La salle est pleine, mais l’activité est au point mort. Depuis une semaine, plus de 200 mineurs isolés migrants ont élu domicile à la Gaîté Lyrique, haut lieu culturel du 3e arrondissement de Paris. Installés au premier étage de la mythique salle de spectacle, ces jeunes sans-abri, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, dorment à même le sol.
Cette décision inattendue a dans un premier - contraint la direction du site à annuler son « Marathon ! » qui a pourtant attiré 800 spectateurs le 14 décembre. Même si elle se dit compréhensive face à ce brusque mouvement d’occupation, la direction a annoncé ce mardi la fermeture au public et « jusqu’à nouvel ordre » de la salle.
« Impensable de jeter ces gens à la rue »
“La Gaîté Lyrique regrette le caractère soudain et soudain de cette occupation, mais rappelle le caractère légitime de la revendication du collectif visant à obtenir un abri pour ces 250 personnes”, écrit-elle dans un communiqué publié ce mardi. Et de dénoncer « avec force » « l’inaction et l’incapacité de dialogue entre les services de la Ville de Paris et ceux de l’Etat ».
Le personnel de la Gaîté Lyrique rappelle, toujours à travers ce communiqué, que le lieu “n’est pas compétent et ne dispose pas des espaces sanitaires et des moyens pour offrir une solution d’hébergement à ces personnes, dans le respect et la dignité humaine”. En l’absence de solution immédiate, « il est impensable, au risque de les mettre en danger, de jeter ces personnes à la rue ». Et de fait, « la programmation est actuellement suspendue ».
Ce week-end, la réalisatrice Juliette Donadieu a fait part de ses inquiétudes quant à la pérennité des emplois des 60 salariés. Et le porte-parole David Robert, contacté en début de semaine par l’AFP, a détaillé “plusieurs centaines de milliers d’euros de pertes directes” dues à l’annulation “d’événements privés et publics depuis le début de l’occupation”.
La piste du lycée Brassaï
“Nous n’avons pas de locaux vides que nous pourrions utiliser du jour au lendemain”, a déclaré lundi à l’AFP le premier adjoint (PS) à la maire de Paris, Patrick Bloche. “Il s’agit d’une occupation illégale d’un immeuble par des migrants reconnus majeurs par les services sociaux de la Ville de Paris”, a de son côté souligné la préfecture de la région Île-de-France.
Parmi ses réflexions, la Ville de Paris a avancé la possibilité d’accueillir potentiellement ces mineurs non accompagnés dans l’ancien lycée professionnel Brassaï (XVe siècle), fermé depuis la rentrée 2023.
Une proposition nécessitant l’aval de l’État, et contre laquelle s’est opposé le maire (LR) du XVe siècle, Philippe Goujon. « Avec plus de 2 000 places d’hébergement pour personnes en difficulté, le 15e prend toute sa place dans la mise en œuvre des politiques de solidarité », a-t-il déclaré à propos des 250 mineurs non accompagnés du lycée Brassaï qui doit accueillir les élèves du lycée Drouant. »