Financement de la CAQ | Vers des cocktails sans ministre

Financement de la CAQ | Vers des cocktails sans ministre
Financement de la CAQ | Vers des cocktails sans ministre

(Québec) La Coalition Avenir Québec (CAQ) s’apprête à reprendre la collecte de dons politiques en 2025 avec un changement important : les ministres ne participeraient plus aux cocktails-bénéfice.

La mesure fera partie d’une proposition qui sera soumise aux députés caquistes les 21 et 22 janvier, lors de leur réunion de préparation à la session parlementaire. Cette proposition vise à ce que le parti reprenne ses activités de collecte de fonds, interrompues depuis près d’un an en raison de polémiques.

La CAQ a été accusée en janvier d’avoir monétisé l’accès à ses ministres en raison de certaines invitations à des cocktails bénéfice. Outré que des « doutes » aient été soulevés quant à son intégrité, le premier ministre François Legault a annoncé le 1est Février que le parti a renoncé aux dons politiques et a mis fin à ses activités de collecte de fonds.

Cette décision a privé la CAQ de près d’un million de dollars, selon sa directrice générale, Brigitte Legault.

Le parti envisage de collecter à nouveau des dons politiques, une réflexion entamée en septembre. Brigitte Legault prépare la proposition qui sera présentée lors de la réunion du caucus en janvier. Le conseil exécutif de la CAQ – dont le chef est évidemment membre – est impliqué dans la démarche.

«Nous allons faire une proposition au caucus pour voir comment on reprend le financement, selon quel mode, avec quelle procédure», a expliqué Brigitte Legault.

Elle va « mettre sur la table » l’idée que les ministres ne participent pas aux cocktails de levée de fonds. Ils participeraient « uniquement à des activités gratuites et non payantes ».

Elle veut ainsi éviter toute « impression qu’il faut payer pour rencontrer un ministre » et « pour régler un dossier ». « Ce n’est pas vrai, et je préférerais peut-être ne pas prendre de risques » en empêchant la présence des ministres aux activités de collecte de fonds, a-t-elle déclaré. Les députés réunis en caucus seront appelés à se prononcer sur cette mesure. Le parti retrouvera par la suite son financement populaire.

« Bordure étanche »

La CAQ prévoit reprendre la collecte de dons depuis Me Ariane Mignolet a blanchi son adjoint Louis-Charles Thouin en septembre. Son cas était au centre de la controverse sur le financement de la CAQ en début d’année.

Le député de Rousseau avait envoyé aux élus municipaux de sa circonscription un message d’invitation à un cocktail bénéfice de la CAQ pour discuter de « divers sujets qui [les] préoccupations, notamment celles liées aux routes et aux transports publics. Il a souligné la présence de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. La contribution demandée au profit de la CAQ était de 100 $ par personne. L’opposition avait demandé une enquête au commissaire, accusant le gouvernement de monétiser l’accès à ses ministres.

« Si cette affaire indique un certain mélange des genres entre les fonctions exercées par le député à ce titre et les activités partisanes auxquelles il peut être appelé à participer, le commissaire considère néanmoins que le député n’a pas franchi la ligne qui sépare les partis politiques. activités et activités liées à l’exercice de sa fonction», écrit-elle dans son rapport remis en septembre.

En même -, Me Mignolet a annoncé son intention de transmettre des « lignes directrices » aux partis politiques concernant les activités partisanes. Elle les a envoyés la semaine dernière – la CAQ attendait qu’ils finalisent sa proposition de reprise du financement politique.

Ces lignes directrices clarifient les règles éthiques déjà en vigueur. « Lorsqu’ils se livrent à des activités partisanes, les députés de l’Assemblée nationale doivent mettre en place certaines mesures particulières afin de tracer en tout - une frontière étanche entre les activités partisanes et les fonctions exercées comme député ou comme ministre », écrit-elle.

« Afin d’écarter tout risque de confusion, les membres de l’Assemblée nationale devraient […] indiquer clairement aux citoyens qui participent à une activité de financement que leurs dossiers ne peuvent y être discutés ou traités, poursuit-elle. Ils devraient également leur faire comprendre que participer à une telle activité ou contribuer au financement d’un parti ne leur donnera aucun accès privilégié aux députés ou aux ministres. »

Plus tôt cette année, le directeur général des élections du Québec (DGEQ) soulignait que « la présence d’un ministre à une activité de financement soulève […] le risque qu’un échange intervenu dans le cadre de l’activité puisse aboutir à une décision ayant l’apparence de constituer un avantage fourni en échange d’un apport. Le Parti québécois avait alors annoncé que s’il était porté au pouvoir, ses ministres seraient exclus des activités de financement politique.

Le 1est En février, François Legault est allé jusqu’à suggérer que tous les partis politiques renoncent aux dons politiques et que leur financement soit assuré à 100 % par l’État, une idée qui avait été rejetée par l’opposition. “Le financement privé, le fait que des individus viennent donner de l’argent aux partis politiques, même si c’est juste pour nous encourager, il y aura toujours un doute sur les intentions”, a-t-il déclaré. Or, abolir le financement populaire serait inconstitutionnel : la Commission des droits de l’homme a déjà souligné que cette mesure contreviendrait à la liberté d’expression protégée par les chartes.

Coalist : un rappel à l’ordre

Un député et son personnel ne doivent pas s’enquérir de l’allégeance politique d’un citoyen ni consulter des informations à caractère partisan lors du traitement de leur dossier, rappelle la commissaire dans ses lignes directrices. Il s’agit d’une allusion à son rapport sur le député caquiste Sylvain Lévesque, qui a été réprimandé pour avoir tenté de la tromper lors d’une enquête. Me Ariane Mignolet a découvert que le personnel de M. Lévesque « utilise la plateforme Coaliste lors du traitement des dossiers » des citoyens de la circonscription (Chauveau, dans la banlieue nord de Québec). Cette plateforme de la CAQ répertorie les électeurs selon leur allégeance politique. «Je crois que le simple fait d’avoir accès à ces informations peut donner l’apparence d’une influence partisane sur le traitement d’un dossier» et «affecte la nécessaire neutralité du bureau de circonscription», écrit-elle dans son rapport déposé en novembre.

L’histoire jusqu’à présent

  • Début janvier 2024 : la CAQ est accusée de monétiser l’accès à ses ministres suite à des rapports sur ses modes de financement et ses invitations à des cocktails.
  • 29 janvier 2024 : le commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale ouvre une enquête sur le député caquiste Louis-Charles Thouin concernant une invitation à un cocktail bénéfice.
  • 1est Février 2024 : le chef caquiste François Legault annonce que son parti renonce aux dons politiques.
  • 19 septembre 2024 : le commissaire à l’éthique blanchit M. Thouin.
  • 19 décembre 2024 : la CAQ prépare une proposition à soumettre aux députés prévoyant que les ministres ne participeraient plus aux cocktails levées de fonds.

Apprendre encore plus

  • 100 $
    Contribution maximale qu’un électeur peut apporter à un parti politique chaque année. La limite est de 200 $ par année électorale.
 
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