Impossible de fuir un domicile violent parce que le taxi refuse le chien d’assistance

Une femme de Saint-Ferréol-les-Neiges affirme n’avoir pu échapper à une situation de violence conjugale parce qu’une compagnie de taxi a refusé de la prendre à bord, elle et son chien d’assistance.

La Commission des droits de l’homme et des droits de la jeunesse (CDPDJ) y voit une discrimination fondée sur le handicap ou sur les moyens de compenser ce handicap.

Elle demande au Tribunal des droits de la personne de poursuivre le chauffeur et principal actionnaire de Taxi Multiservice Côte-de-Beaupré, Normand Lachance, pour des faits remontant au printemps 2023.

Stress post-traumatique

La plaignante dans cette histoire, Marie-Claude Émond, souffre de trouble de stress post-traumatique, de trouble d’anxiété généralisée, de trouble d’attaque de panique et d’agoraphobie sévère.

Pour l’aider à surmonter son handicap, elle a récemment eu recours à un chien d’assistance, peut-on lire dans la requête introductive d’instance déposée par les avocats de la CDPDJ.

The company Taxi Multiservice Côte-de-Beaupré is established in Sainte-Anne-de-Beaupré.

Photo : Crédit : Facebook / TAXI Multiservice CDB

Engagée dans une relation conjugale violente, la résidente de Saint-Ferréol-les-Neiges dit vivre dans un état de peur constante ce qui l’empêche de travailler.

Même si elle était alors propriétaire d’un véhicule, Mme Émond se sentait souvent incapable de conduire. C’est particulièrement le cas lorsqu’elle vit des épisodes d’anxiété et prend des médicaments.

Accès refusé

Le 23 mars 2023, elle contacte Normand Lachance via la plateforme Messenger de son entreprise pour lui demander s’il accepterait de prendre son animal à bord dans le cas où elle aurait besoin d’un service de transport.

Le copropriétaire de Taxi Multiservice Côte-de-Beaupré a répondu que la politique opérationnelle de son entreprise interdit le transport d’animaux. Si l’on en croit un échange de messages texte qui était joint à la demande introductive d’instance, M. Lachance serait allergique aux animaux et aimerait éviter les frais de ménage en cas de dommage provoqués par eux.

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Au Québec, les chiens d’assistance doivent être acceptés dans les lieux publics, les commerces et les résidences. (Photo d’archives)

Photo : CBC / Ashley Burke

Le 11 avril 2023, Marie-Claude Émond tente d’échapper à un épisode de violence conjugale, mais elle peine à y parvenir faute de moyens de transport. Le plaignant a besoin d’un service de taxi […] mais n’y a pas accès puisque le service a été refusépeut-on lire dans le procès.

Il est à noter que le document judiciaire ne précise pas si Mme Émond s’est vu refuser les services de Taxi Multiservice Côte-de-Beaupré ce jour-là, ou si elle attribue ce refus aux messages texte qu’elle a échangés avec Normand Lachance le mois précédent.

De plus, rien ne permet de croire que M. Lachance était au courant que Mme Émond tentait de fuir un foyer violent.

Isolement

Qu’à cela ne tienne : aux yeux du CDPDJil a violé les droits de Marie-Claude Émond protégés par la Charte des droits et libertés de la personne.

L’organisme indépendant accuse notamment Normand Lachance d’avoir violé l’article 10 de la Charte, qui interdit toute distinction, exclusion ou préférence fondée sur […] handicap ou le recours à un moyen pour compenser ce handicap.

Le plaignant se sentait isolé, seul, vulnérable et sans moyen de transportavancer CDPDJ.

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La requête introductive d’instance déposée par les avocats de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse est datée du 12 décembre 2024.

Photo: - / Louis Gagné

Elle ajoute que l’offre de transport limitée à Saint-Ferréol-les-Neiges a incité Marie-Claude Émond à déménager dans un centre urbain afin d’avoir une solution de secours au cas où sa sécurité serait à nouveau compromise. .

6 500 $ réclamés

La Commission demande au Tribunal des droits de la personne de condamner Normand Lachance à lui verser la somme de 6 500 $ à titre de dommages moraux et punitifs et de lui ordonner de cesser de refuser ses services de transport par taxi aux personnes accompagnées d’un chien d’assistance.

Le CDPDJ demande également au tribunal d’ordonner à M. Lachance de s’assurer que son entreprise modifie sa politique opérationnelle excluant le transport d’animaux afin de prévoir une exception pour les animaux d’assistance, et modifie les panneaux sur ses véhicules qui indiquent animaux interdits en ajoutant la mention sauf pour les animaux d’assistance.

Avec la collaboration de Yannick Bergeron

 
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