Souvenez-vous, l’année dernière, en 2023 : au terme d’une saison dominée par Red Bull et Max Verstappen (21 victoires en 22 Grands Prix pour l’écurie autrichienne), on se demandait si la saison à venir n’avait pas été la plus fade de la 21e. siècle en Formule 1. Un an plus tard, c’est la question inverse que l’on se pose : et si la campagne qui vient de s’achever était finalement la meilleure de notre siècle ?
Les arguments en faveur de cette saison 2024 sont nombreux, ne serait-ce que par les statistiques : en 24 Grands Prix – la saison la plus longue de l’histoire, faut-il le rappeler – nous avons eu sept vainqueurs différents. Un joli chiffre… mais qui est encore plus impressionnant quand on sait que ces sept vainqueurs ont tous remporté au moins deux Grands Prix cette année, un record dans l’histoire de la discipline ! Max Verstappen (9 victoires), Lando Norris (4), Charles Leclerc (3), Lewis Hamilton (2), George Russell (2), Oscar Piastri (2) et Carlos Sainz (2) ont chacun été plusieurs vainqueurs de Grands Prix. Prix en 2024. On l’avait presque oublié tant ils jouaient aux avant-postes, mais les deux pilotes McLaren ont remporté leur premier Grand Prix cette année !
Il y a eu bien d’autres records cette saison : Fernando Alonso est par exemple devenu le premier pilote à franchir la barre des 400 Grands Prix, McLaren est devenue la première équipe de l’histoire à n’enregistrer aucun abandon, Oscar Piastri a battu le record du nombre de tours effectués en un seul Grand Prix. saison et enfin, grâce à son incroyable victoire à domicile, Lewis Hamilton a battu de nombreux records avec son neuvième succès à Silverstone.
Quatre équipes en lice pour les victoires
Au-delà des records, c’est l’incertitude de chaque week-end de course qui nous a tenu en haleine jusqu’au dernier Grand Prix, à Abu Dhabi début décembre. Malgré un début de saison quasiment à sens unique pour Max Verstappen et Red Bull, vainqueurs de sept des dix premières courses du championnat, la deuxième partie de saison a été bien plus compétitive que ce qu’on aurait pu espérer après Bahreïn en mars dernier. ! Les pilotes Ferrari, McLaren et Mercedes, sans oublier Max Verstappen, ont tous su se battre pour la victoire, chacun avec des dynamiques différentes, des moments parfois poussifs et des sursauts inattendus. Après Bahreïn, qui aurait imaginé que Mercedes enregistrerait quatre victoires cette saison ? Qui aurait pu imaginer une bagarre entre McLaren et Ferrari au Championnat des Constructeurs ? Qui aurait pu croire que Red Bull ne terminerait que troisième dans ce même championnat ?
Ce championnat qui, en fait, a été bien plus disputé que prévu, et cela n’était pas pour nous déplaire. Chez les Pilotes, Max Verstappen a su capitaliser sur son incroyable début de saison pour jouer les épiciers lorsque la Red Bull RB20 a décliné après la trêve estivale et conserver une solide avance face à Lando Norris. Le Britannique y a cru jusqu’au bout, à cette folle remontée, mais s’est heurté à l’impitoyable champion du monde qui, dans les moments difficiles, est allé parfois jusqu’au bout et même au-delà pour perturber l’effort de son ami et rival anglais. Avec quatre victoires en poche et des duels coriaces face au Néerlandais, Lando Norris s’est toutefois enhardi en vue de 2025, où il sera cette fois un sérieux prétendant au titre.
Le retour de la McLaren contre Ferrari
Mais Max Verstappen et Lando Norris n’ont pas été les seuls protagonistes de cette intense saison 2024. Troisième du championnat, Charles Leclerc a peut-être réalisé sa meilleure saison en Formule 1 avec des victoires prestigieuses et émouvantes à Monaco et Monza, sans oublier celle d’Austin. Carlos Sainz réalise également sa meilleure performance avec deux succès, dont un incroyable retour à Melbourne, deux semaines seulement après son opération de l’appendicite. Les deux pilotes de la Scuderia ont porté haut les couleurs du Cheval Cabré en 2024, au point d’être impliqués dans la course au titre Constructeurs jusqu’aux derniers tours de la saison ! Malheureusement, les fans devront attendre encore un peu avant de voir Ferrari remporter son premier titre depuis 2008…
La Scuderia n’a perdu que 14 points de retard sur McLaren dans cette course au titre épique, au terme d’un duel historique entre les deux plus grandes équipes de la discipline. L’écurie de Woking a mis fin à 26 ans de disette sans titre grâce à son duo de choc Lando Norris – Oscar Piastri, même si l’écurie britannique s’est compliqué la tâche au cours de la saison avec une hiérarchie longtemps floue entre les deux jeunes pilotes et des instructions d’équipe qui étaient lente à être mise en œuvre. Pourtant, McLaren a réalisé un formidable retour à la première place : il y a moins de deux ans, au début de la saison 2023, les Papayas ne parvenaient même pas à sortir de la Q1 !
