C’est l’histoire du premier selfie

Le selfie est devenu un phénomène universel, mais connaissez-vous son origine ? Explications.

09.11.2024, 07:2509.11.2024, 08:47

Qui n’a jamais pris de selfie ? Presque personne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : chaque jour, il y a 92 millions de selfies.

Prendre un selfie et le partager sur les réseaux sociaux est devenu un engouement depuis l’arrivée des smartphones dans nos vies. Le terme « selfie » est apparu pour la première fois en 2002 sur un forum australien. Onze ans plus tard, il est élu « mot de l’année » par Dictionnaires Oxford.

Paris Hilton, reine du selfie

Rien que pour cela, Paris Hilton doit admettre qu’elle avait tort. Elle affirme avoir inventé le selfie en 2006 avec Britney Spears.

Un peu d’histoire

Le premier selfie est en réalité bien plus ancien. Robert Cornelius, un Américain, l’a réalisé en 1839. À l’époque, il avait 30 ans et il a pris un selfie dans l’arrière-cour du magasin de lampes de sa famille à Philadelphie. Sur la photo, on voit un homme aux cheveux ébouriffés, fixant l’appareil photo, l’air un peu sceptique. À l’époque, il était difficile de sourire pendant le temps de pose, qui pouvait durer plusieurs minutes, car il fallait rester parfaitement immobile.

Le premier selfie, pris en 1839 par Robert Cornelius.Image : Libre de droits

Cornelius a probablement pris cette photo en octobre. C’est étonnamment précoce, si l’on considère que la photographie n’a été réellement inventée qu’à la fin de l’été 1839. La première photographie résistante à la lumière date de 1826 – grâce à l’inventeur français Joseph Nicéphore Niépce. Son procédé, appelé « héliographie », utilisait l’asphalte comme substance photosensible et nécessitait un temps d’exposition de plusieurs heures. Cependant, il n’a pas réussi à développer la méthode de son vivant.

La première photographie survivante, prise par Niépce en 1826.Image : libre de droits

Le daguerréotype quesaco ?

Ce n’est qu’avec le daguerréotype, développé par Louis Jacques Mandé Daguerre, que le temps de pose fut considérablement réduit, permettant d’obtenir des images plus contrastées. Cette technique reposait sur l’utilisation de plaques de cuivre argentées, rendues sensibles à la lumière grâce aux vapeurs d’iode. La présentation de cette nouvelle technique est arrivée aux Etats-Unis fin août, début septembre. Publication anglaise de Daguerre Un récit historique et un récit descriptif des différents processus du daguerréotype et du diorama a suscité un énorme intérêt et a incité de nombreux Américains à s’intéresser aux processus photochimiques.

Daguerréotype : vue de l’appartement de Daguerre, prise en 1839.Image : libre de droits

Parmi eux se trouvait Cornelius, le fils d’un immigré néerlandais, qui travaillait dans le magasin de son père et qui s’intéressait particulièrement aux procédés chimiques, tels que l’argenture et le polissage des métaux. Fort de ces connaissances, il fut contacté par l’inventeur Joseph Saxton, également basé à Philadelphie, qui lui demanda de réaliser une plaque d’argent pour un daguerréotype. Fin septembre 1839, Saxton prit l’une des premières photographies de l’Amérique du Nord.: une vue du Central High School de Philadelphie.

Joseph Saxton. Arsenal et Cupola, Philadelphia Central High School, 25 septembre ou 16 octobre 1839 (première photo prise aux États-Unis)

La photo du Central High School de Philadelphie est probablement la première prise aux États-Unis.Image : domaine public

Maître Saxton

Saxton inspira à son tour Cornelius, qui commença alors à étudier le daguerréotype. Le selfie dans la cour est l’un des résultats de son travail. Confiant, mais pas tout à fait exact, Cornelius a noté au dos de sa photo :

« La première photo jamais prise. 1839 »

Ce n’est pas juste, comme nous venons de le voir. Mais il devrait tout de même être le premier portrait de l’histoire, qui a permis à son créateur d’entrer dans le Livre Guinness des Records.

Robert Cornelius lors d'une expérience chimique, 1843. Une tige de verre soutient son bras droit, qu'il n'aurait autrement pas pu maintenir stable pendant toute la durée d'exposition.

Robert Cornelius lors d’une expérience chimique en 1843. Une tige de verre soutient son bras droit, qu’il n’aurait autrement pas pu maintenir immobile pendant toute la durée de l’exposition.Image : libre de droits

Un vrai selfie

Ce qui différencie l’autoportrait de Cornelius des selfies d’aujourd’hui, c’est queil ne tenait pas l’appareil photo dans ses mains. De toute façon, cela n’aurait pas été possible en raison du temps de pose très long et de l’encombrement de l’appareil.

Autoportrait du photographe anglais Joseph Byron, 1909.

Autoportrait de Byron : cette fois, le photographe a l’appareil photo dans les mains – avec l’objectif pointé vers lui.Image : domaine public

Tu devras attendre 1909 pour voir le premier vrai selfie selon ce critère. Le photographe anglais Joseph Byron s’est mis devant l’objectif, un peu comme le font des millions de personnes avec leur smartphone.

(Traduit de l’allemand par Valentine Zenker)

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