Les services de sécurité ont une vue sur des dizaines de jihadistes confirmés en Syrie, hommes et femmes, partis combattre depuis la Belgique. Certains sont en liberté. D’autres, détenus. Mais la situation pourrait changer rapidement dans ce pays en pleine restructuration.
Sur une échelle de 1 à 4, l’OCAM, l’organisme coordonnateur de l’analyse des menaces, évalue à 3 le risque en cours actuellement en Belgiquey compris celui d’un attentat terroriste. Un niveau de menace jugé « sérieux », et que les bouleversements internationaux de plus en plus réguliers ne cessent d’alimenter.
Récemment, la chute du régime d’Assad au profit du groupe HTC (par exemple Hayat Tahrir al-Cham, ou Organisation de libération du Levantune organisation islamiste dont les membres ont autrefois applaudi les attentats commis en France et en Belgique par l’État islamique), attire sans surprise l’attention des services de sécurité occidentaux – Belges inclus. Et pour cause : maintenant que le poids de plomb que le régime faisait peser sur la population a fondu, on s’inquiète de ce qu’il adviendra de combattants ouvertement islamistes et lié à la Belgique.
Hommes et femmes
L’OCAM avait déjà identifié, au nord-ouest de la Syrie, avant le début de l’offensiveune trentaine de « FTF » (pour les combattants terroristes étrangers, combattants terroristes d’origine étrangère, en l’occurrence originaires de Belgique, ce qui ne signifie pas qu’ils ont la nationalité belge). Sur ce plateau, une dizaine serait active au sein de HTS« sans que leur fonction précise, éventuellement combative, soit connue ».
Au nord-est, au moins treize hommes et huit femmes estampillés « FTF » sont détenus dans les centres de détention, toujours selon l’OCAM, qui dénombre également un dix enfants (on parle a priori de neuf mineurs).
Interrogée sur les Belges éventuellement libérés après la chute du régime, la Sûreté de l’Etat s’en tient aux chiffres de l’OCAM, précisant que les « FDF » détenus dans le nord-est sont sous le contrôle des forces kurdes — les prisons ne sont pas ouvertes, mais cela pourrait changer dans les semaines à venir.
Au nord-ouest, du côté d’Idlib, où l’offensive du HTC a débuté début décembre, la Sécurité a plus ou moins identifié 24 combattants « FDF » (hommes et femmes), y compris une poignée (entre cinq et dix) aurait des liens directs avec HTC. Des dizaines de mineurs (au moins 48)aurait également été identifiée. Des chiffres à prendre avec prudence, compte tenu de l’instabilité persistante dans la région et dans le reste du pays.
Ce qui explique au passage que la Belgique, en phase avec ses alliés européenstente de trouver les conditions optimales pour surveiller « ses » jihadistes. Ce vendredi, nous avons noté la présence à Damas, au nom de l’UE, des ministres des Affaires étrangères français et allemand, soucieux de « tendre la main » aux nouveaux maîtres de Damas. Ce jeudi, le ministre belge des Affaires étrangères, Bernard Quintin (MR)était pour sa part en Turquie, implorant son homologue pour que la sécurité des camps où sont emprisonnés ces jihadistes est assuréeen attendant que le prochain gouvernement fédéral se prononce sur le sort de ces « FTF », ainsi que des mineurs liés à la Belgique.
Finalement, fin décembre, un émissaire belge, accompagné de l’ambassadeur à Beyrouth (Liban)avait été envoyé à Damas, afin de sonder les nouvelles autorités sur leurs intentions. La nouvelle se voulait rassurante, HTC n’étant visiblement pas pressé de bouleverser brusquement le pays, affichant une volonté de « réconciliation nationale ». Cependant, aucun détail n’a été filtré concernant le sort des jihadistes (emprisonnés ou libres) et liés directement ou indirectement à la Belgique.