Un François Bayrou peut-il en cacher un autre ? Lundi 16 décembre au soir, le tout nouveau Premier ministre ne s’est pas contenté d’un retour très critiqué en Béarn, uniquement à l’occasion du conseil municipal de Pau. En même -, à Oloron, c’est le nom du nouveau locataire de Matignon, qui s’est également invité dans toutes les conversations. Non sans une petite dose d’opportunisme.
A quelques heures de la fin de la concertation préalable au projet de réouverture de la ligne Pau-Canfranc, la nomination surprise du quasi-local de l’étape a ainsi ravivé les solides espoirs d’un « oui » définitif à la réouverture de la ligne ferroviaire. à travers le massif pyrénéen. « Avec lui, nous sommes sauvés », « s’il pouvait pousser un peu le sujet… », ont lancé ce lundi soir des Haut-Béarnais, rassemblés en nombre dans la salle Palas. Un soupçon de motivation qui n’a pas semblé nécessaire aux partisans de la réouverture, à l’occasion de la dernière réunion publique de consultation préalable.
Premières remontées mécaniques
« C’est un projet ambitieux. Mais il ne s’agit pas d’un projet d’une complexité inconnue. Nous savons le faire et maîtrisons parfaitement les systèmes ailleurs dans la région qui garantissent la sécurité d’un tel projet. » Rassurer, encore une fois, c’est ce qu’a tenté de faire Matthieu Chabanel lundi soir. Le PDG de SNCF Réseau représentait le porteur du projet. Il a notamment dû répondre à des questions liées à la faisabilité et à la sécurité du réaménagement, qui ont souvent été soulevées au cours des trois mois de prospection.
Sécurité donc, mais aussi bénéfices économiques, impacts environnementaux… Après plus de 500 contributions enregistrées, 12 réunions, 822 personnes rencontrées et 4 613 documents distribués, la consultation publique touche à sa fin. Elle doit fermer officiellement ses portes ce vendredi 20 décembre, à minuit. Bien que volontaire, cette dernière est nécessaire pour déposer un dossier et obtenir une déclaration d’utilité publique, obligatoire pour commencer les travaux.
Rousset l’Aragonais
Alain Rousset a également fait le déplacement à Oloron-Sainte-Marie ce lundi. Et il faut reconnaître que le projet est devenu emblématique – pour ne pas dire très personnel – aux yeux du président de la Région Nouvelle-Aquitaine. En 2016 déjà, il avait fait de la reprise du trafic sur le tronçon Oloron-Bedous une priorité, pour 122 millions d’euros. Quant à l’avenir des 33 derniers kilomètres à réaménager jusqu’au tunnel du Somport, le socialiste réitère inlassablement ses ambitions et laisse peu de place au suspense. Un « vieux rêve », « presque un devoir de mémoire », dit-il, espérant pouvoir à nouveau relier la France et l’Espagne en train via la vallée d’Aspe.
« Je sais qu’il y a des doutes dans la vallée. Alain Rousset réussira-t-il à rouvrir cette voie ? Ben oui madame, il va réussir ! » Dans une fuite à la première personne, le président de Région a parfois perdu patience face aux arguments des antis, ces derniers vantant un « projet collectif », au détriment des « cas personnels que nous avons résolus ». Jorge Azcon Navarro, son homologue président du gouvernement d’Aragon, était également présent. Et la présence de ce voisin transpyrénéen a aussi illustré certaines inquiétudes, que les trois mois de consultations ont également permis d’identifier : « Nous ne le faisons que pour l’Espagne », « nous ne bénéficierons de rien », sont réguliers. préoccupations. certains contributeurs aux premières conclusions présentées.
La cartouche Bayrou ?
Sur ce dossier brûlant, le maire de Pau avait déjà été contacté avant sa nomination au poste de Premier ministre. En pleine consultation publique, les cadres EELV du Béarn entendaient notamment élargir le débat à la métropole paloise. En octobre dernier, ils faisaient appel à sa casquette de président de l’agglomération et à ses réseaux parisiens : « On voudrait une petite lettre de Michel Barnier pour Pau-Canfranc », s’est moqué le conseiller régional et élu de Pau, Jean. -François Blanco. Peut-être loin d’imaginer le nouveau nom du successeur de Matignon.
Alors le nouveau chef du gouvernement va-t-il mettre le dossier en haut de la pile ? Et est-ce vraiment nécessaire ? L’État français ne participe pas au financement de la ligne, qui devrait, en cas de validation, s’appuyer sur un groupement européen d’intérêt économique (GEIE), organisé autour de la région Nouvelle-Aquitaine. Il rassemble le gouvernement d’Aragon, le ministère français de la Transition écologique et le ministère espagnol des Transports. Pour ce projet transfrontalier, 55% du montant total est attendu de l’Union européenne.