Un étudiant pointe « la différence entre le calme intérieur et ce qu’on lit sur les réseaux »

Un étudiant pointe « la différence entre le calme intérieur et ce qu’on lit sur les réseaux »
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Les étudiants du campus scolaire Maurice-Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris, commencent à s’habituer à la présence de caméras et de journalistes devant les portes de leur établissement. Ce jeudi matin, malgré la présence de six policiers à l’entrée de l’école, ils arrivent tous, sacs sur le dos, comme si de rien n’était.

Pourtant, la veille, leur ancien proviseur qui a démissionné après avoir reçu des menaces de mort sur Internet suite à une altercation avec une étudiante au sujet de son voile a été reçu par Gabriel Attal. Un peu plus tard dans la soirée, le Premier ministre a annoncé qu’une plainte serait déposée au nom de l’Etat contre l’étudiant de BTS pour « dénonciation calomnieuse ».

Pas un sujet de discussion pour les étudiants

« Ce n’est pas vraiment un sujet. A part le lendemain de l’annonce sur Pronote de la démission du proviseur, on n’en parle pas entre nous », explique Théo, 15 ans, assis sur le trottoir. Comme lui, tous les élèves s’accordent à dire que le sujet n’est pas au cœur des discussions dans la cour de récréation.

« Franchement, à part la présence des médias, ça ne change pas grand chose pour nous. On connaît le directeur de vue mais il n’est pas vraiment en contact avec nous au quotidien », ajoute Marc-Aurèle, également en deuxième année. A l’exception de « quelques séances d’échanges » avec certains professeurs, l’histoire reste plutôt anecdotique pour son ami Lucas.

“Juste l’histoire d’un professeur qui a crié après un élève”

Les étudiants notent néanmoins la présence policière devant l’établissement et celle de trois agents de sécurité qui font des rondes à l’intérieur. Symboles de la « fugue » de l’affaire selon nombre d’entre eux.

Des policiers devant le lycée Maurice-Ravel, à Paris, le 5 mars 2024.– M. Garnier/Sipa

« Il y a une vraie différence entre le calme intérieur et ce qu’on entend dans les médias et sur les réseaux sociaux », explique Anaïs, élève de première année. Avec son ami Marius, ils regrettent « l’ampleur d’une affaire qui n’en est pas une ». “C’est juste l’histoire d’un professeur qui a crié après un élève, il ne faut pas aller au-delà”, explique-t-il.

De nombreux élèves souhaitent « redescendre » cette histoire ce matin devant l’école. D’abord parce que si les versions diffèrent, tout le monde s’accorde à dire que les faits ont été « gonflés ». « Au début, nous avons tous entendu dire que le directeur l’avait giflée [l’élève qui refusait de retirer son voile]. Mais au fur et à mesure des discussions, on a compris que ce n’était pas ce qui s’était passé », explique Lucas, élève de CE1.

Diverses manipulations de faits

« Est-ce qu’il lui a touché le bras et qu’elle a mal compris ou mal pris ? Peut-être était-il plus violent dans le ton que dans les gestes ? On ne sait pas comment elle a vécu ça, dit Zoya, mais il sait qu’il y a beaucoup de témoins donc s’il porte plainte en disant qu’elle a menti, c’est parce qu’il doit savoir qu’il est innocent. »

“Le problème, c’est que cela a été repris par des médias d’extrême droite et que des gens comme Pascal Praud disent des bêtises et font exploser les choses”, accuse Marius, “la situation est regrettable, mais ce n’est pas une raison pour en faire des tonnes”, parce qu’après ça arrive aux oreilles des fous et ça finit comme ça, avec de sérieuses menaces. »

Reprise par les médias, l’affaire serait aussi alimentée de l’intérieur par des élèves en quête de sensations… ou de vacances selon Killian, élève de première année. « Il y en a qui s’amusent à dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux, juste pour s’amuser. C’est amusant pour eux. Mais il y en a aussi qui font cela en espérant qu’il y aura un blocage et qu’on pourra être dispensé des cours. »

Cela « cause beaucoup de douleur » au proviseur

Ces mêmes étudiants doivent alors se réjouir de l’annonce d’une plainte de l’État contre l’étudiant, ce que Yasmine regrette personnellement : « C’est excessif, on ne sait pas comment l’étudiant a vécu la situation. Ce n’est peut-être pas si grave, mais nous devrions d’abord prendre le temps de lui parler, ainsi qu’au directeur, non ? » Interrogé, l’étudiant reconnaît tout de même qu’avec les problèmes antérieurs liés à la laïcité dans les écoles, certains garde-fous doivent être mis en place.

Elle, comme beaucoup d’autres, regrette surtout la situation du proviseur, « contraint » de quitter ses fonctions pour sa propre sécurité. Un retrait « qui provoque beaucoup de douleur », mais « logique » selon Marius. Pour Lise, « ce n’était pas à lui de partir, il a juste fait son travail, il n’a pas eu à recevoir de menaces de mort pour avoir fait ça ».

Tout aussi triste, Killian aimerait que l’histoire s’arrête et parle davantage des « chambres délabrées et de l’état de l’école » plutôt que d’une simple histoire de couloir de lycée.

 
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