C’est l’heure du bilan, mais surtout, bonne année et bonne santé à vous ! Comme chaque année depuis trois ans,
Parlons MotoGP se lance dans un chantier assez important : faire le point sur chaque pilote à l’issue de la saison 2024, aujourd’hui au tour de Brad Binder. Une bonne partie de l’hiver, nous allons parcourir les classements à l’envers, au point d’évoquer en détail la campagne du champion du monde. Es-tu prêt? On y va!
Hier, nous sommes revenus sur le cas de Pedro Acosta; cliquez ici pour retrouver l’article correspondant.
Pareil, mais pas tout à fait
Brad Binder est l’un des cas les plus intéressants du MotoGP. Ses saisons ne se ressemblent pas du tout d’une année à l’autre. En 2022, il opte pour une philosophie conservatrice, jouant sur la régularité et tombant peu. En 2023, Brad avait décidé d’attaquer à outrance, à chaque fois sur le fil du rasoir, ce qui s’est avéré payant d’un point de vue comptable. En 2024, il réalise une saison hybride, reprenant la régularité dans les performances de 2022, mais aussi et malheureusement, les erreurs de jugement constatées en 2023.
Brad Binder n’a brillé que sous projecteurs vous le Qatar. Photo : KTM
Sa campagne a été plutôt réussie et sans aucun doute frustrante. A la cinquième place du championnat, il se trouve dans une sorte de juste milieu vicieux. C’est le “le meilleur du reste”le pilote non Ducati le mieux classé, mais malheureusement loin d’être quatrième, Enea Bastianini. Il termine avec quelques points d’avance sur Pedro Acosta, mais 186 points derrière « Bestia ». Bref, il ne pouvait pas faire mieux. Sur ce point, c’est une réussite.
Cependant, je ne suis pas non plus fasciné par le Sud-Africain. D’abord, il n’a pas oublié l’agressivité en 2023. A plusieurs reprises, il a tenté son fameux passe-bloc ne le faites pas
je pense que tout le monde irait bien. Il est très difficile à dépasser, et c’est une bonne chose, mais personnellement, je n’aime pas son style. D’ailleurs, Pecco Bagnaia et Marco Bezzecchi en ont fait les frais à Jerez en Sprint, suite à une énorme erreur de jugement.
Ensuite, cela n’a pas vraiment payé. Hormis cette première manche au Qatar au cours de laquelle il a cumulé deux deuxièmes places, il n’est jamais revenu dans le top 3que ce soit en Sprint ou en Grand Prix. C’est assez incroyable pour un pilote du niveau de Brad Binder, et décevant aussi. L’année dernière, il a concouru pour les victoires avec Jorge Martin et Pecco Bagnaia, tandis que cette saison, il a eu toutes les difficultés du monde à contenir Pedro Acosta qui bénéficiait du même équipement. Des questions se posent donc.
L’homme de la situation ?
KTM n’a jamais opposé un pilote aussi fort que Pedro Acosta à Brad Binder en MotoGP. Je l’avais évoqué en début de saison, précisant que le véritable test arriverait en 2024 pour le prodige. Et les conclusions font mal. Sur une moto réputée difficile à apprivoiser, Acosta, également crack, a largement rivalisé avec Binder. Le pire, c’est que je pense que Pedro avait une certaine marge en termes de comptabilité compte tenu de son grand nombre de chutes. Mine de rien, Binder a chuté à 19 reprises (cinquième total le plus élevé de la grille) mais cela n’a pas révélé une vitesse intrinsèque impressionnante comme ce fut le cas pour Acosta. De même, les très bons résultats d’Acosta en qualifications montrer que la KTM RC16 est capable d’aller vite sur un touret pourtant, Binder n’y arrive pas.
Brad Binder se montre trop peu, du moins d’après ce que l’on sait. Photo : KTM
Evidemment, il a été plus difficile de constater ses lacunes face à Pol Espargaro, Augusto Fernandez et Jack Miller, vous l’aurez compris. Mais la révélation Acosta, qui n’a pas non plus réalisé, à mon sens, une saison exceptionnelle, montre que Binder n’est peut-être pas l’homme de la situation.
Un autre point frappant, ce sont ses sorties dans les médias. De tous les pilotes de premier plan, Binder est sans doute le plus discret, le plus effacé. Acosta, de son côté, a directement pris le taureau par les cornes – sans jeu de mots – en alertant sur la situation à Mattighofen. C’est comme si Pedro était déjà assez mûr pour assumer ce programme dont l’avenir est assez incertain.comme si Acosta, en seulement un an, était devenu le visage de KTM, faisant oublier, par sa prestance, sa vivacité et sa fraîcheur, quatre années de travail de Brad Binder. Le Sud-Africain, également prodige, n’a pas vraiment fait entrer KTM dans une autre dimension depuis qu’il est devenu le numéro 1 incontesté sous l’auvent autrichien. Sans minimiser son importance, il semblerait que l’homme de la situation, s’il existe, soit espagnol..
Conclusion
Je ne vais rien te cacher, Brad Binder n’est pas l’un de mes pilotes préférés. J’ai dû avoir du mal avec ce qu’il dégage, avec son image, avec son style de conduite aussi. Mais dans cette partie subjective, j’essaie malgré tout – et même si beaucoup d’entre vous ont du mal à y croire – d’utiliser des arguments objectifs. Et je pense que je ne ment pas quand je dis que Binder, pilote très talentueux s’il en est, n’a pas le charisme, l’insolence ou la rapidité de Pedro Acosta, cadre dur mais logique et légitime. Sa saison s’est bien sûr passée car il n’a pas pu faire mieux, mais ses excès de discrétion et ses excès jouent désormais contre lui.
Je suis curieux de savoir si vous partagez mon opinion concernant Brad Binder, alors, dites-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et non de l’ensemble de la rédaction.
KTM a, en tout cas, un très joli duo. Photo : KTM
Photo de couverture : KTM