Par
Franck Baudouin
Publié le
3 décembre 2024 à 17h54
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En démontant un vieux parquet en chêne dans l’ancienne maison qu’il restaure sur la commune de Silfiac (Morbihan), Christian David est tombé sur un objet insolite, jeudi 28 novembre 2024. « Entre deux solives, j’ai vu une bouteille… »
Oh, pas la pinte ou le petit papy, mais plutôt la burette comme une bouteille de sirop avec son petit bouchon en liège. Enfermée à l’intérieur depuis des lustres : une feuille de papier enroulée sur elle-même…
« Tout de suite, je me suis dit que c’était comme les bouteilles dans la mer, qu’il y aurait certainement un message…
Il y a les bouteilles qui sont jetées à la mer au gré des courants marins, telles les ambassadrices d’une histoire anonyme, d’un espoir éphémère. Et puis, il y a les bouteilles de terre, sorte de capsule temporelle dont le secret tient de leur découverte fortuite…
Un timbre de 15 francs
Agé de 62 ans, Christian David est à la retraite. Il était artisan dans la ville. Silfiac Multiservices, c’était lui. Bricoleur, il l’est toujours et c’est lui qui restaure « de A à Z » la maison du 7 rue Paul-Le Bourlay, qu’il a achetée en juin dernier. « Son propriétaire est décédé en 2020. La maison était à vendre depuis deux ans… »
Depuis, Christian a démonté des cloisons, enlevé des lambris au plafond, cassé des dalles de béton… Jusqu’au jour où il s’est attaqué au parquet du rez-de-chaussée et a mis la main sur cette bouteille au contenu mystérieux.
Le papier est en réalité un morceau d’enveloppe sur lequel sont inscrits les noms des artisans qui ont posé le parquet. Il y a un timbre de 15 francs et le cachet de la poste indique la date du 9 juin 1955.
A l’encre bleue est indiqué : Œuvre réalisée par Le Fur Roger, Séglien, Bieuzent, menuisier Silfiac. Suivent les noms des propriétaires : M. et Mme Le Pape, Silfiac.
«J’étais vraiment bouleversé. Ça m’a touché »
La nuit qui a suivi cette découverte, j’ai été très bouleversée. Cela m’a touché. Cela fait 69 ans que cette bouteille a vu le jour. Je pensais que je devais partager cette histoire…
Le nom de Bieuzent pas inconnu
Arrivé à Silfiac en 1987, Christian David connaît tout le monde. Et le nom de Bieuzent ne lui est pas inconnu. Il contacte alors Daniel Bieuzent, l’ancien maire de la commune, âgé de 89 ans et ancien menuisier, pour lui montrer la bouteille et son message… « Je me suis dit que Daniel saurait certainement quelque chose, d’autant plus qu’il avait trouvé une bouteille similaire dans le église quand ils travaillaient… »
Un ancien sabotier
Daniel Bieuzent regarde le morceau d’enveloppe. “C’est définitivement mon père.” C’est lui qui a posé ce parquet… Oui, les propriétaires étaient M. et Mme Le Pape. C’était un ancien sabotier, qui travaillait ensuite à la Poste de Séglien.
Originaire de Sainte-Brigitte, Félicien Bieuzent arrive à Silfiac en 1934.
Nous étions une famille de menuisiers. Jusqu’à huit d’entre nous, issus d’une même famille, travaillions ensemble.
Félicien Bieuzent fut actif jusqu’au 31 décembre 1975. Il décède en décembre 1982.
“1955… j’avais 20 ans”
Visiblement ému, Daniel Bieuzent rend l’enveloppe à son découvreur : « 1955… J’avais 20 ans. Cela me fait penser à ma jeunesse, aux gens avec qui nous avons travaillé. En 1955, je travaillais effectivement dans cette maison avec mon père. Mais je ne me souviens pas de cette bouteille. La bouteille doit être une idée des ouvriers, mais je ne m’en souviens pas. »
“Je vais faire la même chose…”
Christian David conservera la petite bouteille qu’il a trouvée entre deux solives en châtaignier. « L’enveloppe ? Je vais l’encadrer ! Et je pense que je vais faire pareil aussi : je vais cacher une bouteille avec un message quelque part dans la maison… » Rendez-vous dans 69 ans pour découvrir son contenu…
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