poursuivis pour blanchiment et abus de confiance, les dirigeants de la mosquée attendent leur verdict

poursuivis pour blanchiment et abus de confiance, les dirigeants de la mosquée attendent leur verdict
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Plusieurs dirigeants du centre islamique de Villeneuve d’Ascq, vitrine de l’islam fraternel dans le Nord, risquent des peines de prison pour de graves délits financiers. Le tribunal de Lille statue ce vendredi.

Soupçonnés d’avoir organisé un système de financement opaque permettant de blanchir des dons illicites et de détourner l’argent des fidèles, cinq dirigeants du centre islamique de Villeneuve-d’Ascq (59), dont son recteur l’imam Mohamed Karrat, avaient été placés sous contrôle judiciaire à la suite de leur garde à vue en mai 2023, comme l’a révélé Le Figaro . Les cinq chefs religieux (Mohamed Karrat, le président du centre islamique, ainsi qu’Abdellah Ouafi le trésorier, Mostafa Mabsout qui dirigeait l’école coranique de la mosquée, Mohamed Slimani le vice-président de l’association et Nour Eddine Karboubi) sont actuellement est jugé devant le tribunal de Lille et entendra le verdict ce vendredi.

Les prévenus sont poursuivis pour abus de confiance, blanchiment et trois d’entre eux pour tentative d’escroquerie. Lors de l’audience du 8 février 2024, le parquet a requis six à dix mois de prison accompagnés de 12 à 14 mois de prison avec sursis contre quatre d’entre eux, et d’une peine avec sursis simple contre le cinquième prévenu, demandant un aménagement pour qu’ils puissent purger leur éventuelle peine à domicile.

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La mosquée de Villeneuve-d’Ascq, qui se veut un vaste « Centre islamique » suite à des travaux entrepris depuis le milieu des années 2000, est administrée par une association dont Mohamed Karrat est président. D’importants travaux d’agrandissement de la mosquée étaient prévus depuis 2013, mais ont été stoppés par le refus de la municipalité d’accorder un nouveau permis de construire. Le tribunal administratif de Lille a rejeté un premier recours de la mosquée il y a deux ans. Les responsables de la mosquée sont soupçonnés d’avoir détourné une partie de l’argent récolté pour ces travaux.

Beaucoup de financements étrangers

Interrogé sur la nature du financement qui permet à l’association de prendre en charge les frais de ces travaux, Mohamed Karrat a déclaré en 2016 La voix du Nord : « Près de 80 % de la mosquée est financée par les dons des fidèles de Villeneuve-d’Ascq qui donnent en moyenne un mois de salaire par an ». Sauf que l’essayiste Mohamed Louizi, dans son livre Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans (Michalon, 2016), assurait que Mohamed Karrat était proche de l’Islam fraternel et avait reçu l’aide financière d’une ONG qatarie, Nectar Trust (anciennement Qatar Charity), soupçonnée de financer discrètement l’islamisme radical à travers le monde et particulièrement en Europe. « Nous avons reçu un don d’un mécène en 2008, pour la construction de la mosquée, qui est passé par la fondation Qatar Charity »a confirmé Mohamed Karrat.

Les comptes du Centre islamique ont depuis été scrutés après un rapport de la préfecture du Nord en 2022 qui pointait un manque de transparence dans ses bilans. La préfecture a également décidé fin 2023 de suspendre les subventions au lycée d’Averroès, où travaillaient plusieurs dirigeants du Centre islamique et qui était en grande partie financé par des prêts accordés par le Centre islamique. Ce lycée privé musulman a perdu son contrat avec l’État à cause de « violations graves des principes fondamentaux de la République », ce qui remet désormais en question son avenir. Dans un rapport de 2023 sur Averroès, le préfet évoquait la possibilité que le Centre islamique, qui recevait des dons du Qatar mais aussi du Koweït ou de l’Egypte, ait fait « faux prêts » à l’établissement afin de servir de paravent aux financements étrangers pour le lycée.

D’importantes sommes d’argent trouvées au domicile des accusés

Un journaliste de l’AFP présent à l’audience du 8 février a rapporté que le trésorier de la mosquée, Abdellah Ouafi, avait souligné qu’Averroès avait remboursé certains emprunts et que des démarches étaient en cours pour récupérer les 200 000 euros encore dus. La mosquée a renoncé à ses dettes parce que “le lycée a quasiment fermé”a-t-il souligné, ajoutant que les membres de l’association gérant la mosquée étaient informés de ces prêts, et que les fidèles les soutenaient massivement. « Si le Centre Islamique était une entreprise, Averroès serait une filiale »a assuré un avocat de la défense, Mehdi Ziatt.

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Parmi les autres faits jugés par le tribunal, la mosquée avait acquis via une SCI deux maisons pour accueillir des studios étudiants, louées afin d’assurer “indépendance” financier, a expliqué son président Mohamed Karrat. Mais le parquet a souligné qu’il était interdit à une association de réaliser des investissements locatifs. La vocation sociale de la mosquée était d’offrir un lieu de culte et de services digne aux fidèles, mais pas de financer un lycée ou un logement étudiant, a insisté le procureur.

Lors de leurs perquisitions au domicile des cinq prévenus, les enquêteurs ont retrouvé plusieurs milliers d’euros en leur possession.

« La République n’a pas mené le bon combat, elle s’est tiré une balle dans le pied »a indiqué un autre avocat de la défense, Me Jérôme Pianezza. “Quand il y a un CIV, ça nous empêche de prier dans les caves, les garages, et on sait à quoi ça mène”.

Suite aux premières révélations de Figaro Suite à ses démêlés judiciaires, Mohammed Karrat a décidé de poursuivre le journal en justice pour diffamation.

 
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