Lors des élections de mercredi à la présidence et à la vice-présidence du Tribunal administratif fédéral (TAF), l’UDC a refusé de soutenir la candidature de Contessina Theis, proposée par les Verts au poste de vice-présidente sur fond de politique d’asile.
Le conseiller national Pascal Schmid (UDC/TG) a pris la parole pour récuser le juge, membre de l’une des deux sections d’asile du Tribunal administratif fédéral. Elle a été présidente du tribunal qui a rendu le 22 novembre 2023 un jugement en faveur des femmes afghanes, que combat l’UDC.
Ce jugement du 22 novembre 2023 reconnaît deux sœurs afghanes comme réfugiées en raison de la discrimination systématique dans leur pays à l’égard des femmes et des filles par les talibans. Cette décision a été saluée par les milieux de l’asile : « La Cour affirme dans cet arrêt que la discrimination radicale et systématique des femmes par les talibans constitue un motif important de persécution au regard du droit des réfugiés et qu’une vie autodéterminée pour les femmes et les filles en Afghanistan n’est pas possible sous le régime actuel.
« Loin de moi l’idée de critiquer ici le jugement… », a déclaré l’élu de l’UDC, provoquant les rires à gauche. Nous respectons la séparation des pouvoirs. Ce qui mérite d’être critiqué, c’est que le verdict n’a pas été coordonné avec le deuxième service d’asile. Si un département du Tribunal administratif fédéral souhaite prendre une décision différente de la pratique antérieure, il est tenu, conformément à l’article 25 de la loi sur le Tribunal administratif, de se coordonner avec les deux départements et avec l’ensemble des 27 juges d’asile. Sans une telle coordination, un ministère n’est pas autorisé à prendre des décisions différentes.
Mercredi, les élus de l’UDC et certains PLR ont donc refusé de voter pour elle, soit en votant blanc, soit en votant nul. Elle a néanmoins été élue par 144 voix sur les 246 membres de l’Assemblée fédérale.
Le Tribunal fédéral a réagi ce jeudi à ces événements pour afficher dans un communiqué « son inquiétude de voir que l’éligibilité d’un membre du Tribunal administratif fédéral à la vice-présidence est remise en question par un groupe parlementaire sur la seule base des positions prises ». par ce juge dans le cadre de l’application de la loi.
Le TF précise que « la mise en place d’un mécanisme de coordination joue un rôle essentiel dans la création d’une jurisprudence. Faire dépendre l’éligibilité d’un membre d’un tribunal de son rôle éventuel dans la décision de procéder ou non à la coordination constitue donc une ingérence inacceptable dans l’indépendance du pouvoir judiciaire.