1997).

Le gouvernement a annoncé le 18 juin, après une première manifestation à Nairobi, qu’il abandonnait la plupart des mesures fiscales prévues, dont une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules automobiles.

Les manifestants ont dénoncé un tour de passe-passe consistant à compenser le retrait de ces mesures par d’autres, notamment une augmentation de 50 % des taxes sur les carburants. Les mobilisations, qui ont pris un ton antigouvernemental avec des cris de « Ruto doit partir », se sont étendues à tout le pays.

Le projet de budget a catalysé un mécontentement latent contre le président Ruto, élu en août 2022 en promettant de défendre les plus modestes mais qui a ensuite accru la pression fiscale sur la population. L’année dernière, le gouvernement avait déjà augmenté l’impôt sur le revenu et les cotisations de santé et doublé la TVA sur l’essence.

Le gouvernement est désormais confronté au défi de trouver d’autres sources de revenus.

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AFP

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