Avec « Le Secret des secrets », Benoit Solès, doublement Molière pour « La Machine de Turing », met en scène pour la première fois et laisse sa place sur scène à quatre jeunes comédiens. L’auteur agenais ne s’est pas rendu la tâche facile, avec une pièce qui se déroule à deux époques différentes. Il sera présent, vendredi 20 décembre, en coulisses, “heureux de présenter chez lui cette comédie d’aventure et ésotérique”.
Il semblerait que l’idée de la pièce vous soit venue après la lecture d’un article de « Science et Vie »…
Oui, c’est ça. Je prenais l’avion pour aller jouer à “La Maison du loup” à Toulouse. Je suis tombé sur cet article qui racontait l’aventure d’un chercheur américain, un jeune historien. Elle s’intéressait à un obscur alchimiste du XVIIee siècle et tombe sur un petit carnet perdu dans les réserves de la British London Library, qui n’intéresse personne. Il était rempli de prédictions astrologiques griffonnées à la main, car il appartenait à John Dee, l’astrologue d’Elizabeth I.concernant. Mais ce que personne n’avait vu et ce qu’elle remarqua, c’est que deux des feuilles étaient reliées à l’envers et n’étaient pas des prédictions astrologiques, mais un texte codé en latin, dont seul le titre était lisible : « Moelle de la philosophie hermétique », qu’elle interprété comme la recette de la pierre philosophale. C’était en 2020. Incapable de décoder le texte, elle a lancé un appel via Internet. Un Australien a répondu en annonçant qu’il avait réussi à décoder le texte, qui expliquait en réalité comment fabriquer une pierre philosophale. J’ai trouvé cet article amusant. Il y a eu tellement de films sur ce type d’aventures ésotériques, de livres… Ce type d’histoire a bercé ma jeunesse ; J’ai toujours adoré. Et j’ai remarqué qu’il n’y avait jamais eu ce style au théâtre. Je voulais essayer.
Vous avez donc contacté Megan Piorko, qui a découvert le carnet en question…
Oui, je lui ai écrit par mail, pensant qu’elle ne me répondrait jamais. Mais elle a été captivée par le sujet du message : « jouer ». Nous nous sommes rencontrés à Londres, à la British Library. Elle m’a montré le cahier, la recette et nous avons convenu que j’essaierais d’écrire une pièce basée sur ses recherches universitaires et sur l’histoire vraie de John Dee et de son fils, qui ont écrit cette recette.
Pour la première fois, vous avez écrit une pièce dans laquelle vous ne jouez pas. Était-ce une décision prise avant la création ?
Oui. Très vite, comme cette histoire d’alchimie parle aussi de transmission de savoir, j’ai moi aussi décidé de la transmettre à mon tour et j’ai écrit pour quatre jeunes comédiens, âgés de 25 à 30 ans. Cela devait être une expérience pour chacun, une quête pour nous aussi. J’ai donc choisi, pour la première fois, de diriger et de ne pas jouer.
Toutes les autres scènes, on remonte le -, entre le 17e et le XXIe des siècles… avec les mêmes acteurs.
Chacun d’eux incarne deux personnages, l’un du XVIIee et un au XXIeavec un lien entre chaque époque. C’était un défi pour eux, car au XVIIe siècleeils jouent dans le style d’une pièce de Shakespeare, avec le langage, les décors et les costumes de l’époque et voyagent de Londres à Moscou pendant plusieurs années. A l’époque moderne, ils jouent en jeans et t-shirts, parlent comme aujourd’hui, dans une histoire qui se déroule le - d’une soirée et dans un seul lieu, la British Library.
En fait, vous avez écrit deux pièces en une…
Absolument. Sauf que l’enjeu était de les entremêler, d’en faire le miroir l’un de l’autre. Cela a été la grande complexité de l’écriture, comme un code secret auto-infligé.
Megan Piorko a-t-elle lu le texte ?
Bien sûr. Elle a suivi les différentes étapes de l’écriture. Elle me guidait parfois, me conseillait ; elle est venue à la création de la pièce à Antibes, depuis Philadelphie. Megan était là tout le -, comme une bonne fée.
L’idée de réaliser vous est-elle venue avec cette histoire ?
Oui. J’ai écrit « The Turing Machine » pour moi-même, pour y jouer. Avec « La Maison du loup », déjà, je ne voulais pas entrer dans un système où j’allais jouer systématiquement le rôle-titre dans toutes les pièces que j’allais écrire. Pour le prochain, je ne voulais pas me répéter. Je me suis dit que mon pari, à cette occasion, était de le réaliser. C’était évident. Cela a été une aventure.
« Le Secret des secrets », vendredi 20 décembre au théâtre Georges-Leygues de Villeneuve-sur-Lot. Tarifs de 10 à 30 euros. Réservations au 05 53 40 49 49 ou en ligne via le site https://ville-villeneuve-sur-lot.fr