La bonne odeur de baguette chaude flotte dans l’air à Thérouanne (Pas-de-Calais). Un an après les inondations qui ont dévasté le Pas-de-Calais, la boulangerie Saint-Georges affiche complet depuis sa réouverture. Les lots ont repris il y a un peu plus d’un mois, après un an de fermeture. C’est la conséquence de deux inondations : la première qui a eu lieu en novembre 2023, puis la seconde en janvier dernier. Le centre de la commune fut de nouveau inondé par le débordement du Saint-Augustin, affluent de la rivière qui traverse la commune.
“Il y avait 80 cm d’eau” : Élodie, qui travaille ici depuis 2016, indique qu’il ne reste plus rien de la boulangerie qu’elle a connue car tout a dû être refait. « Ici vous avez un nouveau local qui a été aménagé pour le laboratoire, cela concerne tout ce qui sera pizzeria et traiteur. Tout a été refait. Tout, du placo aux plinthes. Les portes ont dû être changées. Le plafond aussi, car avec l’humidité tout a été remonté, l’électricité de A à Z”.
L’assurance a soutenu la boulangerie. Il n’y a plus aucune trace visible de la montée des eaux mais dans la tête d’Élodie, le traumatisme est toujours là. «Ça faisait un torrent, ça ressemblait à une rivière. Lorsque les portes s’ouvrirent, cela ressemblait à un bruit de rivière. Nous avons dû fuir. Alors franchement, ça a été un choc. Après, nous étions au chômage. C’était surtout pour mon patron que nous nous inquiétions..
Dans la rue derrière la mairie, au pied des petites maisons de briques rouges, il y a encore, un an plus tard, des sacs de sable entassés près des garages comme chez Eugénie. « Les habitants ont peur que cela se reproduise et ne s’en séparent pas. D’ailleurs, nous avons un stock derrière la salle des fêtes qui est également resté là.
Les habitants les avaient positionnés pour retenir l’eau, en vain. Après le retrait des inondations, il a fallu abattre les murs de la maison de la jeune femme, qui n’étaient plus sains. A son entrée, elle a également installé depuis un batardeau, sorte de petite digue amovible si une nouvelle crue arrivait un jour.
Il reste deux maisons inhabitables dans la ville. La réparation des berges n’est pas encore terminée. Les routes, très endommagées, ne sont pas couvertes par les assurances. Selon Alain Chevalier, maire de Thérouanne (Pas-de-Calais), la commune a encore besoin de 300 000 €. « C’est la commune qui devra trouver cet argent sur son budget. Nous allons tous nous serrer la ceinture.
Mais le plus important pour l’élu, ce qui protégera sa commune dans le futur, ce sont de grands travaux en amont : des retenues collinaires pour empêcher l’eau de s’écouler dans la vallée. Un projet est prévu, soutenu en partie par l’État. Son coût : des millions d’euros. Mais le maire attend de voir si cela sera réalisé, en raison de la crise politique que traverse l’État concernant le budget 2025. Un travail de longue haleine donc, qui nécessitera aussi des expropriations et qui prendra du temps, ajoute-t-il.