Piqué par une seringue sale en essayant de récupérer ses clés

Luc Bruneau est « enragé ». Il a du mal à dormir depuis mardi dernier, rempli d’anxiété après s’être coincé une seringue sale dans la main par une terrible malchance.

Un matin comme les autres, vers 6 heures du matin, M. Bruneau s’est rendu à l’immeuble qu’il possède sur la rue du Havre, près du métro Frontenac à Montréal. Devant la porte de son garage, il a vu deux individus s’injecter de la drogue dont il ignore toujours la nature.

Les deux consommateurs ont quitté les lieux lorsque M. Bruneau s’est présenté à la porte de son garage pour l’ouvrir. Par une malheureuse erreur, il aurait laissé tomber ses clés dans un tas de feuilles mortes.

« Par réflexe, je me suis penché pour les ramasser », explique l’homme de 57 ans à La presse. J’ai ressenti une douleur importante : je venais de mettre la seringue dans ma main. J’y ai encore vu une substance et du sang. Celui des deux gars qui venaient de partir. »

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PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La cicatrice laissée par la seringue sur la main de Luc Bruneau.

Blessé, Luc Bruneau se serait figé. Jusqu’à ce que l’un des deux consommateurs revienne sur les lieux.

« Il m’a dit « ah ! tu as trouvé ce que je cherchais. Je n’ai pas d’autre seringue, alors je vais la reprendre”, puis il a tiré sur la seringue et l’a prise de ma main”, dit-il, toujours incrédule.

M. Bruneau s’est rendu directement à l’hôpital. Depuis, il suit des traitements de trithérapie contre le VIH et l’hépatite. Il devra attendre trois mois avant d’obtenir un diagnostic définitif.

« Le personnel de santé m’a dit qu’il arrive régulièrement que des personnes se présentent aux urgences après avoir été en contact avec une seringue contaminée. On m’a également dit qu’il y avait de réelles chances que je sois séropositif. Or, je n’avais rien demandé de tout cela», déplore M. Bruneau.

Si Luc Bruneau prend la peine de s’adresser aux médias, c’est pour critiquer l’inaction de la Ville de Montréal face à « l’accumulation de seringues sales » dans les lieux publics de la métropole.

Mon objectif est de secouer l’arbre, afin que quelqu’un se réveille et réalise qu’il est temps de ramasser les aiguilles, avant que nos enfants et nos citoyens ne soient touchés comme moi.

Luc Bruneau, citoyen blessé par une seringue sale à Montréal

Il constate notamment la forte présence des consommateurs dans le parc Médéric-Martin, situé à deux pas de l’immeuble qu’il possède. Luc Bruneau et des résidents du secteur ont déjà adressé des plaintes à la police concernant leur présence, sans que la situation ne change.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a été mise au courant de l’incident impliquant Luc Bruneau. ” Je comprends [sa colère]a-t-elle commenté lors d’un point de presse vendredi dernier. Les seringues retrouvées, les incivilités et la délinquance, c’est un grand non pour nous. »

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PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE ARCHIVES

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Nous travaillons fort avec le SPVM et l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS), nous avons même embauché des gardiens pour surveiller les parcs et s’attaquer au problème des seringues, mais ce n’est pas simple. Je n’ai pas de baguette magique pour résoudre ce problème.

Valérie Plante, mayor of Montreal

Mmoi Plante réclame un investissement supplémentaire de 100 millions de dollars au Québec pour lutter contre l’itinérance. Cette somme serait partagée entre toutes les villes du Québec. “Il y a des organisations qui collectent des seringues et nous disent qu’elles sauraient quoi faire s’ils avaient plus d’argent”, assure-t-elle.

Son administration en fait trop peu pour limiter les seringues sales trouvées dans les lieux publics, dénonce M. Bruneau.

Il y a trop de tolérance envers les personnes qui s’injectent des drogues. Nous devons mener une répression extrême contre les consommateurs, pas distribuer des ressources, ni ouvrir des centres d’injection. Ces solutions ne fonctionneront jamais.

Luc Bruneau, citoyen blessé par une seringue sale à Montréal

Luc Bruneau aimerait poursuivre la Ville, qu’il considère responsable de son accident, mais craint que la démarche soit trop coûteuse.

« Si j’en avais les moyens, je le ferais », assure-t-il. J’ai l’impression d’être David contre Goliath. Je n’ai pas ce qu’il faut pour me battre. »

Ces derniers jours, l’arrivée d’un refuge pour sans-abri dans le quartier Villeray suscite l’inquiétude dans le quartier. Certains résidents ont trouvé des seringues sales sur le pas de leur porte, au lendemain de l’ouverture de L’Abri de Villeray, situé sur le boulevard Saint-Laurent, près du parc Jarry.

 
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