L’annonce de cette “fausse découverte n’est pas nouvelle, puisqu’elle date de 2022, assure elEconomista.es Jorge Navarro, vice-président de l’AGGEP (Association des géologues et géophysiciens espagnols du pétrole) et professeur à l’Université Polytechnique. Selon lui, “il n’y a jamais eu de découverte, ce que nous avions déjà précisé à l’époque au sein de l’AGGEP”. Selon ses explications, tout est né d’une interprétation erronée des chiffres relatifs aux ressources prospectives (c’est-à-dire aucune découverte) fournis par la société britannique Europa Oil & Gas, titulaire du permis Inezgane au large d’Agadir (Maroc).
Cette prétendue découverte pétrolière qui a fait la une des médias espagnols et marocains tourne autour d’un document rédigé par Europa Oil & Gas pour trouver un partenaire financier pour le forage d’un puits d’exploration sur le permis d’Inezgane, situé dans les eaux offshore du Maroc, au large la côte d’Agadir. « Ce type de document, connu dans le jargon pétrolier sous le nom d’amodiation, sert à proposer la vente d’une participation dans un permis à d’autres entreprises », explique le professeur Jorge Navarro.
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Les volumes de ressources prospectives (c’est-à-dire encore non découvertes) correspondant aux 5 prospects qui, selon cette évaluation, présentaient le plus grand potentiel, ont été détaillés, précise le document publié par Europa Oil & Gas en 2022. Pour chaque prospect, des volumes ont été fournis selon à différents percentiles : un P90 (estimation la plus conservatrice), un Pmean (estimation moyenne) et un P10 (estimation la plus optimiste), exprimés en millions de barils équivalent pétrole (mmbep), et répartis à parts égales selon trois objectifs exploratoires (cibles) : primaires, secondaires et tertiaires, explique le géologue espagnol.
“La somme des volumes moyens des cinq prospects pour l’objectif principal s’élève à 1 670 mmbep”, commente le professeur Navarro, soulignant que si la découverte de cette quantité de pétrole devait être confirmée, elle suffirait à couvrir la consommation en Espagne pour trois ans, soit un an de plus que les chiffres publiés par les médias. Il a expliqué que pour confirmer un tel volume de pétrole (plus de 1.600 millions de barils), il aurait fallu forer les 5 prospects, c’est-à-dire réaliser 5 puits d’exploration, et que tous soient positifs d’ici montrant des chiffres similaires à ceux estimés précédemment. Ce scénario, bien que théoriquement possible, nécessite des investissements considérables et un taux de réussite exploratoire élevé.
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Et de poursuivre : « En l’absence de toute entreprise intéressée à participer à l’exploration, Europa Oil & Gas a été contrainte de renoncer au permis. Cela est dû au fait que la prochaine phase d’exploration nécessitait, dans le cadre des obligations contractuelles avec l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), le forage d’un puits d’exploration, un engagement que la société n’a pas pu honorer en raison de son manque de capacité financière. Ainsi s’est terminée l’histoire du permis d’Inezgane. »