Le groupe audiovisuel public a une masse salariale trop élevée et ses 4 000 salariés permanents bénéficient d’un système de congés si généreux qu’il encourage le recrutement d’intérimaires.
Tout en félicitant la Maison Ronde, ses 7 antennes (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, France Bleu, FIP, Le Mouv’) et ses 4 orchestres, la Cour des Comptes vient de rendre un rapport critique sur la gestion de Radio-France.
Car si, avec 30% de part d’audience, le groupe a vu son audience augmenter en 2023 malgré une ligne éditoriale claire, c’est grâce à l’effort considérable demandé aux contribuables.
La Cour rappelle qu’après un plan d’économie de l’audiovisuel public qui s’est étendu de 2018 à 2022, la course aux millions a repris. La dotation allouée par l’État à Radio France pour l’exercice 2024 est de 644,8 millions d’euros en fonctionnement et 8,2 millions d’euros en investissements, selon le groupe public.
Une partie de cette manne publique est consacrée au financement d’une masse salariale (55 % des charges de fonctionnement) que le plan de rupture contractuelle collective initié en 2020 n’a pas permis de réduire dans la mesure espérée.
“Dans ce contexte, des mesures d’économies permises par la pyramide des âges devraient être envisagées pour maintenir une situation équilibrée”, recommandent les magistrats financiers.
Le succès mitigé du plan de résiliation conventionnel n’est qu’une demi-surprise. Pourquoi laisser un aussi bon fromage que Radio France ? Les 5 000 salariés du groupe (environ 4 000 salariés permanents et un millier de salariés occasionnels) travaillent dans une bulle douillette.
« Le cadre social, marqué par des conventions collectives avantageuses et une multiplicité des statuts, ralentit l’adaptation de l’organisation et complique la gestion des équipes », constate la Cour.
Des règles très favorables en matière de congés
On souligne notamment des règles très favorables en matière de congés. Par exemple, les salariés non journalistes bénéficient en moyenne de 12 semaines de congés (et jours de RTT) par an.
Ces règles pèsent sur l’organisation du travail et obligent le groupe à recourir dans une large mesure à des contrats précaires, car il faut beaucoup de voltigeurs pour remplacer les permanents qui se laissent aller.
« La très longue liste des congés pour événements familiaux suscite un certain étonnement » écrit la Cour des comptes : « En 2022, le nombre de ces absences atteint plus de 2,6 jours par salarié en CDI contre 1,6 jour en 2017 ».
Des réformes ont été menées en matière d’instances représentatives du personnel, constate la Cour. Mais, « les questions centrales de l’organisation du temps de travail, des parcours professionnels et de la mobilité interne se heurtent à des résistances du corps social ».
Traduction : les syndicats appellent à la grève dès que les acquis acquis sont menacés, comme ce fut le cas par exemple en mai 2024.
Autre problème de taille : l’érosion des audiences de France Bleu (qui vient d’être rebaptisée « ICI »). Cette chaîne absorbe plus d’un tiers des effectifs et des moyens du groupe sans que la fusion avec France 3, souhaitée par les autorités de tutelle, n’ait réellement d’effet.
“Avec des ressources publiques et commerciales limitées, des mesures d’efficacité doivent être anticipées pour préserver l’équilibre financier de l’entreprise”, conclut le Tribunal, qui, outre les départs naturels, engage le groupe, détenu à 100% par l’Etat, à développer son activité conventionnelle. accords.