immigration, TVA, ingérence… les multiples incohérences de Jordan Bardella – .

immigration, TVA, ingérence… les multiples incohérences de Jordan Bardella – .
immigration, TVA, ingérence… les multiples incohérences de Jordan Bardella – .

Il a voulu se présenter comme un homme prêt à exercer le pouvoir, mais Jordan Bardella a surtout affiché les failles importantes du programme du Rassemblement national (RN) et certaines de ses contradictions, lors du débat organisé mardi 25 juin, sur TF1.

Pendant près de deux heures, Jordan Bardella a été confronté au Premier ministre, Gabriel Attal, pour la coalition Ensemble, et Manuel Bompard, pour le Nouveau Front populaire, lors d’un débat technique, qui a toutefois permis d’aborder le fond des projets et leur viabilité. M. Bardella a souvent été jugé insuffisant par ses adversaires sur le caractère simpliste des mesures du RN.

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés Législatives 2024 : entre Gabriel Attal, Manuel Bompard et Jordan Bardella, un débat de comptables, loin des enjeux d’une grande élection

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Durcir la politique migratoire, « sereinement, par la loi » : contrevérités et difficultés juridiques

«Je permettrai à la France de reprendre le contrôle de sa politique d’immigration. Cela se fera dans le calme, selon la loi. »a promis Jordan Bardella, énumérant une série de mesures comme la suppression du droit du sol ou encore l’aide médicale de l’État, une couverture santé destinée aux étrangers sans papiers dont bénéficiaient près de 470 000 personnes fin 2023.

Interrogé sur le risque que sa promesse d’abolir le droit foncier soit inconstitutionnelle, le candidat du RN a assuré que « Les droits du sol ont été supprimés à Mayotte ». Pourtant, dans ce département français de l’océan Indien, les droits fonciers ont été restreints, mais pas supprimés pour autant. Un régime dérogatoire a en effet été instauré en 2018 par la loi Collomb ; le premier texte sur l’immigration adopté sous la présidence d’Emmanuel Macron. Un enfant né dans l’archipel doit prouver qu’un de ses parents était en situation légale depuis au moins trois mois avant sa naissance pour espérer devenir français à sa majorité ou par déclaration anticipée dès l’âge de 13 ans. Le Conseil constitutionnel a jamais eu à se prononcer sur une suppression totale du droit foncier.

Lire le décryptage | Comprendre la polémique autour du projet de suppression de la citoyenneté de naissance à Mayotte

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Le RN entend supprimer les droits fonciers, prévus dans son programme, à travers des projets de loi “sur les mesures d’urgence en matière d’immigration”, suivi d’un référendum pour réviser la Constitution. Toutefois, de récentes décisions du Conseil constitutionnel mettent en doute la faisabilité de certaines de ces dispositions. En avril, il a rejeté un projet de loi référendaire sur l’immigration porté par les députés Les Républicains (LR), qui visait à faire adopter, par le vote des Français, certaines mesures déjà censurées dans le projet de loi sur l’immigration. , comme conditionner l’accès aux prestations sociales pour les étrangers à cinq ans de présence sur le territoire, ou la réforme de l’aide médicale de l’État.

La préférence nationale instaurée avec le critère de cinq ans de présence sur le territoire a été jugée contraire au préambule de la Constitution, qui garantit une politique de solidarité nationale envers les plus défavorisés, par le Conseil constitutionnel.

La baisse de la TVA sur les carburants, une option très restreinte en Europe

La réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est une mesure phare du programme de Jordan Bardella, qu’il a rappelé au début du débat, en citant les prix de l’électricité, du gaz et des carburants.

La directive européenne TVA de 2006 prévoit que le gaz naturel, le gaz urbain et l’électricité peuvent bénéficier d’une réduction de TVA. En revanche, comme le souligne l’Agence France-Presse, le droit européen ne permet pas de baisser la TVA sur les carburants en dessous de 15 %.

Pour être mise en œuvre, cette promesse nécessiterait une révision unanime de la directive TVA, difficile à obtenir de la part du Parlement européen, axée sur la promotion des énergies décarbonées. M. Bardella prétend cependant que c’est la Pologne qui l’a fait, ce qui n’est que partiellement vrai. La Pologne a obtenu une dérogation temporaire dans le cadre d’un plan anti-inflationniste, pour réduire la TVA sur le diesel et les carburants de 23 % à 8 % en 2022. Mais la mesure n’a été efficace que cinq mois, et n’est plus en vigueur depuis le 31 juillet. 2022, le président du Rassemblement national a omis de le préciser.

Des mesures coûteuses incompatibles avec la « paix budgétaire »

M. Bardella s’est engagé à ne pas augmenter les impôts et à être le « Premier ministre de la paix fiscale ». Entre baisse de TVA et réforme des retraites, les mesures du RN alourdiraient les comptes publics, lui rappelaient ses adversaires.

