“Quand on voit l’état des chemins et des tombeaux… C’est scandaleux”, a-t-il lâché, déplorant notamment des tombes recouvertes de bâches ou de simples planches de bois.
Ce n’est pas un cimetière abandonné.
Face à cette plainte, Mahmut Dogru, échevin chargé des cimetières de Charleroi, pointe entre autres la responsabilité des familles des défunts. « Ce n’est pas un cimetière abandonné. Si ce cimetière est dans cet état, c’est parce que les familles, les ayants droit n’entretiennent plus les tombes qui se trouvent dans le cimetière. Ou tout simplement parce qu’il n’y a plus d’ayant droit qui doit s’occuper des tombes.»
L’échevin reconnaît cependant que l’interdiction des herbicides complique l’entretien des cimetières. « Dire que tout est parfait ne serait pas la vérité. Avec l’interdiction de l’usage des glyphosates, nous avons beaucoup de problèmes pour entretenir les cimetières. Il faut savoir qu’à Charleroi, nous avons 80 hectares de cimetière. Ce n’est pas une chose facile, mais nous travaillons dur pour obtenir quelque chose de décent.
Mahmut Dogru explique également que la municipalité envisage de transformer le cimetière de Couillet en « parc cimetière ». « Nous avons fortement limité le nombre de sépultures dans ce cimetière, en raison de sa position géographique. C’est un terrain très escarpé. Et avec le changement climatique et les fortes pluies, on craint pour la stabilité de ce “A long terme, nous aimerions arrêter les enterrements dans ce cimetière”. indique-t-il.
L’élu local précise que ce cimetière de Couillet s’inscrit dans un plan global de réaménagement des cimetières de Charleroi. En cours depuis plusieurs années, ce projet comprend un vaste programme d’exhumation pour libérer des espaces verts dans des parcelles abandonnées. « Ces dernières années, nous avons mis de l’ordre et les tombes qui ne sont pas entretenues ou qui tombent en ruine doivent être enlevées pour avoir une meilleure vision des cimetières. Nous avons lancé le plan cimetière 2020-2050, et nous sommes en train de procéder à d’importantes exhumations. Il faut savoir que depuis le début de mon mandat, nous avons procédé à plus de 9 000 exhumations.précise-t-il.
« L’objectif est de récupérer les parcelles où les tombes sont abandonnées et d’en faire des espaces verts pour réduire l’entretien des parcelles qui n’ont plus de droits. L’objectif est donc d’avoir des cimetières bien mieux entretenus, plutôt que des cimetières où les tombes sont laissées à l’abandon. A Charleroi, il y a de nombreuses tombes à enlever, car il n’y a plus de familles pour les soigner ou les entretenir.
Dans certaines communes, l’entretien des cimetières pose de gros problèmes
De son côté, Xavier Deflorenne, coordinateur de l’unité de gestion du patrimoine funéraire au Service public de Wallonie (SPW), n’est pas surpris par l’état de certains cimetières wallons. « Cela ne m’étonne pas du tout que les citoyens se sentent inégaux selon les communes. » concède-t-il.
La charge de gestion des cimetières est plus lourde pour les communes ayant de nombreux sites à entretenir. « On sait que dans certaines communes, l’entretien des cimetières pose de gros problèmes. Différentes thématiques apparaîtront selon les communes que vous approcherez. Certains vous le diront, « comme il est interdit d’utiliser des produits phytosanitaires, de pulvériser dans les cimetières, l’entretien est beaucoup plus compliqué. C’est un faux argument, puisque depuis 2015, les communes ont appris à végétaliser les sites.
Xavier Deflorenne rappelle que la responsabilité municipale ne se limite pas simplement à l’entretien des sentiers. « Dans un cimetière, l’entretien est double. D’une part, la commune a l’obligation d’entretenir notamment les cheminements et les parcelles entre les tombes des monuments. Quant aux monuments, c’est-à-dire les emplacements attribués aux familles, ce sont les familles qui sont chargées du suivi de l’entretien des monuments », il se souvient.
Et d’ajouter : « La municipalité a l’obligation de surveiller l’entretien. Il doit surveiller la manière dont les familles entretiennent leur propre site. Mais les familles ont une vraie responsabilité. Si le cimetière est mal entretenu dans les allées, entre les tombes… C’est la municipalité qui est pleinement responsable. S’il s’agit de sites privés, qui ont des mauvaises herbes, ou de monuments qui tombent, c’est la famille qui est en cause. Mais la municipalité a la responsabilité de les afficher. familles ‘Vous êtes obligés de réagir’.»
« Un cimetière reste la carte de visite de la gestion municipale », conclut Xavier Deflorenne.
Un cimetière vert est bien plus agréable
Depuis l’interdiction des pesticides et des herbicides, les cimetières municipaux se transforment progressivement sous l’influence de nouvelles pratiques écologiques.
Philippe Fudala, éco-conseiller chez Cyréo (coopérative sociale), explique : “Les communes font appel à nous pour les soutenir et les aider à entretenir leurs cimetières, que ce soit de manière préventive en engazonnant les espaces ou de manière curative en traitant les pousses spontanées qui apparaissent.”
Les interventions ont été plus régulières depuis l’interdiction de l’usage des pesticides et des herbicides, passant « de deux visites par an à huit minimum », précise Philippe Fudala.
« Cela représente un coût plus élevé, mais l’avantage est que les cimetières sont beaucoup plus beaux. D’une manière générale, un cimetière vert est bien plus agréable. » estime l’éco-conseiller.
« De notre côté, nous essayons de respecter le cahier des charges des communes. Certains d’entre eux visent la revégétalisation. Dans ce cadre, nous gérons la tonte et l’entretien des massifs. Parfois, les communes décident de conserver leur cimetière minéralisé. A ce moment-là, nous nettoyons les buissons et désherbons. Nous veillons à ce que les cimetières restent des zones propres et entretenues. Certaines communes sont en retard, et nous font appel en dernier recours. ont l’impression qu’ils sont incapables de s’emparer de la végétation spontanée. D’autres sont plus préventifs en maîtrisant cette végétation.
« Certaines communes sont à la traîne, mais cela n’est pas forcément dû à leur incapacité à le gérer » dit Philippe Fudala. «C’est aussi dû au fait que les ayants droit ne sont pas encore respectueux des cimetières. Il faut les sensibiliser à l’entretien écologique d’une tombe.”