En plus des équipes du haut de tableau, les équipes du milieu de peloton nous ont également offert un beau spectacle. La lutte pour la 6ème place a été très serrée jusqu’au dernier Grand Prix, position qui est finalement revenue à Alpine grâce à une fin de saison presque miraculeuse. A mi-saison, l’équipe d’Enstone vivait sa pire campagne depuis 2016, mais grâce aux évolutions réalisées sur l’A524 et surtout, grâce à cet impensable double podium lors du Grand Prix du Brésil dans des conditions désastreuses, Pierre Gasly et Esteban Ocon ont réussi pour faire remonter l’écurie française et sauver le bilan d’Alpine en 2024. Un bilan toutefois assombri par des polémiques et des décisions controversées, comme la fin du programme moteur en 2024. 2026, le retour de Flavio Briatore ou le limogeage d’Esteban Ocon avant le dernier tour de la saison…
© Florent Gooden / DPPI
La jeunesse prend le pouvoir en F1
Alpine s’est toutefois battu avec acharnement face à Haas et Racing Bulls, deux équipes auxquelles on ne s’attendait pas forcément après une saison 2023 ratée pour les deux équipes. Avec Ayao Komatsu à sa tête, l’écurie américaine a retrouvé un second souffle et sera une équipe à suivre en 2025 avec l’arrivée d’Esteban Ocon et Oliver Bearman et le soutien technique de Toyota. Pour Racing Bulls, malgré le jeu de chaises musicales au sein du giron Red Bull, l’équipe de Laurent Mekies a bien progressé en 2024 et sera également une équipe à suivre l’année prochaine, notamment avec l’arrivée d’un troisième Français en F1, Isack Hadjar. .
Et oui, car au-delà des actions en piste, des victoires et des titres, la saison 2024 a été marquée par un mercato complètement fou qui a débuté avant même le début du championnat. Le départ de Lewis Hamilton de Mercedes pour rejoindre Ferrari, annoncé le 1er février, est considéré par beaucoup comme le transfert du siècle, et ce séisme a provoqué des réactions en chaîne dont le départ de Carlos Sainz chez Williams et l’arrivée d’Andrea Kimi Antonelli chez Mercedes. en 2025. Le jeune pilote italien de 18 ans ne sera pas le seul rookie l’année prochaine puisque Gabriel Bortoleto et Jack Doohan feront également leurs débuts, respectivement chez Sauber et Alpine.
Une jeunesse qui prend le pouvoir et qui, forcément, a provoqué le départ de certains dirigeants de la discipline. Certains ont peut-être même disputé le dernier Grand Prix de leur carrière cette saison : Daniel Ricciardo, Valtteri Bottas, Kevin Magnussen et Sergio Pérez ont tous été licenciés à l’issue de cette campagne 2024 et avec l’arrivée de la jeune génération, difficile de les voir revenir. 2026… à moins que la nouvelle écurie Cadillac ne décide de relancer un de ses « échecs » de Formule 1.
La saison 2024 dans le haut du panier ?
Bref, vous l’aurez compris : cette saison 2024 longue et intense restera quoi qu’il arrive dans les annales de la Formule 1, que ce soit sur le plan sportif, statistique ou émotionnel. Mais est-ce vraiment la meilleure saison du 21ème siècle ? La réponse est évidemment subjective. Certains diront oui, grâce à la diversité des vainqueurs, le match à quatre inédit entre Red Bull, Ferrari, McLaren et Mercedes, les différents transferts et remplacements au cours de la saison, les records, les surprises, etc. D’autres diront non, notamment en raison du manque de réel suspense dans le championnat Pilotes qui a abouti à sa conclusion avant les deux dernières courses de la saison, mais aussi en raison des polémiques hors-piste, des échauffourées entre Max Verstappen et Lando Norris ou encore querelles de mots entre Red Bull et Mercedes. Les nostalgiques diront que les saisons 2003, 2008 ou encore 2012 étaient bien plus intéressantes… En tout cas, qu’on l’ait aimé ou détesté, cette saison 2024 n’aura laissé personne indifférent !
LIRE AUSSI > Vos notes de pilotes de Formule 1 pour la saison 2024