En Turquie, la débâcle évidente d’Erdogan aux élections municipales

En Turquie, la débâcle évidente d’Erdogan aux élections municipales
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Les partisans du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu célèbrent sa victoire le 31 mars 2024 à Istanbul. OUMIT BEKTAS / REUTERS

Un vent nouveau souffle sur la Turquie. Un souffle léger, à peine perceptible, mais qui finit par vous surprendre, comme par surprise. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, réélu dimanche 31 mars, avec plus d’un million de voix d’écart sur son adversaire du Parti de la justice et du développement (AKP), le parti du président Recep Tayyip Erdogan, avait appelé ainsi, le jour avant les élections, “la brise de la mer Noire et de la mer de Marmara”. Il a conclu : « Celui qui vous prendra à la gorge à votre réveil ce lundi matin, 1euh avril, et qui, lorsque vous reprendrez votre souffle, vous fera ressentir au plus profond de vous-même la démocratie, la république et la liberté. »

Prophétique ou pas, mais certes politique et fort, ce mot montre à sa manière et à quel point le vote de dimanche, qui s’est avéré être le pire revers pour le chef de l’Etat depuis l’accession au pouvoir de son parti en 2002, a provoqué bien plus de surprises que prévu. La nuit électorale a déclenché une onde de choc qui a clairement placé le pays sur une nouvelle voie.

Le résultat des sondages est sans appel : pour la première fois depuis sa création, l’AKP n’est plus le premier mais le deuxième parti du pays. A l’inverse, son rival et adversaire historique, le Parti républicain du peuple, le très kémaliste et nationaliste CHP, retrouve la première place pour la première fois depuis 1977, un rang qu’il devra apprendre à gérer.

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Des dizaines de villes et de districts sont tombés entre ses mains, bien plus que ne l’espéraient ses propres dirigeants. Rien qu’à Ankara, le parti obtient 16 des 25 municipalités. Son candidat à la métropole, Mansur Yavas, maire sortant, gagne 10 points par rapport aux élections de 2019. Les candidats du CHP aux côtés d’Ekrem Imamoglu remportent, à Istanbul, 26 circonscriptions sur 39, soit douze de plus. A Izmir, certainement bastion traditionnel du parti, on compte 28 circonscriptions sur 30, malgré les nombreuses critiques exprimées contre le choix de certains candidats imposé par la direction. Partout, le CHP progresse même au-delà de sa base traditionnelle sur la côte ouest, notamment dans les villes du cœur de l’Anatolie et sur la côte de la mer Noire, fief de l’AKP.

«Reprenons nos esprits»

Depuis lundi, 64 % de la population est dirigée par des maires du CHP. Ce qui représente 80% de l’économie du pays. En comparaison, les municipalités de l’AKP gouverneront 23 % de la population. Ceux du parti pro-kurde DEM (ex-HDP, Parti démocratique du peuple) près de 7 %. Les 6% restants seront partagés entre le MHP (Parti d’action nationaliste) d’extrême droite, membre de la coalition gouvernementale, et le parti islamiste d’extrême droite Yeniden Refah (Parti de la protection sociale, YRP), ex-allié de l’AKP.

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