Grégory Doucet et la décolonisation de la province

Grégory Doucet et la décolonisation de la province
Grégory Doucet et la décolonisation de la province

Invité sur BFM-, le maire de Lyon a dénoncé la coupe de 5 milliards d’euros imposée aux collectivités pour renflouer les caisses de l’Etat, vidées par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire.

A quoi ça sert d’élire des maires si l’État leur enlève tous les pouvoirs ? Que nous souhaitions construire des pépinières ou commettre des erreurs, nous devons toujours avoir la liberté de décider.

Aujourd’hui, les élus locaux en sont réduits à gérer la pénurie, tandis que l’État accumule les dettes. « Ce n’est pas aux communes de payer les échecs nationaux »insiste Doucet. Et il a raison.

L’une des grandes promesses d’Emmanuel Macron en 2017 était de laisser plus de liberté à la démocratie locale. Sept ans plus tard, il supprime presque tous les leviers fiscaux des collectivités.

Les démissions n’ont jamais été aussi nombreuses : 1 300 élus locaux ont rendu leur foulard l’an dernier, fatigués d’être à portée de cris sans pouvoir agir. En 2022, 2 265 plaintes et signalements pour violences contre des élus ont été enregistrés, soit un bond de 32 % en un an.

A Lyon comme dans la Métropole, de nombreux projets sociaux, culturels ou économiques sont paralysés par la centralisation excessive d’un État dirigé depuis Paris. Vos élus, bien que démocratiquement élus, sont freinés dans leurs actions et parfois injustement ciblés pour des décisions qu’ils n’ont pas la possibilité de prendre.

Bien entendu, tout n’est pas imputable à l’État. Ce n’est pas lui qui oblige la Ville de Lyon à réaliser un projet coûteux sur la place Bellecour qui n’ajoutera pas un seul arbre. C’est sa décision. D’un élu local.

Et il est trop facile pour Bruno Bernard, président EELV de la Métropole, d’utiliser l’État comme prétexte pour ne pas trouver de solutions au relogement des mineurs non accompagnés soutenu par le CAPSO. Le silence assourdissant de la gauche sur cette question n’arrange rien : seuls quelques militants, collectifs et pas mal de socialistes ou apparentés, loin des négociations parisiennes pour les municipales vendues à Bruno Bernard, se font entendre aux côtés du député LFI. Anaïs Belouassa-Cherifi pour protester contre la dureté de la remise à la rue.

Un jeu de dupes entre l’État et les collectivités dans un pays trop centralisé

Pourtant, les Lyonnais et le Grand Lyonnais ont voté pour un projet social et écologique. Ce projet, s’il comporte de très belles réalisations, notamment en matière de modes doux, est aujourd’hui en partie freiné par un Etat endetté, dirigé par des « génies financiers » autoproclamés. Il faut beaucoup d’habileté et de talent au maire socialiste Cédric Van Styvendael pour diriger la belle saison culturelle qui se déroule dans sa commune malgré le désengagement de l’Etat.

Les décisions de hauts responsables parisiens, issus des mêmes écoles que le président Macron et ses ministres, saignent à sec les communautés. Ils empêchent le Grand Lyonnais d’avoir de vrais choix politiques.

En choisissant un modèle ultra-centralisé, notre nation a choisi un pouvoir vertical qui étouffe la démocratie locale. Les élus locaux doivent pouvoir prendre leurs décisions librement, sans se cacher derrière l’État. C’est un jeu de dupes dans lequel personne n’est complètement innovant.

Plus que jamais, les mots de Michel Rocard résonnent avec justesse : “Nous devons décoloniser la province.”

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Romain Blachier

 
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