« Un rapport sur la pauvreté devrait être soumis chaque année au Parlement »estime Louis Maurin, co-fondateur et directeur de l’Observatoire des inégalités. C’est pour pallier l’absence d’un tel inventaire que l’organisme indépendant publie le sien, mardi 3 décembre, avec l’ambition de« éclairer le débat public ».
Ce Rapport sur la pauvreté en Francepublié tous les deux ans, rassemble et met en perspective de nombreuses données, en partie méconnues, dans un langage accessible à tous. Les auteurs dénombrent 5,1 millions de pauvres en France, fixant le seuil de pauvreté monétaire à 50 % du revenu médian, soit 1 014 euros net par mois pour une personne seule. Ce seuil est celui utilisé par l’Organisation de coopération et de développement économiques, tandis que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), comme d’autres pays européens, fixe le seuil à 60 % du niveau de salaire médian vital, soit 1 216 euros, ce qui l’amène à identifier 9,1 millions de personnes pauvres.
Plutôt que de se concentrer sur les variations annuelles, le rapport montre les évolutions sur le long terme. « Après une baisse significative dans les années 1970 et 1980, le taux de pauvreté s’est stabilisé »il commence. Puis, entre 2002 et 2022, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 1,4 million de personnes. L’augmentation de la population n’est pas la seule raison, puisque le taux de pauvreté a également augmenté, passant de 6,6% à 8,1%. Quant au niveau de vie médian des pauvres, il n’a gagné que 60 euros en vingt ans, pour atteindre 832 euros. « Nous avons l’un des meilleurs modèles sociaux au monde, mais nous constatons que le niveau de vie avant les prestations sociales est en baisse. », notes Louis Maurin.
Plongée dans les territoires
«C’est une lente augmentation de la pauvretépoursuit le directeur de l’Observatoire des inégalités. Mais elle est d’autant plus mal vécue qu’Emmanuel Macron a prononcé un discours très fort en 2018, visant à éradiquer l’extrême pauvreté. » Les inégalités se sont également creusées : les 10 % les plus pauvres ne perçoivent que 3,3 % de la masse totale des revenus, après impôts et prestations sociales, une part qui a peu évolué depuis 1996. A l’autre extrémité, les 10 % les plus riches obtiennent 24,4 % des revenus, en hausse de 2,2 points sur la période.
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Long de 88 pages, le rapport décrit la nature et l’ampleur des privations de la « pauvreté ordinaire » – ne pas pouvoir se chauffer correctement, ne pas pouvoir partir en vacances, ne pas pouvoir faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros…
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