témoignage de deux médecins urgentistes de Vivalia

témoignage de deux médecins urgentistes de Vivalia
témoignage de deux médecins urgentistes de Vivalia

A l’occasion de la diffusion d’un documentaire commandé par Vivalia sur les urgences en province de Luxembourg, nous faisons le point sur ce service vital pour les Luxembourgeois, à l’aube de la refonte du paysage hospitalier de notre province.

Meghann, 32 ans, liégeoise d’adoption mais Bastogneuse dans l’âme, et Julien, 34 ans, originaire d’Ochamps, ont accepté de nous parler de leur quotidien de médecin urgentiste.

Un travail, comme vous pouvez l’imaginer, n’est pas toujours facile. De plus en plus compliqué, en fait.

Par définition, rien n’est prévisible aux urgences. Il y a des jours calmes, d’autres plus tendus.

De plus en plus, les équipes doivent prendre en charge des personnes sous l’emprise de l’alcool et/ou de drogues, ce qui complique le traitement. “Cette toxicomanie entraîne une violence exponentielle qu’il faut savoir gérer. On n’en voyait pas ou très peu quand j’ai commencé, en 2015, maintenant c’est quasiment quotidien“, explique Meghann.

La dernière aide

Le vieillissement de la population et le manque de médecins généralistes conduisent également à ce que de plus en plus de personnes se rendent aux urgences et de plus en plus de patients alités. Celles-ci nécessitent un bilan lourd et long pour diagnostiquer d’où vient le changement de l’état général, un accompagnement important pour les nourrir et les changer. Si tel ou tel patient dément arrive également ce jour-là, les équipes peuvent vite être surchargées. Sans compter que si le SMUR et le PIT (lire ci-dessous) sont partis, le service est perturbé.

Il y a des jours où boire un verre d’eau et faire pipi est un luxe», résume Julien.

Travailler aux urgences, c’est aussi faire face à la précarité et à la pauvreté sociale. “Beaucoup viennent aux urgences, car ils n’ont pas à payer directement le tiers payant, les urgences sont leur dernier recours.», raconte Julien.

“Créez une coque, mais pas trop grande…”

Il y a aussi la pauvreté cachée qui ne se cache plus, lorsque les secours interviennent à domicile : des maisons sans chauffage, des maisons dans lesquelles il pleut, des enfants qui vivent dans des maisons qui n’ont pas vu l’ombre d’un balai ou d’un aspirateur depuis plusieurs années…

Aux urgences, on voit aussi la face sombre de la sociétérésume l’infirmière en chef des urgences à Libramont. Par rapport à tout cela, beaucoup se créent des coquilles, mais nous essayons de ne pas en créer de trop grandes non plus, car sinon, nous n’avons plus d’empathie.

Meghann ne s’en cache pas. “Je ne suis pas du tout gêné de le dire, on se comporte un peu comme des robots sans pour autant être des robots. Nous suivons les protocoles pour être le plus efficace possible. « Chez nous, c’est parfois plus compliqué à gérer. Surtout qu’elle est mère.J’ai toujours été à l’écoute de mes patients, mais depuis que j’ai des enfants, cela s’est accru. « Dans la maison familiale, parfois elle s’attarde sur des choses.

Faire face à la mort et à la détresse

Travailler aux urgences, c’est aussi entrer en contact avec la mort.

Presque chaque semaine, les médecins urgentistes partent en mission de réanimation cardiaque, avec de faibles chances de succès. Il faut faire face à la détresse des proches, les soutenir alors qu’ils viennent de perdre un proche sous leurs yeux.

Face à toutes ces difficultés, nos deux infirmières ont-elles jamais regretté leur choix, pensé à quitter les urgences ? “Jamais», nous répondent-ils d’emblée, passionnés par la diversité de leur métier. “Ce n’est pas toujours facile à gérer, mais nous avons toujours des personnes relais sur qui nous pouvons compter, explique Meghann. J’ai mon partenaire bien sûr, mais aussi une équipe attentionnée, grâce à laquelle nous parvenons à relever les défis.

