le rappeur SCH en terres siciliennes

le rappeur SCH en terres siciliennes
le rappeur SCH en terres siciliennes

Le rappeur SCH vous le connaissez tous puisqu’il est la voix du tout début de « En bande organisée », énorme tube marseillais, vous savez c’est lui qui dit « Oui mon gâté, RS4 gris nardo, bien sûr qu’ils J’ai « échoué ». SCH, c’est cette voix grave, stylisée à l’extrême, tantôt raide, tantôt douce, et la silhouette qui va avec : queue de cheval haute et longue lissée, grandes lunettes de soleil, style dandy urbain stylé à mort. De ce point de vue, SCH est à l’opposé de son collègue JUL qui s’appuie sur l’authenticité du gars des quartiers marseillais ; c’est une construction sophistiquée, qui s’appuie sur des références multiples et pointues, et que les albums contribuent à asseoir comme un homme de goût et un esthète.

Le dernier s’appelle « JVLIVS prequel », et raconte une histoire qui précède un autre album, JVLIVS, écrite en lettres romaines. Un avatar, enfant d’un Vésuve, arraché à sa mère, élevé par des hommes aux « yeux noirs », devenu gangster, « barone rosso », baron rouge, quelque part peut-être en Sicile ou dans le sud de l’Italie. On retrouve dans le disque comme dans le précédent ces intermèdes narratifs très lyriques, comme des petites fictions radiophoniques racontées d’une voix rauque un peu forcée, Lino Ventura doublant Pacino.

Un classique

Le matériau de SCH est l’histoire, basée sur un large corpus, la mafia italienne, mais une mafia déjà médiatisée par ses propres mythes, et surtout ses films, dont la trilogie Le Parrain est sans doute la plus représentative. Dans ce décorum, qui nous emmène dans les cuisines d’une villa sicilienne où le héros nous livre la recette des cannellonis de sa grand-mère, le rappeur déploie les tropes bien connus du gangsta rap : le clan, l’argent, la drogue, les grosses voitures, les filles dans le luxe. hôtels, honneur bien sûr, collègues tombés pour la gloire, traîtres étouffés dans l’infamie.

Tout cela pourrait ressembler à de purs lieux communs vaguement siciliens, mais ce qui est fascinant dans cet album, c’est à quel point SCH ne cesse de nous dire à quel point cette référence est construite, à quel point il ne se laisse pas tromper par la mythologie, évoquant sans cesse Marseille, la les quartiers nord, la réalité en somme – il est autant Baron Rouge que « rat » ou « canaille », qualificatifs qui reviennent sans cesse pour déconstruire la noble fiction sicilienne. La mythologie n’est jamais pure, elle se démultiplie : son gangster est autant sorti d’un Coppola qu’un film de Michael Mann ou du Gotham de DC Comics. En fait ce que SCH explore avec ces albums aux lettres latines, c’est la notion même de « classique », il se l’approprie dans le flow en la pliant à ses mots.

 
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