entre problèmes de distribution et premiers pas numériques

entre problèmes de distribution et premiers pas numériques
entre problèmes de distribution et premiers pas numériques

La chaîne du livre souffre dans le Royaume, ce n’est un secret pour personne. ECO Inspirations a interrogé deux acteurs historiques du secteur pour recueillir leurs constats et leurs espoirs.

En 2019, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié un avis intitulé « Promouvoir la lecture, l’urgence et la nécessité ». Le constat alarmant pointait « à travers notre pays, le déclin de la lecture et des activités contribuant à consolider et enrichir les connaissances et les savoirs du citoyen ».

Ce déclin s’explique notamment par l’absence d’un environnement familial et éducatif favorable à la lecture, un nombre insuffisant de bibliothèques publiques, malgré les actions réelles déployées « tant par les pouvoirs publics que par les acteurs de la société civile. « .

Des chiffres alarmants
Le rapport 2022-2023 de la Fondation Roi Abdul-Aziz Al Saud pour les études islamiques et les sciences humaines ne donne, quant à lui, pas de raisons particulières d’espérer une amélioration à court terme, mais précise quelques chiffres. La production éditoriale pour 2002-2023 comprend 3 482 titres.

Pour près de 37 millions d’habitants, ce n’est pas grand-chose ! 79,1% de la production littéraire et intellectuelle est en arabe, la langue française représente 16,31% et l’amazighe 1,5% (mais 6,53% de la production littéraire).

Ainsi, rien que pour les romans, la fondation en compte 179 en arabe, 63 en français, 12 en amazigh et trois dans d’autres langues. La poésie est plus active en arabe, avec 160 titres, contre 22 en amazigh et 20 pour les autres langues.

Quant aux traductions, elles ne représentent que 6,46% du total des publications. A noter que 64,64% des auteurs marocains écrivent en arabe, leur production en français ne représentant que 27,5%. Les éditeurs privés ont publié 1 329 titres cette année-là. Mais seuls 19 d’entre eux ont publié plus de 20 livres, ce qui laisse entrevoir les difficultés que peuvent rencontrer les « petits » éditeurs. Autre donnée clé : le prix moyen du livre avoisinait 83,70 dirhams, en baisse de près de 13 dirhams par rapport à l’année précédente.

La digitalisation à ses balbutiements
Les publications papier représentent 92 % des titres. Dans le détail, la production numérique constatée par le rapport de la fondation est principalement due aux institutions et à leurs rapports, le plus souvent techniques ou juridiques.

L’édition numérique en est donc à ses balbutiements, comme nous l’ont confirmé deux acteurs historiques du secteur de l’édition, Layla Chaouni et Bichr Bennani, en s’appuyant sur leurs expériences respectives.

Le Fennec vient d’ouvrir un service de vente en ligne sur son site internet, tandis que Tarik Éditions propose une sélection de titres au format e-book sur des plateformes étrangères.

Pour les livres papier, leurs témoignages expriment une satisfaction globale de l’imprimerie et de la fabrication marocaines en général, mais un énorme manque de distribution, avec un secteur de la librairie dévasté.

Leurs idées sur la manière de soutenir l’ensemble du secteur peuvent varier, mais s’accordent sur la nécessité de trouver de nouvelles solutions innovantes. Au risque parfois de surprendre les autres acteurs de la chaîne…

Murtada Calamy / Inspirations ECO

 
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