L’éventuelle élection ce mardi de Donald Trump n’inquiète pas outre mesure Stéphane Brochu, PDG d’ArcelorMittal Produits longs Canada, qui exporte plus de 50 % de sa production d’acier aux États-Unis.
Publié à 1h36
Mis à jour à 5h00
« Il y a huit ans, Trump a imposé des droits de douane de 10 % sur notre acier, mais ces droits ont été rapidement abrogés par nos clients américains qui ont fait appel. Ils feront la même chose cette année s’il retente l’expérience », assure l’ingénieur métallurgiste.
ArcelorMittal Produits longs Canada transforme chaque année plus de 2,5 millions de tonnes de minerai de fer dans ses installations de Contrecoeur, Longueuil, Montréal et Hamilton en acier de haute qualité utilisé dans l’industrie automobile nord-américaine, fabriquant du fil machine pour le soudage ainsi que des barres d’armature pour le industrie du bâtiment.
« Lors de son premier mandat, Trump a imposé des droits de douane de 10 % sur nos exportations d’acier, mais nos grands clients industriels américains ont demandé une exemption sur nos produits car ils ne parviennent pas à trouver de l’acier de qualité équivalente à celui des ÉTATS-UNIS.
« Nous fabriquons notre acier avec du minerai de fer pré-réduit. Les producteurs américains ne disposent pas de fours à arc électrique. Les droits de douane ont duré moins d’un an, et après cela, Trump a renégocié l’accord de libre-échange et a déclaré qu’il avait conclu le meilleur accord de l’histoire, alors pourquoi aurait-il rétabli les droits de douane ? si l’accord Canada-États-Unis-Mexique est si bon ? », demande le PDG d’ArcelorMittal Produits longs Canada.
Du fer aux dalles d’acier
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C’est sur le site de Contrecœur que Stéphane Brochu nous reçoit, dans les immenses installations industrielles qui ont été érigées au cours des années 1950, 1960 et 1970 sous la direction de Stelco et Sidbec Dosco. C’est la société indienne ArcelorMittal qui a repris les activités sidérurgiques approvisionnées en minerai de fer par les installations du groupe à Mont-Wright et Port-Cartier.
« Nous absorbons environ 20 % de notre production de boulettes de fer de la Côte-Nord, soit 2,5 millions de tonnes par année. Nous recyclons également jusqu’à 1 million de tonnes de ferraille chaque année qui entre dans la fabrication de nos différents produits dans différents contenus », explique Stéphane Brochu.
L’essentiel de la production de l’entreprise se fait dans les deux aciéries et dans son usine de réduction de Contrecoeur, où l’entreprise coule notamment des brames d’acier pesant 20 tonnes et qui sont destinées à l’usine Dofasco de Hamilton. , qui fabrique des produits plats en acier utilisés dans la fabrication de carrosseries automobiles.
Cette division ArcelorMittal Flat Products emploie 4 500 personnes à Hamilton et à Coteau-du-Lac. Au Québec, l’ensemble des activités Produits longs en acier emploie 2 000 personnes, dont 800 à Contrecœur.
Un acier plus éco-responsable
ArcelorMittal Produits longs Canada livre donc chaque année 800 000 tonnes de brames d’acier destinées à l’industrie automobile, mais est également le plus grand fabricant mondial de ressorts à lames destinés aux plus grands constructeurs de camions légers et lourds.
« Nos lames équipent toutes les camionnettes de Ford, GM et Toyota ainsi que les camions de classe 8 de Volvo, Freightliner, Paccar et Mack. Nous produisons également 100 000 tonnes par année de fil machine qui est utilisé dans l’industrie du soudage, mais aussi à d’autres fins industrielles », souligne Stéphane Brochu.
Avec ses activités de fabrication de fils tréfilés dans ses usines de Montréal et de Hamilton, ArcelorMittal Produits longs Canada dessert une clientèle diversifiée : depuis les fabricants de cordes de guitare jusqu’à ceux de ressorts pour stylos ou matelas.
Mais c’est le secteur de la fabrication d’acier d’armature qui constitue le deuxième secteur d’activité d’ArcelorMittal. L’entreprise a notamment fourni 20 000 tonnes d’acier d’armature pour la construction du nouveau pont Samuel-De Champlain, et plus de 40 000 tonnes pour la construction de la plateforme pétrolière Hebron, au large de Terre-Neuve.
« L’avantage de l’acier d’armature est que l’on peut utiliser une grande quantité d’acier recyclé. On pourrait même aller jusqu’à recycler à 100 % la ferraille pour fabriquer de l’acier d’armature. Nous ne le faisons pas, mais l’acier n’a pas de fin de vie, même l’acier complètement rouillé peut être recyclé pour retrouver toutes ses caractéristiques antérieures », explique Stéphane Brochu.
L’utilisation de ferraille recyclée contribue à réduire l’empreinte carbone du groupe, déjà parmi les plus faibles de la sidérurgie mondiale.
Nous produisons 630 kilogrammes de carbone par tonne d’acier fabriquée tandis que nos concurrents, notamment en Chine, produisent 2 100 à 2 800 kilogrammes par tonne d’acier.
Stéphane Brochu, PDG d’ArcelorMittal Produits longs Canada
Stéphane Brochu souhaite réduire davantage cette empreinte carbone en utilisant davantage de gaz naturel renouvelable et éventuellement en captant le carbone pour fabriquer du méthanol vert.
Dans l’ensemble de ses activités d’extraction et de fabrication au Québec, ArcelorMittal réalise pas moins de sept transformations différentes de la matière première, du minerai jusqu’à sa transformation en brames, billettes, barres ou fil machine.
Stéphane Brochu a occupé divers postes de direction chez ArcelorMittal Produits longs Canada depuis qu’il s’y est joint en 1998, il a été chef des opérations pendant cinq ans avant de devenir PDG en octobre 2022.
« Nous sommes un acteur économique important au Québec. Les gens ne s’en rendent pas compte, mais nous avons un impact majeur. Avoir une mine de fer sans aciérie, c’est triste, nous n’avons jamais cessé de nous développer et nous le faisons en restant rentables», insiste-t-il.