(Québec) Le gouvernement Legault fait fausse route en annonçant la construction de logements pour les sans-abri sans planifier en même - des services récurrents pour soutenir les sans-abri qui y résideront, déplore Guillaume Cliche-Rivard.
Mis à jour hier à 18h31
« L’annonce du gouvernement n’est pas mauvaise. C’est un beau geste. Mais il faut absolument que le ministère des Services sociaux y soit rattaché», affirme le député de Québec Solidaire Guillaume Cliche-Rivard.
Le gouvernement Legault a annoncé, conjointement avec Ottawa, la construction « rapide » de 500 logements pour les sans-abri vendredi dernier, en marge des États généraux sur l’itinérance.
« Ce que nous demandons, c’est que ce soit la dernière fois qu’un gouvernement annonce des biens immobiliers comme celui-ci sans l’implication du ministère des Services sociaux. Sans le soutien des organismes communautaires et des services sociaux, cela ne fonctionnera pas. Les gens ne vont pas rester dans un logement», prédit M. Cliche-Rivard.
15 millions par an
Cette dernière résume la situation comme suit : il existe trois niveaux d’hébergement pour sans-abri : les maisons de chambres, les logements de transition et les logements supervisés. Les besoins d’intervention varient, mais il y a un suivi communautaire et en toxicomanie, des services de santé mentale et de l’aide pour gérer votre budget, prendre vos médicaments et naviguer dans le système. « Pour un niveau de service élevé, on parle de 70 000 $ par an et par personne, et pour un niveau de service faible, d’environ 10 000 $ par an », explique-t-il.
Sans ces services, les gens « retournent dans la rue », déplore M. Cliche-Rivard. “Et nous faisons le tour de la boucle, encore et encore.” Sans connaître les 22 projets qui seront construits, il estime, en moyenne, qu’un financement récurrent de 15 millions par an serait nécessaire pour maintenir hors de la rue les sans-abri qui y resteront.
Le cabinet du ministre des Services sociaux indique que « les services seront financés au fur et à mesure de la construction des logements ». «Jusqu’à aujourd’hui, nous avons financé des services pour toutes les unités destinées à la clientèle itinérante», a indiqué Marie Barrette, conseillère spéciale de M. Carmant, dans un courriel.
Le député de Saint-Henri–Sainte-Anne répond que plusieurs organismes, faute de financement, doivent subventionner eux-mêmes le soutien communautaire. Il est particulièrement inquiet dans un contexte « d’austérité budgétaire ».
Rigidité
M. Cliche-Rivard estime également que la Société de l’habitation du Québec est trop rigide lorsqu’il s’agit d’analyser les projets soumis par les groupes communautaires. Les maisons de chambres n’ont pas nécessairement de cuisine, par exemple.
Selon les données de 2022, il y aurait près de 10 000 personnes en situation d’itinérance au Québec. Même si les 500 logements ont été construits rapidement, comme le promet Québec, « ce n’est pas demain qu’on annulera le financement des refuges d’urgence », note M. Cliche-Rivard : « Les gens ne peuvent pas rester en transition toute leur vie. Cela nécessite des logements disponibles hors marché ou en HLM.