À la barre
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Pendant six heures, Audrey F., en poste au collège du Bois-d’Aulne en 2020, a détaillé ses tentatives pour endiguer la polémique qui a conduit à la décapitation du professeur d’histoire-géographie.
Elle est le maillon central d’une spirale qu’elle a tenté d’arrêter, mais qui a fini par lui échapper. Aux commandes, Audrey F. utilise une formule qui trahit une implacable fatalité : « Ça va nous mettre dans… » La première fois, elle l’a utilisé lorsqu’elle a découvert une vidéo publiée sur les réseaux sociaux par Brahim Chnina, le père de famille qui pointait du doigt Samuel Paty en guise de représailles, le traitant notamment de “voyou”. L’ancien proviseur du collège du Bois-d’Aulne est alors en week-end en province, samedi 10 octobre 2020, perturbé par un sentiment diffus « et inconfortable ». Six jours plus tard, le professeur d’histoire-géographie de 47 ans était décapité après les cours par un terroriste de 18 ans, Abdoullakh Anzorov. La cloche des vacances scolaires venait de sonner. Elle dit : “Je ne savais pas comment le protéger.”
Ce mardi, Audrey F. a livré un témoignage d’une rare droiture devant la cour d’assises spécialement composée de Paris. Pendant près de six heures, celle qui se manifeste en veste et costume sombre a détaillé ses tentatives pour rétablir la paix publique au sein d’un établissement balayé par le mensonge de Z., un élève de quatrième, et le mauvais vent soufflé par deux protagonistes :