Selon la plainte selon laquelle Le Libre a pu consulter, Apple Belgique se serait rendu”coupable d’actes criminels et notamment de recel, de blanchiment d’argent et de pratiques commerciales trompeuses.
Les plaignants accusent la société Apple de fabriquer ses produits avec «minéraux du sang« . Pour rappel, la plupart des minéraux indispensables à nos appareils électroniques – étain, tantale, or ou encore tungstène – sont enfouis dans les terres congolaises.
Les députés ne veulent plus de « minéraux du sang »
Certaines régions concernées sont occupées par des milices armées qui feraient travailler les personnes engagées pour la recherche de ces minerais, appelées « creuseurs », dans des conditions contraires aux droits de l’homme. C’est pourquoi le produit de leur travail est appelé « minerais de sang ».
Selon la plainte déposée à Bruxelles, ce mardi, Apple utilise ces minéraux sanguins pour fabriquer ces produits. De la chaîne d’extraction à la commercialisation, en passant par l’approvisionnement de ces produits, rien n’est fait dans le respect du droit international et des droits de l’homme, dénoncent les représentants de l’État congolais.
Groupes armés impliqués
Concrètement, Apple est accusé d’utiliser du matériel acheté à des groupes armés qui exploitent illégalement des régions riches en ces ressources naturelles nécessaires à la production de téléphones, ordinateurs et autres tablettes. Ces groupes armés ont également recours au travail forcé, notamment celui des enfants, pour arriver à leurs fins.
Selon les plaignants représentant le Congo, Apple Belgique a été alertée à plusieurs reprises par des ONG sur la situation, sans réagir. Raison pour laquelle une plainte pénale a été déposée ce mardi.
En avril, la République démocratique du Congo a mis Apple en demeure à ce sujet. La multinationale s’est expliquée en faisant référence à des éléments publiés dans son rapport annuel 2023 sur les minerais de conflit, affirmant avoir trouvé «aucune base raisonnable» pour dire que ses chaînes d’approvisionnement au 31 décembre 2023 avaient « a financé ou profité directement ou indirectement à des groupes armés en RDC ou dans un pays voisin. »
Négociations houleuses au niveau européen sur les minéraux du sang
Selon Léo Fastenakel, le processus de traçabilité qui devrait permettre aux entreprises d’acheter des minerais légalement et conformément au droit international n’est pas respecté.
L’avocat explique qu’un système d’étiquetage a été mis en place pour pouvoir détecter plus facilement les matériaux collectés légalement de ceux qui auraient été collectés par des groupes armés ou des milices. “Sauf qu’il y a des failles dans ce procédé qui est donc absolument peu fiable. Et Apple ne peut pas ne pas le savoir», souligne l’avocat.
mouette“Beaucoup d’entre nous ont dans notre poche un téléphone fabriqué, à l’insu des consommateurs, à partir de ces minéraux sanguins.”
« Les citoyens ne savent pas »
« Il ne s’agit pas d’une action isolée et spontanée, poursuit Ivon Mingashang, avocat et professeur, coordinateur de la task force « Justice internationale » auprès du président de la RDC. Nous agissons pour dénoncer les pratiques abusives d’une multinationale qui ne respecte pas le droit international. Ces actions entretiennent un cycle de violence sans fin en République Démocratique du Congo puisque ce sont les groupes armés qui profitent de ce système. Il y a aussi des dégâts économiques considérables pour l’État congolais.»
Et Christophe Marchand d’ajouter : «Beaucoup d’entre nous ont dans notre poche un téléphone fabriqué, à l’insu des consommateurs, à partir de ces minéraux sanguins, dit l’avocat. Les citoyens ne savent pas que les victimes ont été exploitées pour la fabrication de ces objets. De nombreuses ONG ont dénoncé la situation et Apple affirme agir dans le respect des droits de l’homme, mais c’est faux. La réalité est que chaque fois qu’un produit Apple est vendu, il y a une infraction. »
La prétention du Parlement européen sur les « minéraux du sang »
mouette« Apple est la première entreprise ciblée. Mais ce ne sera certainement pas la dernière. D’autres entreprises seront également prochainement visées et nous n’hésiterons pas à porter l’affaire devant les tribunaux car nous exigeons qu’une enquête soit menée. Nous comprenons la justice parce qu’elle est l’arme de la civilisation.
«Dette morale de la Belgique»
Pourquoi cibler spécifiquement la Belgique, demandons-nous ? “Nous pensons que la Belgique a une dette morale envers la République Démocratique du Congo qui a été victime de pillages pendant la période coloniale.répondent nos interlocuteurs. Mais au-delà de cet élément qui peut paraître symbolique, il y a un élément concret qui nous a poussé à porter plainte en Belgique. A savoir le fait que la filiale belge d’Apple se targue d’être une entreprise respectueuse des droits de l’homme. Mais nous disposons d’éléments démontrant que cette entreprise ne pouvait ignorer la situation que nous dénonçons.»
Et Ivon Mingashang conclut : «Apple est la première entreprise ciblée. Mais ce ne sera certainement pas la dernière. D’autres entreprises seront également prochainement visées et nous n’hésiterons pas à porter l’affaire devant les tribunaux en exigeant qu’une enquête soit menée. Nous nous emparons de la justice parce que c’est l’arme de la civilisation.
Le Libre a tenté de contacter le service de presse d’Apple Belgique pour réagir. Sans succès.