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« La TVA sur les produits énergétiques rapporte chaque année 23 milliards d’euros. M. Bardella propose de le faire passer de 20 % à 5,5 %. Cela veut dire qu’on divise la TVA par quatre, ça fait 6 milliards d’euros de gain”, a déploré le Premier ministre, Gabriel Attal. Son calcul correspond à une estimation du ministère des Finances qui évoque un manque à gagner de 16,8 milliards d’euros si une telle baisse de TVA était décidée. De son côté, l’Institut Montaigne, groupe de réflexion libéral spécialisé dans le chiffrage des programmes, estime le coût de cette mesure à 11,3 milliards d’euros.

Toujours selon cette organisation, parmi les mesures proposées par les trois principales alliances, la plus coûteuse serait la désindexation des retraites à l’inflation promise par le Rassemblement national, qu’elle estime à 27,4 milliards d’euros.

Le RN n’est pas le seul parti accusé de porter un programme coûteux. Le gel des prix des produits de première nécessité (24 milliards d’euros) et l’augmentation du salaire minimum à 1.600 euros (19 milliards d’euros), promises par le Nouveau Front populaire, entraîneraient également une augmentation significative des besoins en recettes fiscales. . Cependant, contrairement au RN, la coalition de gauche envisage en contrepartie de modifier les tranches d’imposition sur le revenu pour taxer davantage les ménages et les entreprises les plus riches, afin de financer ses mesures.

La fragile théorie des comptes « composé »

Alors que le programme du Rassemblement national ne détaille pas de cadre précis pour le financement de ses mesures, comme le lui ont critiqué ses deux interlocuteurs, Jordan Bardella accuse le gouvernement d’avoir “composé” comptes publics, et a promis un audit des finances publiques, semblant espérer y trouver de l’argent caché ou facilement récupérable. « Ligne par ligne, nous sommes convaincus que nous découvrirons les gisements qui nous permettront de mettre fin à la déraison budgétaire »a-t-il assuré lors de la présentation de son programme.

Le président du RN n’est pas le premier à proposer ce type d’audit. Lionel Jospin l’avait déjà tenté en 1997, d’autres ont suivi, notamment en 2002 et 2012. Mais ils concernaient l’évaluation du réalisme des prévisions économiques. Ces contrôles ont à chaque fois permis de constater que la situation financière était moins rassurante que prévu, et ont été suivis de mesures d’ajustement fiscal, souvent d’augmentations d’impôts.

Que serait-ce en 2024 ? Les comptes de l’Etat sont déjà contrôlés par la Cour des comptes qui, en mars, avait critiqué les prévisions. “optimiste” du gouvernement sur la croissance, l’inflation et les recettes fiscales, et a jugé la situation “concernant”. Si le RN lançait un audit des finances publiques, il est probable que cela se traduirait, non pas par un financement miraculeux de ses promesses de campagne, mais au contraire, par davantage d’austérité.

Les peines minimales, une mesure déjà testée, jugée inefficace

Candidat de « Big Bang de l’autorité »le président du RN a plaidé pour un serrage de la vis sur les jeunes délinquants : “Il y a des peines maximales, il faut qu’il y ait des peines minimales dans le droit français. »

Les peines minimales avaient déjà été instaurées en France en 2007 sous la présidence de Nicolas Sarkozy pour lutter contre la récidive des adultes et des mineurs, avant d’être abolies en 2014 sous François Hollande, en raison de leur efficacité limitée et de leurs effets négatifs. bord.

Une étude du Public Policy Institute 2024 constate que cette mesure très critiquée n’a pas “n’a eu aucun effet dissuasif à court terme”. Les récidives ont diminué de 10 %, mais uniquement pour les mêmes infractions ; le système n’a pas empêché les personnes sanctionnées de commettre d’autres crimes. D’un autre côté, cela a contribué à accroître la surpopulation carcérale.

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Dans la pratique, les juges ont le plus souvent dévié du système, comme ils y sont autorisés, rappelle LibérerC’est l’une des raisons de sa suppression.

Hostile aux ingérences, mais visé par une enquête

« Pouvez-vous dire aux Français qui nous regardent qui est M.moi Tamara Volokhova, oui ou non ? Pouvez-vous répondre à cette question, qui est Tamara Volokhova ? » Pendant plusieurs minutes, Gabriel Attal a grillé Jordan Bardella sur une personnalité du RN peu connue du grand public, mais qui y exerce une fonction importante, surtout pour un parti qui affirme vouloir lutter contre les ingérences étrangères, et veut exclure les binationaux des postes stratégiques.

Tamara Volokhova est une ancienne top model franco-russe, devenue conseillère politique des députés européens RN. Elle a organisé ou participé à plusieurs voyages d’élus du parti en Russie ou en Crimée annexée, a rappelé Le monde en 2022. Elle est depuis devenue attachée de presse puis conseillère technique du groupe RN au sein de la commission des Affaires étrangères et fait partie des quatre membres du parti de Marine Le Pen auxquels la direction générale de la sécurité intérieure s’est intéressée dans le cadre de son mandat. liens avec la Russie, a rapporté Mediaparten 2023.

William Audureau, Iris Derœux et Julia Pascual

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