Par Allison Lampert
(Reuters) – Boeing est confronté à une probable grève vendredi de plus de 30.000 salariés qui pourrait entraîner la fermeture de ses usines d'avions de la région de Seattle en raison de ses revendications pour une augmentation de salaire supérieure aux 25% sur quatre ans convenus par les dirigeants syndicaux.
S'il n'y a pas de grève, les travailleurs syndiqués pourraient être contraints d'accepter un contrat auquel la plupart d'entre eux ont déclaré s'opposer. En effet, ils ont besoin d'une majorité qualifiée pour faire grève en vertu des règles de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (IAM), le plus grand syndicat de l'aéronautique en Amérique du Nord qui représente les travailleurs de Boeing sur la côte ouest des États-Unis.
Voici comment fonctionne le vote :
Q. Que contient le bulletin de vote ?
A. Les salariés de Boeing votent en deux temps. On leur demande d'abord d'accepter ou de rejeter l'offre de contrat. La deuxième question est de savoir s'ils veulent soutenir une grève.
Si une majorité des travailleurs vote pour accepter le contrat proposé, l’accord entre en vigueur.
Q. Que faut-il pour que les travailleurs se mettent en grève ?
A. Une majorité des travailleurs de Boeing doit rejeter le contrat proposé et les deux tiers des votants doivent soutenir une grève.
Q. Que se passe-t-il si une majorité de travailleurs rejette l’accord de principe mais que moins des deux tiers des votants soutiennent la grève ?
A. L’offre de contrat est acceptée par défaut.
Q. En général, à quelle fréquence les contrats sont-ils ratifiés malgré le soutien d’une minorité de travailleurs ?
A. Harry Katz, professeur de négociation collective à l'École des relations industrielles et du travail de l'Université Cornell, a déclaré qu'un tel scénario est peu courant. Dans un cas rare datant de 2002, les travailleurs de l'IAM d'une usine Boeing de Wichita, au Kansas, ont été contraints d'accepter un contrat avec moins de 40 % de soutien. En effet, seuls 61 % des salariés ont voté pour autoriser la grève, ce qui est loin de la majorité des deux tiers requise par les statuts de l'IAM.
Q : Pourquoi l’IAM place-t-elle la barre si haut pour appeler à la grève ?
R : L’IAM affirme que si une majorité simple était suffisante pour appeler à la grève, les chances d’obtenir un bon contrat grâce à une grève « diminueraient considérablement ».
L'histoire continue
« Chaque fois que vous vous trouvez dans une situation de grève potentielle, vous voulez être sûr que la majorité des 2/3 de vos adhérents soutiennent l’appel à la grève. Partir en grève avec moins des 2/3 de voix risque d’affaiblir le piquet de grève », selon un dossier d’information de l’IAM destiné aux travailleurs sur les négociations avec Boeing.
« Appeler à la grève est une affaire sérieuse. La direction doit s’assurer que les deux tiers des membres sont favorables à la suspension de leur grève. »
Q. Les travailleurs reçoivent-ils une indemnité de grève ?
A. Les membres recevront 250 $ par semaine provenant du fonds de grève à partir de la troisième semaine, a déclaré un porte-parole du syndicat.
Q. Quand le vote commence-t-il et se termine-t-il, et quand connaîtrons-nous le résultat ?
A. Le scrutin a commencé jeudi à 5 heures du matin (heure du Pacifique) et se terminera à 18 heures (heure du Pacifique). Le résultat sera annoncé jeudi soir, a déclaré l'IAM. Si une grève est autorisée, elle pourrait commencer tôt vendredi.
(Reportage d'Allison Lampert à Montréal. Reportage supplémentaire de Joe Brock à Seattle; édité par David Gregorio)
