Quand Napoléon était menacé par les pots de beurre de Rennes

Quand Napoléon était menacé par les pots de beurre de Rennes
Quand Napoléon était menacé par les pots de beurre de Rennes

Était-ce dû à la composition du sol – des bancs d’argile ocre mêlés de quartz et de silex ? À moins qu’il ne provienne de plantes locales, dont les noms semblent tirés d’un poème de Lewis Carroll ou d’une dictée cruelle ? Fléole nouée, clairon rampant, luzerne lupuline, dactyle pelotonné… Las ! Les scientifiques ont fait un vide. Pour le plus grand bonheur des agriculteurs rennais qui envoyaient leurs merveilles dorées à Paris et même à l’étranger. Sur les grandes tables, la avait le goût de la Bretagne.

Révolte

En 1802, cette joie se mêla à un scandale qui aurait pu s’écarter de l’histoire de France. Jugeant Napoléon de plus en plus tyrannique (il est ami avec l’Église et s’apprête à devenir Consul à vie), une partie de l’armée grogne et fomente une révolte. Les officiers stationnés en Bretagne veulent provoquer un soulèvement de l’armée de Paris, appuyée en renfort par l’armée de l’Ouest, qui s’ennuie depuis qu’elle est privée du projet d’invasion de l’Angleterre. . Une plume anonyme rédige des pamphlets incendiaires, aussi appelés « diffamations », et les envoie par milliers dans la capitale.

Il s’agit en fait de deux textes : « Appel aux armées françaises par leurs camarades » et « Adresse des armées aux différents corps et soldats réformés dispersés et isolés ». Extraits : « Combien de - allez-vous souffrir d’être réduit en esclavage ? » « Soldats, vous n’avez plus de patrie : la République n’existe plus », « Un petit tyran nous dicte ses lois »… Napoléon, « embryon bâtard de la Corse », est accusé (à juste titre) de vouloir se faire empereur et menacé du peloton d’exécution.

Enquête

La police est à cran. Les « libelles » seraient transportées dans des jarres en grès habituellement utilisées pour transporter le beurre de La Prévalaye. L’enquête retrace la piste jusqu’à une imprimerie de Rennes. Plusieurs officiers ont été arrêtés, dont celui présenté comme l’auteur des libelles, le général Édouard-François Simon. Jean-Baptiste Jules Bernadotte, chef de l’Armée de l’Ouest, est fortement suspecté mais est sauvé par Simon qui en assume toute la responsabilité.

Peut-être Napoléon ne voulait-il pas accorder trop d’importance à l’opposition républicaine. Il minimise néanmoins l’affaire en la qualifiant de « conspiration des petits pots de beurre » – il évite pour ainsi dire d’en faire toute une histoire. La mutinerie a échoué, le nom est resté.

 
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