Les Dévadates | Le (génial et faux) projet rétrofuturiste d’Eric et Luc

En février dernier, Éric Goulet et Luc De Larochellière se sont bien amusés en lançant un court documentaire racontant la fin prématurée des Dévadés, un groupe qu’ils avaient formé en 1985 et qui, témoignages à l’appui, avait marqué les esprits à le temps. ère. Petit problème : ce groupe n’a jamais existé… mais a quand même donné un spectacle il y a quelques jours, auquel nous avons assisté, et s’apprête à faire son retour à Montréal.

Les Dévadés, qui seront au Cabaret Lion d’Or dans le cadre de Coup de cœur francophone le 15 novembre, est l’histoire d’un groupe qui aurait pu voir le jour au milieu des années 1980, car la prémisse du projet est vrai. « J’avais fait Cégeps en spectacle et Éric avait entendu parler de moi », se souvient celui qui allait lancer L’Amérique amère deux ans plus tard. « Il voulait monter un groupe et il est donc venu me recruter lors d’un spectacle que j’ai fait au Bistro à Lili, rue Saint-Hubert, à Montréal. Nous nous sommes donc rencontrés chez lui, au sous-sol. On a jammé un après-midi, on avait 20 ans. »

Les deux musiciens, à qui nous avons parlé à la veille de leur spectacle de rodage présenté à la Petite église de Saint-Eustache, se sont ensuite perdus de vue jusqu’en 2006, quand Luc a invité Éric et son groupe Les Chiens à participer à son album de duos Voix croisées. Cette première collaboration a été suivie, dix ans plus tard, du projet 7 jours en mai, initiative d’Éric regroupant une demi-douzaine d’auteurs-compositeurs-interprètes qui ont relevé le défi de créer un album ensemble en seulement une semaine. « Après 7 jours, on s’est dit que ce serait vraiment bien de faire de quoi ensemble, affirme Luc De Larochellière. On ne savait pas quoi, mais à un moment donné, je me suis dit que j’aimerais vraiment refaire du rock, parce que c’est sûr que mes derniers albums étaient beaucoup plus marqués par le folk et la chanson française. »

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Les Dévadés ont lancé leur tournée à la Petite église de Saint-Eustache, le 24 octobre dernier.

Éric Goulet a donc fouillé dans son matériel pour proposer quelques pistes de chansons à son collègue, tirées notamment d’expériences et de bidouillages avec de vieux synthétiseurs et arpégiateurs.

Comme Éric [Goulet] travaille à la maison, c’était des boîtes à rythmes qui étaient sur ses démos. Il n’y avait pas beaucoup de guitares non plus, donc je l’écoute et je me dis que ce n’est pas du rock, c’est de la new wave. C’est à ce moment-là qu’Eric m’a dit : “Eh bien, pourquoi pas ?”

Luc De Larochellière

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Luc De Larochellière

Quand Luc revint de sa tournée Rhapsodie de LavalEric avait déjà composé quatre chansons. Il s’est donc mis en mode rattrapage, si bien que l’album a été bouclé avant Noël 2022.

Le vrai du faux

L’idée de créer un faux groupe dont le producteur britannique, en proie à une psychose, aurait égaré les bandes maîtresses est donc arrivée après le début du processus créatif. «Quand on a été confronté à la première fournée de morceaux, ça aurait pu se passer complètement différemment si on avait remplacé la beat box par de vraies batteries et si on avait mis du piano à la place des synthés», illustre Éric Goulet. Mais on s’est dit qu’on aimait ça, et c’est là que l’idée est venue de dire qu’en gros, c’était le groupe qu’on était censé faire dans les années 80 ! »

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Éric Goulet

J’ai saupoudré de clins d’œil, de références, de sons ou d’effets que j’associe aux années 1980, mais nous ne l’avons pas fait. Pied-de-poule 2 ! Ce sont des chansons que nous avions, mais que nous avons ramenées dans l’univers que nous créions.

Éric Goulet

C’est ainsi que la chanson Les années 2000 fut le seul composé une fois le concept des Dévadés imaginé. « Ce sont des jeunes des années 1980 qui parlent des années 2000 », précise Luc De Larochellière en parlant de la pièce au cynisme caustique. D’ailleurs, la dernière fois que j’ai écrit une chanson prenant un angle aussi parodique, c’était quand j’ai fait Sauve mon âme. Mais pour le reste, ils parlent d’affaires réelles d’aujourd’hui, mais qui auraient presque pu être racontées dans le temps, car ce sont des époques qui se parlent un peu, avec angoisse, morosité… On avait peur de l’hécatombe nucléaire à l’époque, c’était la guerre froide, et il semble que des phénomènes similaires reviennent dans le paysage aujourd’hui. Pour les jeunes, c’est une première, pour nous, c’est comme un mauvais souvenir qui réapparaît. »

En spectacle

Pour autant, Les Dévadés ne s’adonnent pas au goth-rock sombre aux saveurs Bauhaus ou Joy Division. “Bien sûr, il y a des paroles très cyniques, mais en même temps, dans mon cas, il y a toujours cette envie de résilience, d’espoir”, poursuit le chanteur. Dire que ce n’est pas la première fois qu’on vit une période de merde, c’est qu’il y aura d’autres bons moments après ! »

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Luc De Larochellière

C’est pourquoi l’humour est très présent, tant dans le spectacle que dans le travail des artistes recrutés pour illustrer l’album et le superbe fanzine qui l’accompagne – on souligne, entre autres, la collaboration de Julie Doucet, caricaturiste québécoise de renom qui a remporté le prix grand prix au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2022.

Sur scène, on a recyclé quelques extraits du délicieux documentaire réalisé par Alexandre Chartrand, pour qu’entre les chansons on voit des extraits de Mitsou, Geneviève Borne, Michel Rivard, Pierre Flynn et Mara Tremblay, qui se souviennent à quel point le groupe les avait faussement marqués. .

Quand nous sommes sur scène, nous sommes Les Dévadés qui reviennent sur scène, mais nous n’avons pas mis trop de dramatisation.

Luc De Larochellière

« Ce sont les intervenants qui apparaissent à l’écran qui mettent l’ambiance, parce qu’ils sont dedans, donc c’est sûr qu’on ne peut pas complètement se déconnecter, indique Luc De Larochellière, parce qu’ils sont en train de témoigner. la « vérité » ! »

Maintenant que nous avons déjoué la supercherie, faut-il en conclure que c’est déjà la fin pour Les Dévadés ? Éric Goulet, qui dit déjà avoir assez de matière pour faire un deuxième disque, sourit lorsqu’on lui pose la question : « Au début, ils voulaient mettre « End » à la conclusion du fanzine, nous dit-il en nous montrant le l’autre côté de l’histoire. brochure. Mais j’ai plutôt demandé de mettre « A suivre… » Une chose est sûre, nous n’avons pas fini de collaborer, Luc et moi. Que ce soit sous cette forme ou sous une autre, il y aura autre chose. »

Les Dévadés, performing at the Cabaret Lion d’Or, November 15, 8 p.m., as part of Coup de cœur francophone

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