La Chine interdit les exportations de composants destinés à des « usages militaires » vers les États-Unis

La Chine interdit les exportations de composants destinés à des « usages militaires » vers les États-Unis
La Chine interdit les exportations de composants destinés à des « usages militaires » vers les États-Unis

En réponse aux restrictions de Washington, Pékin a annoncé une réponse en limitant les exportations de composants civils vers les États-Unis et en interdisant ceux destinés à un usage militaire.

Le gallium, le germanium, l’antimoine et d’autres matériaux sont soumis à de nouvelles réglementations en Chine s’ils doivent être exportés vers les États-Unis. Ces éléments susceptibles d’être utilisés dans des technologies duales (à la fois civiles et militaires) doivent désormais obtenir une licence avant d’être exportés s’ils sont destinés à des applications civiles.

Mais les exportations destinées « à des usages militaires » sont strictement interdites, a annoncé le ministère chinois du Commerce, invoquant des questions de « sécurité nationale ».

“Toute organisation ou individu, dans n’importe quel pays ou région, enfreignant la réglementation sera tenu pour responsable”, prévient le ministère.

Réponses aux restrictions américaines

Cette annonce fait suite à une troisième vague de restrictions, annoncée lundi par Washington, sur les ventes à la Chine de semi-conducteurs et d’équipements utilisés dans la fabrication de précieuses puces. L’objectif est “d’entraver la capacité de la Chine à acquérir et produire les technologies nécessaires à sa modernisation militaire”, a indiqué le ministère américain du Commerce dans un communiqué.

La Chine a fermement condamné cette annonce, estimant que les États-Unis « portent atteinte aux échanges commerciaux et économiques normaux ». « Ces dernières années », les États-Unis ont « politisé les questions commerciales et technologiques », « imposé des restrictions injustifiées sur les exportations de certains pays vers la Chine » et « sanctionné plusieurs entreprises chinoises », a déclaré mardi le ministère chinois de la Défense. Commerce dans un autre communiqué de presse.

Élie Cohen, économiste, directeur de recherche au CNRS – 26/11

La Chine représente 94 % de la production mondiale de gallium, un métal stratégique utilisé dans les panneaux solaires, les radars et les transistors, selon un rapport de l’Union européenne publié cette année. Il est également à l’origine de 83 % de germanium, un métalloïde utilisé dans la fabrication de fibres optiques ou de récepteurs infrarouges. La Chine avait déjà renforcé les contrôles sur les exportations de ces matériaux vers les États-Unis l’année dernière, obligeant les exportateurs à fournir des informations sur les utilisateurs finaux. Les nouvelles règles interdisent désormais toute exportation sans obtention d’une licence préalable.

Ces matériaux jouent un “rôle critique dans l’industrie des technologies avancées”, et “de nombreux fabricants intermédiaires avaient commencé à (les) stocker”, a souligné auprès de l’AFP Brady Wang, directeur associé du cabinet de conseil Couterpoint. Le graphite, l’un des composants essentiels à la fabrication des batteries pour véhicules électriques, fait également l’objet d’une attention accrue de la part des autorités chinoises. La vente de produits à base de graphite « utilisés à deux fins » aux États-Unis sera soumise à des contrôles « plus stricts » concernant leur utilisation finale, a rapporté mardi le ministère chinois du Commerce.

Offre et hausse des prix

Ces nouvelles règles sont “clairement une mesure de représailles contre les Etats-Unis”, a déclaré à l’AFP Dylan Loh, professeur adjoint à l’Université technologique de Nanyang à Singapour. Ces “restrictions réciproques pourraient entraîner des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et une hausse des prix”, a déclaré à l’AFP Chong Ja Ian, professeur agrégé de sciences politiques à l’Université nationale de Singapour.

L’Internet Society of China a ainsi dans un communiqué « appelé les entreprises nationales à (…) être prudentes lors de l’achat de puces américaines, à chercher à développer leur coopération avec des fabricants de puces d’autres pays (. ..), et à utiliser activement les puces produites et fabriqué en Chine par des entreprises nationales et étrangères.

L’Association chinoise des constructeurs automobiles accuse Washington d’avoir « modifié arbitrairement les règles de contrôle, affectant gravement la stabilité de l’approvisionnement en puces américaines ». “Les puces automobiles américaines ne sont plus fiables et sûres”, ajoute même l’association.

 
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