Vingt-cinq ans après Eddie Lawson, le pionnier des pilotes ayant été titré chez deux marques différentes d’une année sur l’autre, Valentino Rossi a réalisé le transfert inverse de celui de l’Américain, et avec le même succès.
L’Italien s’était imposé à trois reprises avec Honda, une fois en 500cc puis deux fois lors de la création du MotoGP moderne, lorsqu’il quitta le groupe pour rejoindre une autre marque japonaise. L’étonnement a été total au HRC, tout comme les spéculations sur l’échec annoncé du défi relevé par Rossi. Car l’équipe Yamaha n’était à l’époque que l’ombre d’elle-même : en 11 ans, elle n’avait pas remporté un seul titre et ne comptait qu’un peu plus de 20 victoires, très loin des chiffres du mastodonte Honda.
Cependant, l’environnement du HRC ne convenait plus à Rossi, qui s’y sentait peu valorisé et mal à l’aise avec la froideur ambiante. Il y avait un mouvement à jouer et Lin Jarvis et Davide Brivio l’ont parfaitement compris. Ils s’employèrent ensuite à convaincre Yamaha de le recruter, grâce à la force de conviction de Masao Furusawa auprès du management, puis à attirer le Docteur dans leurs filets en misant justement sur le défi que cela représenterait pour lui, et c’est l’argumentaire qui fit mouche.
Malgré le déséquilibre entre Honda et Yamaha jusque-là, la victoire a été immédiate. Rossi s’est imposé lors du premier Grand Prix de la saison 2004, l’épreuve mythique de Welkom rythmée par son duel avec Max Biaggi, un de ses adversaires du clan Honda avec Sete Gibernau. Il valide alors un premier exploit inédit, celui de remporter la dernière manche d’une saison et la première de la saison suivante chez deux constructeurs différents : de quoi faire taire les plus dubitatifs !
Welkom 2004, le Grand Prix mythique qui incarne à lui seul l’exploit de Valentino Rossi cette année-là.
Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images
En Espagne puis en France, pour les deuxième et troisième Grands Prix de la saison, Rossi s’est arrêté au pied du podium, mettant fin à une série de 23 courses terminées au box. Seul le rêve reprend très vite, avec trois victoires consécutives qui le relancent dans le championnat. Malgré une chute à Rio et une autre quatrième place en Allemagne, il est resté au contact de Gibernau avant une seconde partie de saison proche de la perfection à l’exception de la verrue qui restera le GP du Qatar où Rossi et Biaggi ont été sanctionnés après le nettoyage de leur emplacement sur la grille.
Même cet épisode n’a rien changé. Biaggi, puis Gibernau n’ont pas réussi à suivre le rythme de leur Honda et, au volant d’une M1 qui était devenue son double, Rossi s’est lancé dans la course au titre, le premier pour Yamaha depuis 12 ans. C’était aussi pour lui la première étape d’une longue et importante histoire d’amour avec le constructeur d’Iwata, d’autant plus idyllique que très peu d’observateurs tablaient sur la réussite de ce pari alors qu’il avait lance.
VIDÉO – Valentino Rossi, 20 ans de victoires
Le défi impossible de Martin ?
Alors, Lawson, Rossi et maintenant Martin ? L’Aprilia pour laquelle il quitte la Ducati a de quoi être prudente, mais son prédécesseur italien a prouvé que tout n’est pas écrit d’avance. D’autant qu’en parvenant à changer de moto en un clin d’oeil, il affirme s’être rendu compte du bon niveau de la RS-GP…
L’organisation actuelle prévoit que le premier test officiel d’une nouvelle saison – de l’intersaison, en réalité – a lieu à peine deux jours après le lever de rideau sur la précédente. Les contrats liant pilotes et équipes courent jusqu’au 31 décembre, il n’est pas certain que chacun puisse participer à cette épreuve au sein de sa nouvelle équipe, cependant il est de tradition que les marques soient flexibles sur ce point, chacun ayant son intérêt à accueillant son nouveau pilote.
Le cas contraire mémorable est justement celui de Valentino Rossi. Lorsqu’il a quitté Honda avec des pertes et des chutes, la #46 n’a pas été autorisée à démarrer l’intersaison avec son nouveau constructeur et il a donc dû attendre le début de la nouvelle année pour monter sur sa nouvelle moto. Martín a donc pris une longueur d’avance et, si le défi qu’il se lance a toutes les raisons de paraître impossible, ce que Rossi a réalisé il y a précisément 20 ans est le meilleur argument pour lui faire croire que le rêve est permis…
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Valentino Rossi
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