Gestion du patrimoine départemental, des captages d’eau ou encore des voiries communales… Rappels de la loi aux maires

Qui est considéré comme électeur d’une section ? En tant que maire, ai-je l’obligation de raccorder une maison isolée au réseau d’eau potable ? Un citoyen peut-il interdire l’accès à une route rurale ? Voici quelques-unes des questions que les élus se poseront sans doute au cours de leur mandat. Car la gestion du patrimoine départemental, des captages d’eau ou encore des voiries communales sont des sujets qui soulèvent, de par leur complexité, de nombreuses questions. « Elles sont récurrentes », observe Bernard Souvignet. Et les réponses, pas toujours évidentes… Pour éclairer les porteurs du foulard tricolore, le président de l’association des maires de Haute-Loire, en lien avec la Chambre interministérielle des notaires d’Auvergne, a donc apporté « une taille », récemment, au Département. Son nom : Julien Goze.

Spécialisée en droit public et environnemental, la juriste-consultante du Centre de recherche, d’information et de documentation notariale (Cridon) de Lyon, a animé une conférence sur ces enjeux du quotidien qui nécessitent que les élus aient une parfaite connaissance de leurs droits et devoirs. L’occasion pour les quarante maires, leurs directeurs de département et leurs secrétaires, de se faire servir des rappels à la loi.

Marchandises sectionnelles

Le problème de la propriété sectionnelle est que ce qui est vrai pour une commune ne l’est pas forcément pour le hameau voisin. « Il y a toujours des cas particuliers », résume Bernard Souvignet, président de l’AMF 43. En l’occurrence, il n’y en a qu’un en Haute-Loire : la commune de Pertuis. Elle est la seule du département à disposer d’une commission syndicale, chargée d’assurer la gestion du patrimoine de la section.

Partout ailleurs, en l’absence de commission syndicale, “la compétence revient de droit au conseil municipal”, a rappelé jeudi Julien Goze. Autrement dit, la loi l’autorise à vendre tout ou partie du bien dans la section « pour réaliser son projet de lotissement » par exemple. Les électeurs de la section ont cependant leur mot à dire. Ils doivent être consultés par la mairie “dans les six mois qui suivent la transmission de la délibération du conseil municipal”, a ajouté l’avocat. « A défaut d’accord, le préfet statue, par arrêté motivé. Il peut passer outre l’opinion des électeurs pour approuver la vente – ou la refuser. Il est votre allié », a réitéré l’orateur aux élus réunis au Département.

Conférence de Julien GOZE, avocat, à l’invitation de l’AMF 43 et de la chambre interministérielle des notaires.

Autre arme secrète du conseil municipal : il peut demander à la préfecture que les biens lui soient transférés pour simplifier leur gestion, « si la mairie paie les impôts de section depuis plus de trois ans ». Mais encore faut-il pouvoir certifier que « le non-paiement des impôts est dû à un dysfonctionnement de la section et que les recettes de cette dernière sont trop faibles », a précisé Julien Goze, avant de passer au chapitre suivant.

Captages d’eau

« En droit, il n’y a pas d’obligation de raccordement au réseau d’eau potable, sauf si un règlement sanitaire le prévoit », a rappelé l’avocat de Cridon. En Haute-Loire comme ailleurs, les habitants sont donc libres de s’approvisionner en eau à une source ou à un forage. Mais ceux-ci doivent être déclarés à la mairie. “Pourquoi est-ce important?” « . Car cette formalité administrative donne « une existence légale » à ces installations, dans un contexte où le manque d’eau pousse les pouvoirs publics (notamment dans le sud de la ) à prendre de nouvelles mesures pour préserver la ressource.

Par exemple : et si, demain, un périmètre de protection immédiat est mis en place autour du point de prélèvement d’eau, qu’adviendra-t-il du propriétaire qui n’aura pas déclaré son captage ? Il « risque de voir son terrain exproprié dans le cadre d’une déclaration d’utilité publique, et d’être privé d’eau, sans pouvoir prétendre à une indemnisation. Il faut en parler à vos concitoyens », recommande Julien Goze, rappelant aux élus que leur champ d’action s’arrête à l’eau dite domestique. (lorsque cette compétence n’a pas été transférée aux intercommunalités et aux syndicats de directionNDLR), celle dédiée à la consommation humaine. À une exception près : « si une pollution ou tout autre danger imminent est constaté, le maire dispose alors de pouvoirs généraux de police ».

 
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