Fausse identité, amnésie alcoolique… Les prévenus trahis par les caméras de la ville

Fausse identité, amnésie alcoolique… Les prévenus trahis par les caméras de la ville
Fausse identité, amnésie alcoolique… Les prévenus trahis par les caméras de la ville

l’essentiel
Mohamed et Mohamad étaient jugés pour des violences armées commises à Montauban le 3 novembre. Ils ont été condamnés à dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis.

Si les faits jugés par le tribunal de Montauban n’étaient pas si graves, la tournure de l’audience et de la procédure au sens large ferait sourire. Problème : Mohamed et Mohamad, si ce sont leurs vrais prénoms, ont été jugés mardi 17 décembre pour violences en réunion, en état d’ébriété et avec arme. Le premier pour avoir frappé au sabre, le second avec les pieds, un homme square Piquard à Ingres, dans la soirée du 3 novembre.

“J’étais assommé, ivre, je ne sais pas ce que j’ai fait”

Les deux hommes en situation irrégulière comparaissent pour la troisième fois devant les juges. La faute à une procédure « lacunaire », comme l’admet Lisa Kratz, la procureure adjointe de Montauban. Des informations complémentaires, demandées notamment par M. Rodriguez en défense lors des deux premières audiences, qui n’ont pas été bien traitées par le commissariat ni transmises par le parquet. Mais aussi parce qu’ils semblent avoir pris un malin plaisir à dérouter tous ceux qui auraient aimé s’intéresser à leur cas.

Même lors de l’audience, Mohamed, qui s’appelle probablement Youssef, et Mohamad, qui aurait pu donner sa véritable identité, tentent de perdre les magistrats qui les jugeront. Ce qui a eu le don d’agacer le président du tribunal, Alain Fouquet. Ce qui aura finalement réussi à délier la langue de Youssef… Cela n’aura pas été une tâche facile. Enfin, s’agissant de la nouvelle demande de renvoi de la défense pour complément d’information et de requalification des faits en violences réciproques. « La victime avait un rôle d’initiateur », assure l’avocat. Une demande refusée après plus d’une demi-heure de délibération. Après encore trente minutes de palabres infructueuses, le président Fouquet s’est donc consacré à la matérialité des faits après avoir tenté, en vain, d’en extraire le contexte. “Avez-vous donné à la victime sept coups de bâton (avec un sabre en réalité, ndlr) et un coup de pied ?” demande le président. « J’étais assommé, ivre, je ne sais pas ce que j’ai fait », rétorque Mohamed, alias Youssef.

Même question à Mohamad et même réponse. S’ils ne sont pas reconnus, les faits ne sont pas contestés, puisqu’ils sont attestés par les caméras de vidéoprotection de la commune de Montauban, sur lesquelles Me Gloriès se constitue partie civile. « C’est un miracle de ne pas se retrouver dans une autre salle (les assises, NDLR) pour un tel déchaînement de violence », insiste-t-il, réclamant 3 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice moral de son client. et 600 euros d’honoraires d’avocat.

“La procédure n’aurait pas dû se faire comme ça”

Reconnaissant que « la procédure n’aurait pas dû se dérouler ainsi », la procureure adjointe Lisa Kratz tranche néanmoins : « Cette affaire extrêmement grave aurait pu aboutir devant le tribunal. On ne sait pas vraiment qui sont les prévenus mais il y a des éléments inquiétants quant à leur dangerosité. Ses réquisitions sont extrêmement lourdes : quatre ans dont trois avec sursis, maintien en détention et interdiction du territoire national pendant dix ans. “C’est une peine exceptionnelle qui repose sur la gravité des faits.”

En défense, M. Rodriguez est étouffé par ce quantum. « Lorsqu’il faut tant de choses, le contexte doit être compris et compris. Ce cas est une accumulation de dysfonctionnements. Mes clients sont tout autant des victimes, même s’ils ne commettent pas d’agression gratuite. »

Le tribunal condamne le duo à la même peine : dix-huit mois de prison dont douze avec sursis, maintien en détention de six mois, interdiction du Tarn-et-Garonne et du port d’arme pendant cinq ans, 600 euros de dommages et intérêts. la victime et autant de frais d’avocat.

« Le tribunal considère que des éléments accréditent votre version mais n’enlèvent rien à l’infraction », conclut le président.

 
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