Il y a cinq ans, la crise du Covid-19 rappelait au monde l’importance de la souveraineté sanitaire. Produire, voire créer et concevoir localement des médicaments, mais aussi des dispositifs médicaux pour pouvoir soigner sa population en toute indépendance est devenu un idéal à atteindre. En Afrique, des entreprises et des centres de recherche commencent à émerger. C’est particulièrement le cas au Maroc.
De notre correspondant à Rabat,
C’est dans la banlieue de Rabat que Moldiag a implanté son unité de production. Et pour y accéder, vous devez présenter vos identifiants. ” Nous ne sommes pas autorisés à revenir sans cela », explique le Docteur Abdeladim Moumen, fondateur et directeur scientifique de Moldiag. Des équipements de protection (blouses, casquettes, etc.) répondant à des normes strictes. Ici, la start-up fabrique des kits de diagnostic. ” C’est unique en Afrique. Nous sommes les premiers à maîtriser toutes les étapes, depuis le développement 100% marocain jusqu’à l’industrialisation et la commercialisation. », explique-t-il.
Quatre salles en enfilade communiquent par des trappes pour éviter toute contamination. Le processus de production est précis, fruit de dix années d’expérience dans le domaine. ” Nous avons développé six tests, dont le test Mpox. Ils sont cliniquement validés et autorisés à la commercialisation. Nous avons déjà commencé à les commercialiser ailleurs », explains Doctor Abdeladim Moumen.
Des solutions adaptées aux besoins du continent
Hépatite C, tuberculose, leucémie, Moldiag a même récemment produit des tests PCR pour détecter les Mpox, qui ont été ordonnés par la RDC notamment. Un kit de diagnostic qui a réussi à intégrer la liste des tests recommandés par l’Africa CDC, l’agence sanitaire de l’Union africaine, aux côtés de ceux développés par les grands laboratoires américains ou chinois.
« Aujourd’hui, grâce à ces kits, nous pouvons contribuer à la sécurité sanitaire de notre pays », se réjouit Nawal Chraibi, patronne de Moldiag. Elle est également directrice générale de la fondation MAScIR, un centre de recherche qui dépend de l’Université Mohammed VI Polytechnique et qui a développé tous ces tests, permettant l’émergence de compétences locales.
« Nous avons réalisé que les géants du diagnostic n’étaient pas forcément intéressés par les maladies qui touchent le continent africain », souligne le dirigeant. Atteindre la souveraineté sanitaire permettrait de répondre à ses besoins spécifiques, mais cela a un coût. ” Nous ne pouvons pas faire de recherche et investir dans les biotechnologies et les vaccins si notre marché est limité, d’où la nécessité d’avoir un marché aussi vaste que celui de l’Afrique. Le Maroc confirme actuellement sa volonté de devenir une plateforme de recherche sur le continent », analyse le docteur Hamdi Tayeb, chercheur en politiques et systèmes de santé. Aujourd’hui, l’Afrique importe encore 95 % de ses médicaments et la quasi-totalité de ses vaccins.
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