L’économiste du développement Ndongo Samba Sylla a réagi à la nouvelle politique budgétaire du Sénégal, marquée par une dette de plus en plus lourde. Selon lui, le service de la dette prend des proportions alarmantes. Pour 2025, il est prévu que 900 milliards de francs CFA seront dépensés uniquement en intérêts sur la dette totale du gouvernement sénégalais, tandis que le capital et les intérêts combinés atteindront 2 900 milliards, soit environ les deux tiers des recettes fiscales du pays.
Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement devra mobiliser au moins 11 000 milliards de francs CFA pour le service de la dette, un chiffre qui comprend à la fois la dette intérieure et extérieure. Ce niveau de remboursement est sans précédent dans l’histoire économique du Sénégal. De 1960 à 2007, rappelle Ndongo Samba Sylla sur tfm, le service de la dette (principal + intérêts) n’avait jamais dépassé les 200 milliards par an. Or, aujourd’hui, les projections indiquent qu’il faudra payer plus de 11 000 milliards sur cinq ans.
Ndongo Samba Sylla souligne que cette situation découle des politiques d’endettement menées sous le régime précédent, un héritage difficile auquel le gouvernement actuel doit faire face. Le défi majeur réside dans la nécessité de contracter de nouveaux emprunts pour faire face au service de la dette, une situation rendue encore plus compliquée par les fluctuations des conditions du marché international.
Ce contexte budgétaire difficile s’explique également par des facteurs externes, notamment les impacts économiques de la pandémie de Covid-19 et les répercussions du conflit en Ukraine. Même si le Sénégal affiche des indicateurs économiques relativement meilleurs que de nombreux autres pays du Sud, la crise de la dette reste un problème majeur qui risque d’étouffer les finances publiques.