Comment le changement climatique fragilise nos maisons

Comment le changement climatique fragilise nos maisons
Comment le changement climatique fragilise nos maisons

Les épisodes de sécheresse et d’inondations ne font plus exception. Entre 2010 et 2020, le coût des indemnisations auprès des assureurs a doublé. Depuis 2020, il a même triplé.

Ce sont des images terribles qui donnent des frissons dans le dos. Avec 600 litres de pluie tombés par m² en quelques heures, les inondations de Valence en Espagne, dans la nuit du 28 au 29 octobre, entreront dans l’histoire. Selon une enquête HEC Paris, Viavoice, avec le Nouvel Observateur, 83 % des Français craignent de graves inondations. Tous les assureurs savent que leur activité est fortement perturbée par le changement climatique. “L’impact est une intensification des événements météorologiquesspecifies Ronan Désérable, innovation manager at MAIF, nous allons avoir des alternances d’événements extrêmes : des pluies plus fortes et répétées et des alternances de sécheresses.“L’équation paraît curieuse, mais un degré de plus, lié au réchauffement climatique, représente 7% d’humidité en plus et donc des pluies plus abondantes.”Il y a deux enjeux : un enjeu d’atténuation, comment à l’échelle de l’humanité, on réduit nos émissions de carbone car elles ont un impact sur le changement climatique et puis à court terme, comment on s’adapte pour être moins vulnérable à ces événements.

Fissures dans les maisons liées au retrait-gonflement des argiles

Les inondations et le retrait-gonflement des argiles sont les principaux risques liés au changement climatique. 54% des logements en sont concernés par le risque de sécheresse dû aux sols argileux. Un phénomène qui concerne particulièrement la Vienne et les Deux-Sèvres. “Le sol se dilatera en période de pluie et rétrécira en période de sécheresse. Cela va provoquer des micro-mouvements dans les fondations de la maison et potentiellement générer des fissures d’escalier assez caractéristiques.» explique Ronan Désérable. Cela concerne 10 millions de logements en France. Évidemment, selon la nature exacte du sol et la construction de la maison, le bâtiment sera plus ou moins vulnérable. Un grand bâtiment en superficie ou une maison de ville sera moins sensible qu’un pavillon avec jardin.Les statistiques du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) montrent que les maisons construites après 1976 sont plus exposées« La loi Elan de 2018 impose aux constructeurs immobiliers de réaliser des analyses de sols avant toute construction. »A l’échelle de la profession, notamment France Assureur, il y a une expérimentation à grande échelle auprès de 300 entreprises pour tester quelques moyens de prévention et voir leurs effets.“, specifies Ronan Désérable.

Il existe cependant des moyens de limiter les facteurs aggravants. “Le défi sera de maintenir une humidité constante autour de cette maison. Il faut vérifier que l’évacuation des eaux de pluie se fait correctement pour éviter ces variations d’humidité du sol.», explique Ronan Désérable. La végétation plantée trop près de la maison assèchera les fondations. Des capteurs implantés dans le sol permettent d’évaluer le taux d’humidité. Il est possible de faire établir un diagnostic de vulnérabilité par un expert.

Un Français sur deux ne connaît pas les risques de son logement

Ce qui doit changer en France, c’est la culture du risque. Les tempêtes océaniques, les épisodes méditerranéens et la nature des sols exposent particulièrement la France. “Un Français sur deux ne connaît pas les risques autour de son logement» note Ronan Désérable. C’est trop peu pour agir en amont. “Dans le même -, ils sont près de 8 Français sur 10 prêts à faire davantage de prévention, à avoir des conseils adaptés.« . C’est pourquoi l’assureur niortais propose un nouvel outil accessible à tous : AuxAlentours par Maïf. Un site qui permet, en indiquant uniquement son adresse, d’accéder à tous les risques liés au logement.

Depuis 1982, la France a mis en place le régime des catastrophes naturelles destiné à couvrir les indemnisations liées aux dommages causés par les inondations, le retrait-gonflement des argiles (RGA), la submersion marine ou les cyclones. Ce dispositif est financé par la « surtaxe CatNat », une taxe sur les contrats d’assurance et pour l’autre moitié par la Caisse centrale de réassurance (CCR), qui bénéficie d’une garantie illimitée de l’État. Un régime envié par les autres pays de l’Union européenne, mais très demandé. “Quand on regarde les chiffres des catastrophes naturelles, entre 2010 et 2020, les coûts ont doublé. Depuis 2020, ils ont triplé.« Ce qui était exceptionnel devient de plus en plus récurrent. D’autant plus que les coûts des réparations ont considérablement augmenté ces derniers -. Les cotisations des assurés vont inévitablement augmenter. D’où l’intérêt pour les assureurs d’encourager les actions préventives.

L’aménagement du territoire a également un impact sur les effets du changement climatique. L’érosion des sols et le ruissellement sont accentués par l’agriculture intensive. La disparition des haies dans les campagnes et l’imperméabilisation des sols favorisent les inondations. Daniel a vécu les inondations du Clain à Poitiers dans une maison, il estime qu’il faut se poser les bonnes questions. “Je pense qu’il faut tout revoir en amont et ne pas chercher à mettre des batardeaux, car l’eau sera plus forte que nous.« Cela nous oblige à repenser le développement de nos villes et de nos paysages, en concertation avec toutes les parties prenantes.

 
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