La Banque centrale européenne, prudente, réduit son taux d'intérêt de 0,25 %

-
>>

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, à Francfort, Hesse, le 12 septembre 2024. JANA RODENBUSCH / REUTERS

La Banque centrale européenne (BCE) s'est contentée du strict minimum jeudi 12 septembre. Elle a annoncé, comme prévu, une baisse de son taux directeur de 3,75% à 3,5%, après une première baisse de même ampleur en juin, mais a refusé de s'engager sur de nouvelles baisses. « Nous restons dépendants des données économiques [à venir]note Christine Lagarde, sa présidente. “Nous déciderons à chaque réunion, l'une après l'autre. La tendance des taux d'intérêt est claire, à savoir à la baisse, mais nous ne nous engageons pas sur la fréquence des baisses ni sur leur montant total”. S'adressant au vice-président de la BCE, Luis de Guindos, en espagnol, elle a ajouté : « Ce qui sera, sera. » (« Tout ce qui doit arriver arrivera »).

Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés La BCE accusée d'étouffer la croissance en Europe

Ajoutez à vos sélections

Cette prudence reflète les tensions dans lesquelles se trouve prise la BCE, entre une économie atone et une inflation pas encore totalement maîtrisée. Le premier élément de l'équation est la situation économique, particulièrement morose. La prévision de croissance de la BCE pour cette année dans la zone euro n'est désormais que de 0,8%, légèrement inférieure à sa prévision de juin de 0,9%. Mais surtout, derrière ce chiffre, il y a une quasi-stagnation de l'économie intérieure. « La demande intérieure privée s’est affaiblie, car les ménages consomment moins, les entreprises réduisent leurs investissements et les dépenses de logement chutent. »souligne M.moi Lagarde : Le peu de croissance qui reste provient du commerce extérieur et des dépenses publiques.

Cette quasi-asphyxie est une mauvaise surprise. Il y a trois mois, la BCE estimait que la hausse des salaires, de 4,3 % au deuxième trimestre, et le ralentissement de l’inflation, aujourd’hui à 2,2 %, permettraient aux ménages de retrouver un peu de pouvoir d’achat. Elle anticipait donc une reprise progressive de la consommation. Il n’en a rien été.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Inflation : les biens de consommation inversent la tendance

Ajoutez à vos sélections

Ce n'est que partie remise, assure M.moi Lagarde : « Nous pensons que la reprise va se renforcer avec le temps. » L'institution monétaire mise sur une croissance légèrement plus forte en 2025, à 1,3% dans la zone euro. « On peut se demander si la BCE n’est pas trop prudente, sachant qu’elle ne bénéficie pas de la même croissance que les États-Unis et que l’inflation est déterminée par des facteurs mondiaux. »s'inquiète Christophe Boucher, directeur d'investissement d'ABN AMRO Investment Solutions.

Une situation paradoxale

Le problème, vu de Francfort, c'est que l'inflation n'est pas encore totalement maîtrisée. Certes, la hausse des prix en août (sur douze mois) a été de 2,2 %, soit presque exactement l'objectif officiel de 2 %. Mais ce chiffre cache deux réalités très différentes. D'un côté, les prix des biens stagnent et ceux de l'énergie baissent. Mais, de l'autre, les prix des services continuent d'augmenter, à 4,2 % en août, contre 4 % en juillet.moi Lagarde souligne notamment la forte hausse des tarifs des voyagistes et des assurances. Pour la BCE, dont le seul mandat est de contrôler l'inflation à 2%, ces tensions restent trop inconfortables pour agir rapidement en faveur d'une baisse de ses taux d'intérêt.

Il vous reste 38.26% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Deux femmes condamnées pour diffamation
NEXT On a enfin compris comment fonctionne l’effet placebo – Mon Blog