Julien parle également de l’importance de l’équipe, et des débriefings techniques et psychologiques. “Il y a beaucoup de gens qui ne trouvent pas de sens à leur métier, nous sommes certains», poursuit-il.

Alors oui il y a de la violence, des critiques faciles… »mais chaque jour nous recevons des remerciements», nous disent-ils. Merci, cela n’a pas de prix. Eh bien oui, pour avoir apporté du réconfort, pour avoir soigné, pour avoir sauvé une vie.


Dit rapidement

Racisme

Ce qui choque terriblement Meghann, ce sont les patients qui se montrent ouvertement racistes envers les soignants d’origine étrangère. “C’est gratuit et violent !

pauses de 12 heures

A Libramont, les médecins urgentistes effectuent des pauses de 12 heures. “Nous restons plus longtemps à l’hôpital, mais nous restons aussi plus longtemps à la maison, car nous travaillons 3 jours par semaine», explique Julien Gourmet.

Interventions importantes

Nous leur avons demandé une intervention qui a laissé des traces. Julien Gourmet raconte un accouchement à domicile à Bouillon. “Lorsque le SMUR est arrivé, le bébé a reçu sa première tétée de sa mère..» Meghann nous parle de l’explosion de gaz à Bastogne en août 2017. »J’avais vécu dans cette rue, j’avais peur que mes colocataires soient touchés.» Finalement, cela ne s’est pas produit. Et l’homme dont elle s’occupait est revenu plus tard pour la remercier.


Aide médicale d’urgence « pour les nuls »

Ambulance : pas d’infirmière ni de médecin

Le service ambulancier est assuré par au moins deux ambulanciers, qui sont souvent aussi des pompiers. C’est le moyen de secours le plus utilisé.

PIT, notre province précurseur

La PIT (Équipe Paramédicale d’Intervention) est composée au minimum d’une infirmière urgentiste et d’un ambulancier. Il existe actuellement deux départs PIT en province de Luxembourg : Virton et Bouillon. Ils ont effectué 1978 missions en 2023. Le PIT est particulièrement capable de gérer un bon nombre de missions auparavant destinées au SMUR, comme des difficultés respiratoires, des douleurs thoraciques, des hypoglycémies, des convulsions et bien d’autres situations problématiques.

SMUR, avec un médecin urgentiste

Le SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) est une équipe médicale mobile, composée, au minimum, d’un médecin urgentiste (qui doit donc quitter les urgences de l’hôpital) et d’une infirmière urgentiste. Le SMUR est le prolongement mobile du service d’urgence hospitalier auquel il est obligatoirement rattaché. Actuellement, il y en a 4 (Arlon, Bastogne, Libramont et Marches). Bientôt, il n’y en aura plus que deux (Houdemont et Marche). En 2023, ils ont réalisé 3454 missions. Le SMUR ne sait pas transporter les patients. Il est généralement accompagné d’une ambulance.

Le CMH, l’hélicoptère médicalisé

Le CMH (centre médical hélicoptère) de Bra-sur-Lienne (Lierneux) est une sorte de SMUR volant, bien qu’il ne soit pas rattaché à un hôpital. Contrairement à un SMUR roulant, l’hélicoptère du CMH est capable de transporter un patient.

Temps de réponse inférieur à 15 minutes

En 2023, le délai moyen d’intervention des PIT et SMUR dans notre province était de 14’19”.

L’aide médicale d’urgence, à la croisée des chemins

Pour en savoir plus sur l’aide médicale d’urgence en province de Luxembourg, vous pouvez lire l’annonce du gouverneur Olivier Schmitz, prononcée en janvier dernier. Elle s’y consacre entièrement.

Plus de 90 000 entrées en 2023

En 2023, un total de 90 139 admissions ont été enregistrées dans les services d’urgence de Vivalia :

– 34 683 à Arlon

– 24 535 dans les Marches

– 20 797 à Libramont

– 10 124 à Bastogne

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Vivre avec le VIH en France en 2024 reste un parcours semé d’embûches