« À certains moments, je me demandais si c’était le procès de Nabil Raouafi ou le procès de sa famille… »
Me Hind Maghnaoui sonne la contre-attaque, ce vendredi après-midi, devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Une heure plus tôt, le procureur général avait requis la réclusion à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté des deux tiers. Ou la peine maximale. Pour éviter une telle issue, la défense s’emploie à semer le doute dans l’esprit des jurés. Elle plaide l’acquittement.
Nabil Raouafi, 36 ans, a-t-il tenté de tuer par le feu sa femme Samira le 13 août 2021 à Nice ? L’intéressé le nie depuis trois ans. «Je suis innocent. J’ai confiance en la justice »» a-t-il conclu à 18 heures, avant de suivre la police vers les geôles du palais de justice. Le tribunal se retire pour délibérer. Son verdict est attendu ce soir.
“On parle d’un homme qui a toujours clamé son innocence”rappelle Me Maghnaoui. Sa famille aurait exercé une influence “au bord de l’esclavage” est Samira ? « Il y a des différences culturelles. Un choc des générations aussiobjecte l’avocat. Sa mère [celle de Nabil Raouafi] se revit en elle quarante ans plus tôt. Elle voulait la protéger.
« Enquête facilité »
Mais encore une fois, c’est son fils qui est jugé. Mais les enquêteurs l’ont trop vite déclaré coupable, au goût de Me Florian Abassit. « Ce n’est pas une enquête à charge qui a été menée. C’est une enquête facile. Or, quand on est convaincu de quelque chose, on s’éloigne de la vérité… »
Le défenseur propose une toute autre lecture du dossier. Il invite les jurés à “Ne te fais pas tirer le bras” sur le terrain de l’émotion, pour s’intéresser aux accusations qui pèsent sur son client. Ou plutôt aux imprécisions de l’enquête. Ils sont nombreux à ses yeux. Car les témoignages sont sujets à caution. Surtout, les recherches téléphoniques ne peuvent pas garantir avec certitude que Nabil Raouafi se trouvait dans l’appartement familial lorsque le dos de Samira a pris feu.
Me Abassit soutient que son mari était sorti une dizaine de minutes plus tôt. Il reste étonné que des échantillons d’ADN n’aient pas été prélevés sur la bouteille d’éthanol utilisée pour cette tâche désastreuse. Il rappelle qu’un magistrat professionnel a lui-même été pris de doute, au point d’accorder la libération de Nabil Raouafi.
Ces arguments sauront-ils ébranler les convictions intérieures des jurés, face aux réquisitions argumentées de Marina Horlaville ? Samira a-t-elle pu s’infliger ces terribles blessures, comme le croit la partie adverse ? Réponse dans la soirée.