“Il n’y a aucun lien direct ou indirect entre Abdelhakim Sefrioui et Abdoullakh Anzorov”, l’assassin de Samuel Paty tué peu après l’incident par la police, a argué mercredi matin l’un des avocats du prédicateur islamiste.
Après des réquisitions jugées trop clémentes par les parties civiles, les avocats de Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui ont plaidé pour l’acquittement des deux hommes qui, selon le parquet, ont lancé « une fatwa numérique » contre Samuel Paty, assassiné par un jeune islamiste radical tchétchène le 16 octobre 2020.
« Il n’y a aucun lien direct ou indirect entre Abdelhakim Sefrioui et Abdoullakh Anzorov »L’assassin de Samuel Paty abattu peu après l’incident par la police, a fait valoir mercredi matin Colomba Grossi, l’un des avocats du prédicateur islamiste. « Il n’y a rien de terroriste chez Brahim Chnina »a plaidé mardi soir Nabil Ouchikli, l’un des conseillers du père de l’écolière dont le mensonge a déclenché la « campagne de haine » contre le professeur d’histoire et de géographie.
« Quel est le but de ce procès ? Est-ce que c’est le symbole ? Est-ce que cela entre dans l’histoire ? Est-ce qu’il répare les victimes ? Est-ce que cela apaise l’opinion publique ? S’il vous plaît les médias ? Ou est-ce en train de juger Brahim Chnina ?» a demandé une autre de ses conseillères, Louise Tort. “Ça fait quatre ans qu’il s’excuse, pleure, fait pipi dessus”a poursuivi l’avocat avant de déplorer : “Ses excuses ne fonctionneront jamais, nous n’en voulons pas”.
10 et 12 ans de réclusion criminelle requis
Le Parquet national antiterroriste a requis lundi 10 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté aux deux tiers, contre le Marocain Brahim Chnina, 52 ans, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), ainsi qu’une interdiction de séjour sur le territoire français ( ITF).
Contre Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, vétéran du militantisme islamiste, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas “Cheikh-Yassine Collective”également poursuivi pour AMT, le parquet a requis 12 ans de réclusion criminelle avec également une période de sûreté des deux tiers. L’AMT est passible de 30 ans d’emprisonnement.
“Trop gros pour lui”
Dans sa loge, Brahim Chnina, qui paraît bien plus âgé que son âge, semble recroquevillé sur lui-même. “Il est écrasé par l’horreur du crime trop grand pour lui”explique Me Tort. Les 7 et 8 octobre 2020, Brahim Chnina a publié des messages et des vidéos dénonçant Samuel Paty comme un “malade”. Il n’a pas hésité à communiquer le nom du professeur et l’adresse de son collège sur les réseaux sociaux.
Sefrioui a réagi à ses messages dans la soirée du 7 octobre et s’est rendu le lendemain avec Brahim Chnina au collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour demander des sanctions contre Samuel Paty. Il a lui-même publié une vidéo dans laquelle le professeur est décrit comme “voyou”. Cependant, ont souligné les avocats des deux hommes, ils ne connaissaient pas Abdoullakh Anzorov et ne l’avaient jamais rencontré. Dès lors, se demande la défense, le délit d’association de malfaiteurs terroriste peut-il être appliqué à l’encontre de ces deux accusés ?
Pour le ministère public, l’AMT accusée des deux hommes est constituée parce que leur campagne numérique contre Samuel Paty a été “concerté” et constituait un « un ciblage viral et violent du professeur » alors même que la menace terroriste a été ravivée par la republication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, en septembre 2020, à l’occasion de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015 contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique et de l’Hyper magasin Masquer .