à Bastide-Niel, “on se sent encore un peu seul”

SAvenue Thiers, on commence par « L’Entreprise ». Le nom du navire « Star Trek » volontiers utilisé de ce côté de la Bastide pour la clinique ophtalmologique et ORL. «On a changé les temps», sourit Bertrand, un octogénaire atteint de deux cataractes dont la première a été soignée dans l’ancien établissement du groupe GBNA. Les 6 000 m² de l’établissement privé ouvert il y a presque deux ans sont ici le totem d’entrée du nouveau quartier Bastide-Niel, en chantier depuis dix ans.

A gauche, l’opérateur NFU-Oui Santé fait construire par Legendre un centre médical qui comprendra dans ses 4 215 m² un service « petites urgences » (7j/7 et de 19h à 22h). « Un café d’insertion est prévu au rez-de-chaussée », informe Claire Vendé, directrice de Bordeaux Métropole Aménagement (BMA), aménageur du quartier avec Aquitanis et Domofrance. De l’autre côté du « navire » blanc, le site Bord’ha, premier projet de Bastide-Niel où cohabitent agence d’architecture (Hobo), habitat participatif, logement social et coworking.


L’architecture emblématique du quartier, conçue par Winy Maas pour un soleil partagé.

Fabien COTTEREAU / SO

Frontière ferroviaire

« Nous sommes l’interface avec l’ancienne Bastide, un quartier attachant et renouvelé », explique Pierre Cara, architecte résident. Depuis plusieurs mois, il constate la croissance du R+8 et des 72 logements que Domofrance glisse entre son immeuble et le gymnase de Thiers. « On a hâte d’avoir la rue piétonne verte à l’arrière. » Son agence gère également l’extension en cours de l’hôtel Eklo, avenue Abadie, à côté du siège d’Ubisoft. Derrière la clinique, Legendre gère toujours une opération de 187 logements et un parking de 440 places.


Le centre d’accueil pour demandeurs d’asile, ouvert depuis dix-huit mois, en bordure de la voie ferrée, obstacle persistant à l’homogénéité du quartier… levé en 2026.

JJ

On gravit le pont Bouthier, à l’est, au-dessus du toujours grand obstacle à l’homogénéité du quartier : la voie ferrée désaffectée. Dix ans que la SAS Bastide-Niel et la SNCF discutent. « Nous rachèterons l’emprise début 2026 », annonce Claire Vendé. Rue de la Rotonde, on longe le Centre d’accueil pour demandeurs d’asile ouvert il y a dix-huit mois, les Archives de Bordeaux Métropole, dinosaure local (2016), pour découvrir le tout nouveau Parvis d’Orion conçu par Crédit Agricole Immobilier.


Éléa Lartigue, nouvelle résidente au Parvis d’Orion, 61 logements livrés à l’été 2024.

JJ

Casse-tête de stationnement

« J’ai emménagé en juillet après deux mois de recherches compliquées », raconte Éléa Artigue, étudiante en BTS de 19 ans au lycée de Brémontier. Elle paie 600 euros par mois pour un 31 m²studio parmi les 65 logements. « Le gros problème, c’est le stationnement. » A Bastide-Niel, des sens uniques et bientôt des rues-jardins dirigeront les voitures vers de rares parkings : les deux existants sont côté Garonne. Encore inexistants : les commerces de proximité.

Pauline et Valentine, étudiantes à l'Essca qui a repris l'ancien mess des officiers de la caserne Niel.


Pauline et Valentine, étudiantes à l’Essca qui a repris l’ancien mess des officiers de la caserne Niel.

JJ

Derrière, au pied de l’Essca, une école privée de management qui ouvrira ses portes en 2023 (800 étudiants), Pauline et Valentine, 18 ans, respirent avant leur mi-session. De l’autre côté de la rue, les parents sont devant l’école Billie-Holiday. « On se sent quand même un peu seuls mais le calme fait du bien aussi », sourit Morgane, maman de deux élèves. Entre l’Essca et les Archives, il reste encore des clôtures de chantier : le campus Galène (168 logements étudiants et un autre lycée privé) sont attendus pour la rentrée 2025. Au Centre de et d’Éducation Musicale la danse est prévue en mai 2026.

“Préféré”

Remontez la rue Hortense. Les ouvriers quittent le chantier controversé de 119 logements du promoteur Marignan. Axanis, filiale d’Aquitanis dédiée à l’accessibilité sociale, y développe 36 appartements. Quai des Queyries, les boutiques de Darwin, pionnier du quartier (2007), font le plein. On monte à 5e étage de Green Valley (Pichet), résidence composée de trois bâtiments évasés autour d’une cour-jardin en cours d’aménagement. « La vue sur la Garonne, l’appartement : nous en sommes tombés amoureux », résume Anthony Imhof, qui loue depuis un an ce duplex de deux chambres avec sa compagne pour 1 350 euros par mois. « Même s’il y a des infiltrations d’eau, c’est toujours un travail en cours. »

Un des trois immeubles de Green Valley, résidence Pichet quai des Queyries.


Un des trois immeubles de Green Valley, résidence Pichet quai des Queyries.

JJ

Anthony regarde les 54 logements sociaux de Domofrance habités depuis cet automne : « Pour une fois, ils ont aussi une belle vue… » Au fond, le dépôt de bus TBM et une immense friche occupée par deux grues Legendre : 32 logements et un silo parking de 440 places en vue. Et partout il y a des terrains en attente de projets, de permis de construire, de chantiers. En 2025, un quart des logements sera livré à la Bastide-Niel, une « ville » de 10 000 Bordelais.

Dates et numéros

2009 Année de création de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) Bastide-Niel.
2014 Choice of the Bordeaux Métropole Aménagement (BMA)/Aquitanis/Domofrance group as developer.
35 En hectares, la superficie de la ZAC Bastide-Niel.
4 200 Le nombre de logements envisagés à long terme (1 500 locations sociales, 1 000 en accession sociale, 1 700 gratuites).
63 000 En mètres carrés, les surfaces d’activités commerciales, tertiaires ou d’équipements publics.

 
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