Lors du procès, le père a reconnu la « violence » de son geste mais a nié toute intention de nuire à son fils de deux mois.
Il a reconnu la « violence » du geste mais a nié avoir voulu « nuire » à son fils : la cour d’assises des Hauts-de-Seine a condamné vendredi 6 décembre le père d’un nourrisson de deux mois à cinq ans. peine de prison pour l’avoir secoué mortellement fin février 2019.
Les gestes reconnus “sont nécessairement guidés par la volonté d’atteindre physiquement l’enfant pour que ses pleurs cessent (et) ne puissent constituer des gestes involontaires et maladroits”, a tranché le président à la lecture du verdict.
L’homme a été reconnu coupable de violences ayant entraîné la mort sans intention de causer la mort d’un mineur de moins de 15 ans et sera incarcéré ultérieurement.
La mère dénonce une peine « seulement » de cinq ans
Au cœur du procès, le syndrome du bébé secoué, sur lequel les pouvoirs publics ont notamment communiqué lors d’une campagne en 2022. L’association Action contre les violences infantiles (Avi) cofondée par la mère de la victime, Aude L., avait contribué à cette initiative.
“Le verdict rendu ce vendredi soir me fait comprendre que la vie de mon fils Timothée, secoué à mort par son père, ne valait que cinq ans”, a réagi Aude L., présente au procès.
“Ce que j’entends à travers cette décision, c’est que la vie d’un bébé de deux mois n’est pas considérée en France, en 2024, comme aussi importante que la vie d’un adulte”, a-t-il déclaré. a-t-elle ajouté, disant regretter « la tolérance de la société face à ces violences ».
Lors de son procès qui s’est ouvert lundi, Nathanaël K., 43 ans, a évoqué la possibilité de “l’accident” dû à “l’accumulation de fatigue, d’anxiété, de mauvais choix”.
“La justice a trop tardé dans cette affaire”, a déploré le procureur général, qui avait requis 8 ans de prison. Pour elle, il n’y a « eu ni négligence ni maladresse de la part de l’accusé (mais) un acte positif de violence ayant entraîné la mort de son enfant ».
Le père s’est enfui à l’hôpital
Fin février 2019, Nathanaël K. arrive aux urgences avec son fils de deux mois, Timothée, dont il s’occupe alors que sa mère s’est rendue à un rendez-vous médical, expliquant qu’il se serait senti mal. Il est décédé quelques jours plus tard, les médecins n’ayant pu le sauver.
Alors que son fils est toujours hospitalisé, le père disparaît, annonce vouloir se suicider, avant de finalement retourner à l’hôpital. Après avoir menti, il a avoué avoir secoué son fils « pendant deux ou trois secondes pour qu’il se taise ».
Lors de l’audience, hagard, il s’excuse, reconnaît les faits et évoque « trois ou quatre mouvements » sur une durée comprise entre « cinq et dix secondes », mimant un tremblement de haut en bas.
Le bébé secoué est l’une des maltraitances les plus mortelles pour un nourrisson, mourant des suites des secousses dans plus de 10 % des cas selon la Haute autorité de santé (HAS). La HAS estime en 2023, à partir d’études réalisées à l’étranger, que ces violences touchent entre 15 et 56 enfants sur 100 000 par an.
La partie civile dénonce le « déni » du père
En l’espèce, l’accusation, les experts interrogés et la défense sont unanimes sur ce diagnostic. L’intentionnalité a été l’un des points clés du procès : lorsque le ministère public et la partie civile – la mère de l’enfant et ses grands-parents maternels – ont dénoncé le « déni » du père, la défense s’est attachée à souligner le caractère, selon elle, involontaire de l’acte. acte.
Pourquoi l’accusé a-t-il parlé d’« attentats sanglants » auxquels il aurait été habitué « dès son plus jeune âge » dans un message à sa famille dans lequel il se reprochait la mort de son fils ? “Je ne voulais pas qu’on pense que c’était quelqu’un d’autre”, répond Nathanaël K.
“Vous allez vous poser la question pourquoi, et parfois il n’y a pas de réponse”, a fait valoir Maître Xavier Autain, avocat de Nathanaël K., pour qui “il y a des réponses quand il y a une intention”.
“Cette violence représente la pire trahison, de la confiance évidente que nous accordons (…) à un papa, qui ne devrait être là que pour protéger”, a affirmé Maître Céline Lasek, avocate de Mme Lafitte.
Sur le banc des parties civiles, Aude L., très digne, un doudou en lapin blanc perpétuellement serré entre ses doigts, a pleuré à plusieurs reprises, sans un bruit.