Données récentes publiées dans Le Journal de Montréalrévélant que les Québécois atteints d’un cancer devaient attendre en moyenne cinq mois avant d’obtenir leur premier traitement depuis le début de la pandémie, a provoqué un choc dans l’opinion publique.
Ce chiffre accablant met en lumière une réalité alarmante : malgré les promesses et les réformes, le système de santé continue d’imposer des délais inacceptables aux patients. Il est essentiel de rappeler que le cancer est la principale cause de décès au Québec et que la maladie n’attend pas sur une liste d’attente.
Le cas d’une mère atteinte d’un cancer du sang, qui a dû attendre près de huit mois pour recevoir des soins, est un exemple déchirant de cette lenteur. Dans un contexte où la rapidité d’intervention peut faire toute la différence, chaque jour compte pour assurer la survie des patients et cela dépend directement de l’action rapide et efficace du système de santé.
Délai
Ces chiffres ne sont toutefois pas une surprise. Depuis longtemps, on tire la sonnette d’alarme face à l’explosion des délais entre diagnostic et traitement, notamment en région. Nous connaissons le terrain mieux que quiconque, car nous accompagnons les patients dans un parcours souvent complexe. Les données révélées cette semaine ne sont qu’une confirmation statistique de ce que nous vivons au quotidien.
Alors, à qui la faute ? Bien qu’il ne soit ni possible ni souhaitable d’imputer la responsabilité de ces retards à une seule personne, la situation actuelle démontre un manque flagrant d’imputabilité de notre système de santé.
Il y a quelques mois, nous pressions le gouvernement du Québec et le ministre de la Santé, Christian Dubé, sur l’importance d’une plus grande transparence et imputabilité de la nouvelle agence Santé Québec, soulignant notamment la nécessité de nommer une personne au poste de vice-président de la lutte contre le cancer. Nous réaffirmons cette demande avec conviction et détermination !
Recommandations
Cette recommandation faisait partie de notre mémoire intitulé Le cancer n’attend pas : la future agence Santé Québec doit agir ! qui énumérait plusieurs recommandations pour améliorer les soins de santé des personnes atteintes de cancer au Québec. Depuis, le gouvernement a dévoilé son plan d’action cancer 2024-2026.
Même si ce plan représente un pas dans la bonne direction en intégrant certaines de nos recommandations, le gouvernement n’a toujours pas doté ses ambitions des moyens nécessaires, que ce soit par des investissements accrus dans la recherche, la fixation d’un objectif clair de réduction de la mortalité liée au cancer , ou l’établissement d’objectifs mesurables à long terme.
Les organisations comme la nôtre jouent un rôle essentiel dans l’écosystème de la lutte contre le cancer. En travaillant en étroite collaboration avec le ministère de la Santé, nous avons la possibilité de développer des solutions pragmatiques et personnalisées, tenant compte des réalités spécifiques de chaque milieu, qu’il soit régional ou urbain.
Des solutions existent, il faut les entendre ! L’intégration d’une vice-présidence à l’Agence de Santé Québec représente une avancée stratégique majeure. Inspiré du modèle d’autres provinces et pays, cet ajout est fondamental pour la mise en œuvre de notre plan d’action, ambitieux et plein d’espoir, mais qui nécessite un soutien par des ressources adéquates et une volonté politique forte afin d’assurer des bénéfices concrets et durables aux patients atteints de cancer et à leurs les proches.
La photo fournie est le logo
Marco Décelles, directeur général de la Fondation québécoise du cancer
Juli Meilleur, directrice générale de Leucan
Manon Pépin, présidente-directrice générale de la Société de recherche sur le cancer
Laurent Proulx, président et chef de la direction de PROCURE