Florian, David et Caroline, les trois enfants du couple Pelicot, prendront la parole lundi au retentissant procès d’une décennie de viols organisé contre Gisèle Pelicot, une femme droguée par son mari en France.
Avant leur audience, prévue en début d’après-midi, le tribunal correctionnel du Vaucluse (sud) a entamé lundi matin sa onzième semaine d’audience avec l’interrogatoire des quatre derniers des 51 accusés âgés de 26 à 74 ans, poursuivis pour la plupart pour avoir violé Gisèle Pelicot, 71 ans, préalablement mise sous sédation aux anxiolytiques par son aujourd’hui ex-mari, qui l’a également violée.
« Ça va être compliqué mais on reste combatif avec mon frère. J’en profite avec ce micro pour remercier tous ceux qui nous soutiennent dans ce procès et leur dire que ce soutien est vraiment indispensable”, a déclaré lundi David Pelicot, le fils aîné, à la presse lors de l’interruption de séance à 12h00. 13h00 (11h00 GMT).
Si Florian et son ex-femme Aurore étaient présents dès le début de la journée, à 9h00 (08h00 GMT), Caroline, David et son épouse Céline sont arrivés en milieu de matinée. Gisèle Pelicot était attendue en début d’après-midi.
Contrairement à Florian et David, Caroline avait été entendue dès la première semaine du procès, comme ses deux belles-sœurs. Des images des trois femmes nues, prises à leur insu, avaient été publiées par Dominique Pelicot sur les réseaux sociaux, ainsi que des photomontages à caractère pornographique.
Caroline pense qu’elle a également été droguée par son père, avec le doute tenace qu’elle aussi ait été violée dans son sommeil.
Mais Dominique Pelicot, celui qu’elle appelle désormais son « géniteur », a toujours nié ces faits : « Ce sera un de mes objectifs, le faire parler là-dessus et dire la vérité », a confié à l’AFP son avocate Béatrice Zavarro.
Lundi matin, Joseph C., retraité de 69 ans, a été le premier à s’exprimer à la barre, sur sa visite, dans la nuit du 9 au 10 juin 2020, au domicile Pélicot à Mazan (sud). Il est jugé pour « agression sexuelle » pour attouchements à Gisèle Pelicot, et non pour viol, pour n’avoir pas pu la pénétrer en l’absence d’érection.
« Manque de discernement »
C’était « un peu trouble et c’était difficile d’avoir une érection. J’ai juste fait une caresse ‘libertine’ et je suis partie”, explique cette unique adepte du swing.
Cette nuit-là, il était présent en même temps qu’un autre accusé, Romain V., venu six fois entre 2019 et 2020 agresser sexuellement Gisèle Pelicot, sous sédation et totalement inerte, comme l’atteste encore une nouvelle vidéo. projeté au public.
Après lui, Nicolas F., journaliste indépendant de 43 ans, a reconnu, d’une voix fluide et claire, avoir « manqué de discernement et de force de caractère » lors de cette nuit du 14 au 15 janvier 2018. Jeudi, l’expert -le psychologue Laurent Chaïb l’avait défini comme une “personnalité obsessionnelle-compulsive”, ces personnes qui “ont tendance à réfléchir après coup” et qui “fonctionnent en mode automatique” sous pression.
Expliquant qu’il s’était rendu à Mazan « pour une relation avec M. Pelicot », sur qui il allait pratiquer une fellation, il s’en est néanmoins pris à Gisèle Pelicot avec plusieurs attouchements mais aussi pénétration digitale et anulingus.
Egalement jugé pour détention d’images pédopornographiques, Nicolas F. aurait également proposé de « soulager » son labrador à une jeune fille, selon un mail de 2010. « Ce n’est pas moi. (…) Je ne suis pas attiré par la zoophilie ou la scatophilie”, a-t-il assuré.
Après les auditions des enfants Pelicot, lundi en fin d’après-midi voire mardi, le tribunal devrait examiner les dossiers des deux derniers accusés, Philippe L., jardinier de 62 ans, et Boris M., employé dans une entreprise de transport. . 37 ans.
Ensuite, le président Arata devrait donner une dernière fois la parole à Dominique et Gisèle Pelicot.
Probablement à partir de mercredi, il y aura ensuite les plaidoiries des avocats des parties civiles, puis des deux représentants du ministère public, pour une mise en examen initialement prévue sur deux jours.
La parole sera enfin donnée aux avocats des 51 accusés, pour trois semaines.
Il restera ensuite une semaine aux cinq magistrats professionnels du tribunal pour délibérer, le verdict étant attendu au plus tard le 20 décembre.
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